Chapitre XIV

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La nuit s'était bien déroulée, Héra était très sage. Je lui avais expliqué que pour notre sécurité à toutes les deux, elle allait devoir rester dans la grotte, mais que j'irais la voir souvent. Aujourd'hui, je n'avais pas cours, on était samedi. Avant, je serais allée au village, avec mes amies, pour passer du bon temps. Maintenant, avec le danger qui planait sur moi en permanence, je devais constamment rester à l'école, sur mes gardes. De toute façon, ce matin, j'avais mon dernier entraînement avec Romulus. J'avais pris soin de déposer ma dragonne dans sa cachette avant de me rendre au rendez-vous. Avec le directeur, nous supposions tous les deux que l'inconnu arriverait avant que nous puissions faire une quatrième session. Le simple fait de me dire que j'allais devoir me battre, jusqu'à ce qu'un de nous deux meure, me fit frissonner. Je marchais accompagnée de Blanche jusqu'au bureau du directeur. Comme avant chaque séance, j'appréhendais un peu. Mon amie remarqua mon attitude :

« Tout va bien se passer, Fleur. Si Romulus considère que tu es prête, c'est que tu l'es.

- Tout le monde me dit ça, mais personne ne peut en être sûr. Si ça se trouve, je suis en train de vivre mes derniers instants...

- Arrête de dire ça, enfin ! Tu le battras ! »

Je toquai à la porte du grand bureau, peu convaincue par les paroles. Romulus m'accueilli et m'invita à monter sur la terrasse.

Plus tard, pendant notre entraînement, mon enseignant m'ordonna :

« Je veux que tu fasses comme si j'étais l'inconnu.

- Pardon ? Mais je vais vous blesser !

- Ne t'inquiète pas, tu ne pourras pas me tuer.

- Vous en êtes sûr ?

- Certain. C'est ton dernier exercice. »

Si Romulus me demandait de faire cela, alors j'allais m'exécuter. Après tout, il n'avait pas tort, c'était mon dernier entraînement. De plus, le directeur serait forcément plus facile à battre que mon malfaiteur. L'exercice serait plus simple que le vrai combat. Aussitôt, je me téléportai derrière Romulus, afin de le pousser violemment pour qu'il tombe. Seulement, je n'avais pas pensé au fait qu'il se défendrait. Mon adversaire saisit mon avant-bras, dans un éclair de rapidité, et me fit tomber au sol. Je me relevai, lança un jet de flammes, et nous continuions le combat. J'avais fini par gagner.

« Alors, tu vois ? Je pense que tu es tout à fait capable de vaincre cet homme. Je me suis défendu, et je n'ai pas fait semblant. Tu as néanmoins gagné. La seule chose que je peux te dire maintenant, c'est bon courage.

- Merci, monsieur. Merci pour tout. Je n'aurais jamais pu en arriver là sans votre aide.

- Je te l'ai déjà dit, cela me tenait à cœur. Félicitations, Fleur. Je connais peu de gens qui auraient su affronter cette épreuve. Tu n'as pas baissé les bras. Je suis fier de toi. »

Entendre ces mots venant du grand directeur de Forêt Bleue, qui s'adressaient à moi, me touchais beaucoup. Cela dit, le combat n'était pas encore gagné. Il ne fallait pas crier victoire trop vite. Je remerciai chaleureusement mon enseignant, m'en alla déjeuner et me rendis dans ma chambre. En arrivant, je m'occupai de Cascade, lu un livre et révisai un peu. Puis, en fin d'après-midi, je me souvins qu'hier soir, nous n'avions pas pu tester les pouvoirs d'Héra. Avant d'aller chercher Achille, je me dis qu'une sieste ne me ferait pas de mal.

Deux heures et demie plus tard, après une grosse sieste, je me rendis cette fois devant la chambre de mon ami pour lui demander de m'accompagner. Je toquai, une fois, deux fois. Personne ne m'ouvrait. La dernière fois qu'il m'avait fait ça, il était en fait sous la douche. Je n'étais donc pas affolée. J'attendis quelques minutes, patiemment. Je retoquai à la porte, mais toujours personne. Je donnai alors de plus grands coups, et me mis à l'appeler. Là, ça devenait inquiétant. Je criai plus fort son nom, et lui dit :

« Achille, si tu ne m'ouvres pas dans trois secondes, j'enfonce la porte ! »

Et j'allais le faire, avec ma force. Achille ne m'ouvrit pas. Je forçai l'entrée, et découvris sa chambre, vide. Et si je m'inquiétais pour rien ? Après tout, il était peut-être juste sorti ? Impossible. Il m'aurait prévenue. J'allais devoir le chercher. Angoissée à l'idée qu'il soit en danger, je parcourus les couloirs de Forêt Bleue, seule, alors que cela m'était formellement interdit. Et s'il avait disparu depuis ce matin ? Il pouvait lui arriver tellement de choses, que j'aurais pu éviter si je n'avais pas fait cette fichue sieste ! Je marchais vite, en proie à la panique, qui m'envahissait un peu plus à chaque mètre parcouru sans trouver mon ami. Après plusieurs minutes de recherches vaines, j'atterrissais finalement dans la cour du château. Essoufflée, je perdis l'équilibre devant le spectacle qui se trouvait devant moi. Achille se trouvait là, inconscient, attaché à un arbre. Et à côté, se trouvait l'inconnu.

La descendante de MerlinWhere stories live. Discover now