chapitre 7

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« Et c'est la nuit que tout arriva. »

Le vent soufflait de plus en plus fort, les nuages étaient de plus en plus sombres, gros et bas dans le ciel. Je sentais l'électricité dans l'air, sentais déjà l'humidité de la pluie qui arrivait sur ma peau et dans mes poumons rendant chaque mouvement plus compliqué qu'il ne devrait l'être. L'orage allait être terriblement gros et je devais protéger la forêt avant qu'il n'éclate.

Pourtant mon esprit était tourné vers les deux louves disparues, mes deux amies qui étaient parties tôt ce matin et n'étaient toujours pas revenues. Ce n'était pas habituel et la présence d'êtres humains dans la forêt rendait tout ça encore plus étrange. Les derniers Hommes qui avaient été vu dans la forêt étaient une mère et son fils, des années plus tôt qui se baladaient en observant toutes la faune et la flore autour d'eux, curieux de tout. Ils étaient aller jusqu'aux grottes pour repartir des heures plus tard sous ma vigilance.

Quelques cueilleurs de champignons se baladaient à la lisière des bois lors de l'automne, les chasseurs n'osaient plus s'aventurer dans la montagne et les randonneurs non plus. J'avais pu apercevoir un garçon plusieurs fois, assit sur une buche, une souche ou un rocher alors qu'il regardait avec attention la forêt comme s'il pouvait voir tout ses secrets. Mais jamais il n'était entré.

Les bruits caractéristiques des pattes sur la mousse attira mon attention et les battements de mon cœur ainsi que le rouage de mon esprit se calmèrent en voyant arriver les deux louves. Digitaline et Mauve arrivèrent en courant, s'arrêtant près de moi. D'un geste affectif et par habitude, je grattais le dessus de leurs têtes du plat de mes doigts.

« Où étiez-vous ?

— Les trois humains, ils sont cachés dans les grottes, commença Digitaline.

— Mais les aconits ont pris beaucoup trop d'importance, nos sens sont brouillés. Impossible de savoir laquelle.

— Vous savez pourquoi ils sont là ?

— Aucune idée, ils n'étaient pas bavards.

— Que sont-ils ?

— Deux filles, un garçon.

— Deux filles... on ne peut pas les laisser dans les grottes cette nuit. L'orage va être violent, ça pourrait s'écrouler, l'eau qui s'y trouve pourrait sortir de son lit... il pourrait s'en prendre à elles. Nous devons aller les chercher. »

J'enfonçais dans la terre une énième fiole de protection avant de m'élancer avec les louves vers le chalet où attendaient déjà les deux chattes et la chouette. Les félins se frottèrent aux pattes des canidés, contentes de les revoir alors que je fouillais dans mon fatras de quoi retrouver les humaines perdues.

« Que fait-elle ? demanda Valériane, la chatte la plus claire.

— Elle veut retrouver les humains, expliqua Digitaline.

— Les humaines, reprit Mauve en se couchant sur le tapis. Deux humaines, un humain. L'humain ne nous intéresse pas.

— Ils sont où ? questionna Armoise, la chatte noire.

— Prêt des grottes.

— Elles sont infestées d'aconits, vous n'y êtes pas aller ? s'exclama la chouette.

— On ne s'est pas approché, l'odeur des plantes brulait nos truffes.

— L'aconit est dangereux pour les humains aussi... »

Mauve avait raison, la plante était toxique pour tous et aller vers les grottes était interdit depuis qu'une femme avait semé de l'aconit pour une consommation illicite. La femme était morte, la plante était toujours là et devenait de plus en plus nombreuses au fil du temps. J'avais tenté de m'en débarrasser, mais j'étais tombée très malade à force d'arracher la plante de mes mains nues. Impossible pour moi de ne pas mourir avant d'avoir terminé... nous nous étions faites à l'idée de ne plus aller aux grottes.

damnationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant