Prologue : Bibliothèque nocturne.

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C'était probablement une erreur de s'inscrire à l'Académie.

Cette pensée fait des va-et-vient dans ma tête depuis plusieurs semaines déjà ; en entrant à l'Académie, je pensais qu'il ne me manquerait plus qu'à suivre les cours du Haravatat, y étudier les langues et autres sémiotiques, être diplômée pour devenir chercheuse, ou peut-être rester à l'Académie pour y enseigner si l'occasion se présentait, mais  j'étais loin d'imaginer combien simplement suivre les cours serait compliqué.

Enfin, cela fait quelques années que je suis entrée à l'Académie, et le rythme était réellement infernal au début ; et même si je me suis habituée à ces dead-lines impossible et sujets incompréhensibles, ça ne s'est pas vraiment arrangé. Je pensais avoir une vie bien remplie, mais j'ai constamment l'impression qu'il me manque quelque chose... Comme si on m'avait pris une part de moi-même.

Je laisse échapper un soupir et ferme d'un coup sec l'immense livre qui trônait sur la table. Les dernières lueurs de l'après-midi donnent une couleur dorée aux murs immaculés du Foyer de Daena : le responsable ne va pas tarder à fermer la bibliothèque, et je vais devoir me cacher pour pouvoir rester à étudier toute la nuit, à la lumière de ma lanterne.

La porte de son bureau claque, et je me suis glissée in extremis dans l'ascenseur pour descendre dans les confins du Foyer de Daena. C'est loin d'être ma première nuit ici, aussi je connais déjà la cachette parfaite : juste au dessous de la porte d'entrée, de manière à entendre le responsable sortir, mais trop loin à l'intérieur pour qu'il s'embête à chercher.

D'habitude, je retrouve d'autres étudiants, qui, comme moi, se retrouvent à étudier jusqu'à l'aube. 

Mais ce soir, le Foyer était vide, à raison ; les partiels étaient passées récemment, et surtout, ce soir commençait le Festival Sabzereuz : la fête célébrant la mort de l'ancien Archon Dendro.

Les fêtes se faisaient rares depuis qu'Azar était devenu grand sage, alors il n'y avait pas de devoirs pour l'occasion. Sauf pour moi, qui suis en retard sur tous mes cours. 

Voila pourquoi il faudrait sûrement que je quitte l'Académie.

Mais cette nuit,  je vais enfin pouvoir me rattraper, et si j'y arrive, peut-être qu'il ne serait plus question de partir et que je pourrai rester. C'est ce que je me dis chaque soir.

En attendant que le responsable sorte enfin, je m'installe confortablement. 

Mais mon corps a des limites, et l'immobilité me fait somnoler. Bientôt, la porte claque, mais je ne peux plus lutter contre le sommeil, et je me laisse bercer par la quiétude de la bibliothèque vide.

SLAM

La porte a claqué. Je me réveille en sursaut, paniquée : déjà l'aube ? Aurais-je encore raté ma chance ?

L'étage était pourtant encore plongé dans le noir quasi complet, alors j'avance à tâtons vers l'ascenseur d'où provient la lointaine lueur des fenêtres.

Depuis la coupole qui illumine habituellement la pièce, je vois la lune pâle s'élevant doucement dans le ciel. Loués soient les Archons, je n'ai pas dû dormir longtemps.

Soulagée, je me rapproches d'une des étagères : derrière quelques livres, j'ai dissimulé une lampe qui allait m'accompagner pour déchiffrer les textes de ce soir. 

Pourtant, en m'en saisissant,  j'hésite à l'allumer : si la porte a claqué, c'est que quelqu'un est entré : or, seuls les responsables de l'Académie ont la clé de cet endroit... Il vaut mieux vérifier qu'il n'y aie personne plutôt que de tomber sur un des sages...

Le cœur battant, à la faible lueur de la lune, je jette un œil vers le bureau du responsable 

Pas de lumière, pas de bruit.

J'avance jusqu'à la porte d'entrée, pensant que j'ai peut-être rêvé, mais la porte est ouverte : et je me souviens du cliquetis familier du cadenas quand l'autre sortait. 

Il y a bien quelqu'un d'autre dans la bibliothèque.

Lentement, je m'avance dans la vaste pièce déserte. Je longe le mur pour être sûre de ne pas-

BAM

J'ai percuté quelque chose- ou plutôt quelqu'un- de plein fouet. Je manque de tomber, et je m'agrippe aux livres qui ne font que se dérober sous mon bras. Soudain, quelque chose m'agrippe le bras et retient ma chute :

"Relève-toi. Tu fais trop de bruit."

Je me redresse et dégage froidement mon bras de son emprise. La nuit ne me permet pas de l'identifier immédiatement, mais j'ai vu rapidement que la personne en face de moi était un homme, plutôt grand, portant l'uniforme des étudiants de l'Académie. Quand mes yeux se sont posés sur le bijou brillant qui pendait à sa taille, je savais à qui j'avais affaire.

Alhaitham. Le jeune génie de l'Académie, et accessoirement, mon voisin dans la plupart de mes cours. 

Quand il venait, bien sûr.

𝐸𝓃𝓉𝓇𝑒 𝓇ê𝓋𝑒 𝑒𝓉 𝓇é𝒶𝓁𝒾𝓉é [[Fanfic Alhaitham x Reader]]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant