Heureusement, il y a avait peu de gens en ville, et nous avons pu nous rendre dans la bibliothèque sans trop attirer les regards ; entre Alhaitham qui ne se balade pas seul et moi, cheveux trempés, branche pour béquille et sa veste par dessus, j'ai bien cru que la bibliothécaire allait nous jeter dehors.
Enfin, l'horaire de fermeture n'étant pas loin, je suis directement descendue, et ai fait semblant de chercher des livres près de ma cachette, comme ma béquille faisait un bruit monstre à chaque pas. Alhaitham, lui, est resté en haut pour chercher les livres, et vérifier si quelqu'un allait l'empêcher d'agir.
Pourtant, en baladant mon regard sur les titres alignés soigneusement, je me rends compte que quelque chose ne va pas. En y regardant de plus près, il y a un livre sans titre, ni auteur.
A vrai dire, ce serait incorrect de dire qu'il n'avait pas de titre. Il y a bien quelque chose d'écrit sur la tranche, mais les lettres ne semblent pas fixes, elles dansent, sont floues, et ne veulent pas êtres lues. Au prix de mains efforts, j'ai réussi à déchiffrer "Etude des peuplades de Sumeru : connections.".
Par curiosité, je l'ouvre, mais il est complètement vide : des pages blanches défilent sous mes yeux. Pas de résumé, et le nom d'auteur est aussi compliqué à déchiffrer que le titre.
Plus je le tiens dans mes mains, plus le livre m'est étrange à toucher. J'en perds la texture ; et j'ai presque l'impression que mes mains ne tiennent pas les pages. Un peu comme si c'était une projection de livre, plutôt qu'un objet réel.
C'est bien là le premier défaut matériel de cette illusion ; se pourrait-il que ce soit volontaire ? Si son contenu pourrait nous aider, il serait logique qu'il soit censuré... Voilà qui va nous compliquer la tâche...
Hm. Je vais le prendre, on sait jamais.
Au même instant, une main froide se pose sur mon épaule. Surprise, je fais volte-face ; est-ce que je me suis fait repérer ? Le gardien va me jeter dehors ?
J'ai à peine le temps de voir le visage de l'homme en face de moi, que je perds l'équilibre en me retournant, ayant posé ma béquille contre l'étagère.
La personne me fait virevolter pour que j'atterrisse dans ses bras : c'est Alhaitham. Je lève les yeux, et il m'intime le silence en passant son doigt sur sa bouche, avant de me remettre sur mes pattes. Le gardien doit avoir commencé sa ronde.
Au lieu de me passer ma béquille, il m'offre son bras ; probablement pus discret. Il fait un appui étonnamment solide, enfin, pas tant quand on voit ses bras. On dirait qu'il fait autre chose que lire de son temps libre...
Je m'assois contre le mur. Les lumières baissent en intensité, et j'entends le doyen chasser les derniers étudiants à l'étage. Alhaitham s'accroupit près de moi.
Nous sommes assis dans un étroit cul-de-sac, entre deux immenses bibliothèques, alors je sens son corps légèrement appuyé sur le mien.
J'entends le gardien descendre à notre niveau. Il est armé de sa fidèle lampe dont il balade le large rayon de lumière blanche éblouissante au rythme du grincement de sa même poignée.
La lumière dansante nous éclaire par à-coups, toujours en nous laissant un peu de lumière, qui découpe la silhouette d'Alhaitham sur les bibliothèques.
Il est aussi immobile qu'une statue, et son regard poursuit la lumière. Malgré cette agitation, il reste très calme, et a même l'air apaisé.
Moi, je sursaute en entendant la grosse voix du doyen, qui brise le silence en appelant des intrus invisibles à sortir.
La lumière s'intensifie et se reflet sur les ornements dorés des livres alignés. Il se trouve seulement de l'autre côté de la bibliothèque. Maintenant, il va jeter un œil rapide dans notre espace, et nous retenons notre souffle, immobiles, et il ne verra rien et repartira.
Des bruits de pas s'approchent. Il est là. Je le vois passer sa tête rapidement dans le coin, comme à l'habitude.
Mais quelque chose ne va pas. Il nous observe longuement en plissant les yeux. Il dirige sa lanterne sur nous, qui m'éblouit.Bon sang, pris en flagrant délit, qu'est-ce qu'on va faire ?
Alors que je m'attendais à une réprimande de sa part, j'entends le bruit métallique d'un objet lourd qui tombe, et la lumière valse par terre.
Alhaitham, en un instant, s'est précipité sur le doyen avant même qu'il ne puisse réagir, et l' avait assommé d'un coup simple et gracieux ; le doyen gisait sur le sol de pierre.
Alhaitham regarda dan ma direction, faiblement éclairé par la lumière. Il secoue les clés du doyen, qui tintent et brillent sous les secousses.
"C'est l'heure. Allons-y."
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𝐸𝓃𝓉𝓇𝑒 𝓇ê𝓋𝑒 𝑒𝓉 𝓇é𝒶𝓁𝒾𝓉é [[Fanfic Alhaitham x Reader]]
Hayran KurguAlhaitham et toi êtes étudiants à l'Académie. Toi, étudiante en galère, ne pourrait jamais espérer l'intéresser. Pourtant, vos routes se croisent de plus en plus souvent... Et quelque chose ne va pas. Y'a-t-il des choses que tu as oublié ? Ou plutô...