chapitre 5

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« Ce n'est pas une légende. »

La dernière disparition en date était celle de l'amie de Louis, une certaine Guillemette. Son père avait été tué quelques jours après son enlèvement ne laissant derrière lui qu'un tas de peau retrouvé au pied d'un arbre devant la maison familial. La mère de la jeune fille était décédée des années auparavant dans un accident, la famille entière avait été détruite par cette perte et maintenant... il ne restait plus rien d'eux.

Louis indiqua que la mort de Jean avait eu lieu deux semaines avant, que c'était encore très frais dans la mémoire des villageois et qu'il fallait faire d'autant plus attention à ce qu'on disait. La sorcière était encore là, rodant des les parages, il en était convaincu. Mais pour autant, Lyra comprit bien vite qu'il était aussi curieux qu'elles et voulait lui aussi comprendre ce qu'il se passait réellement, comprendre ce qui avait été fait à cet homme qu'il estimait, comprendre ce qu'il était advenu de son amie.

Alors, il leur donna rendez-vous au petit matin quand le village s'éveillait à peine pour rejoindre la montagne. Du moins jusqu'aux grottes dont il avait parlé.

La nuit tomba vite et après un bon dîner à l'auberge, les deux jeunes femmes décidèrent d'aller se coucher pour reprendre des forces. Imane s'endormit rapidement, épuisée par le voyage alors que Lyra commençait doucement son insomnie habituelle, une touche de peur en plus lui nouant l'estomac. Elle avait peur de ce qu'allait être le lendemain, peur du vent qui soufflait dans les arbres à en faire siffler ses oreilles, peur des branchages qui bougeaient dans tous les sens derrière sa fenêtre tapant contre les carreaux et formant des ombres terrifiantes avec la lumière de la lune.

Dans la légende de la sorcière, son arrivée était toujours annoncée par ce genre de météo, un vent violant qui faisait frissonner Lyra au fond de son lit. Elle s'imaginait le corps d'une vieille femme rabougrie descendant la montagne avec sa canne dans la main pour venir tuer un villageois et voler une fille. Elle l'imaginait emmener le corps laissant un amas de peau derrière elle.


Louis arriva dans la salle à manger de l'auberge, prêt à partir. Imane et Lyra le regardèrent embrasser sa mère sur la joue, échanger quelques mots avec elle avant de venir s'assoir à leur table. Il y déposa une carte puis les observa pendant qu'elles terminaient leur petit-déjeuner.

« On part dans cinq minutes, dit-il. Voici le chemin. »

Son doigt pointa un trait rouge fait au feutre qu'il avait sûrement dessiné le jour même pour se repérer... ou les aider elles.

« On va passer du côté le plus plat et le plus simple. Mais cette forêt et cette montagne ne sont pas simple, donc... préparez-vous mentalement ça risque d'être dur.

— Pourquoi tu nous dis que c'est le plus simple alors ? demanda Imane.

— Pour éviter que l'une d'entre vous décide seule d'aller sur un autre chemin parce que celui choisi ne lui convient pas. Si vous quittez le sentier, partez du principe que vous êtes perdues, et si personne ne vous a trouvé avant trois jours, vous êtes mortes.

— Rassurant...

— Vous devez absolument me suivre et m'écouter si vous voulez monter cette montagne. Vous le voulez toujours ?

— Évidemment.

— Vous vous êtes préparé physiquement à cet exercice ? »

Le petit regard qu'il leur lança ne plu pas du tout aux filles. Lyra serra les dents, habituée à ce genre de commentaire.

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