Marianne posa sur mon genou ensanglanté un morceau de sopalin trempé d'eau tiède. Cela brûlait fort mais je contenait mes cris de douleur dans un gémissement pas tout à fait gracieux. Un sourire s'étirait sur les lèvres de mon amie, entamant mon moral.
- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? lui demandais-je agacée.
Elle leva les yeux vers moi, le regard pétillant et un rictus moqueur sur les lèvres. De sa main droite, elle replaça une de ses mèches rousses qui tombait devant ses yeux. Elle appuya un peu plus fort sur ma plaie puis jeta le papier à la poubelle pour en prendre un autre, propre.
- Tu aurais pu laisser Mathis t'aider. Maintenant tu vas hériter d'un surnom dans le genre "Tombeuse de Garçon". C'est pas joli, je sais, mais tu l'as cherché.
Je grimaçai. Si ce que Marianna disait était vrai, alors j'allais être harcelée encore plus que je ne l'étais déjà. Mon amie appliqua le nouveau morceau de papier mouillé sur mon genou blessé. La voir s'occuper de moi comme ça me fit du bien, sans que je comprenne vraiment pourquoi. Même si elle me faisait mal et qu'elle ne faisait rien pour empêcher ma douleur, je lui étais reconnaissante. Aucune de mes anciennes amies n'auraient fait ça. Elles m'auraient toutes regardées me crisper de douleur et n'auraient pas bouger d'un pouce pour m'aider. J'aimais Marianna pour ça. Cette fille prenait soin des autres, des plus faibles. Je n'étais pas comme ça, certes, mais j'avais besoin d'elle. Cela me coûtait de le penser, alors lui dire en face... Et si il y a une chose que reproche à ma ma mère, c'est de ne pas avoir était là pour moi.
- Tu sais Mahaut, il faudrait que tu acceptes l'aide des autres. Lorsque tu étais populaire, tu ne devais pas beaucoup faire attention aux élèves qui t'entouraient, je me trompe ?
Je grimaça une fois de plus. Elle n'avait pas tort. Je regardais les autres souffrir et je rigolais dans leur dos avec Clément et mes amies. Je n'avais pas de quoi être fière...
- Non...
- Maintenant que ta situation a changé, tu pourrais faire comme moi.
- C'est à dire ?
- Prendre soin des démunis et défendre ceux qui se font attaquer par les plus forts. Imagine que je n'avais pas était là, tu aurais accepté l'aide de Mathis ?
Je levai les yeux vers son visage parsemé de tâches de rousseurs. On y lisait l'incompréhension. Marianna ne comprenait pas comment je fonctionnais.
- Oui, peut-être. Mais si tu n'avais pas été là, je n'aurais pas était là non plus.
- Tu ne serais pas venue en cours ? Tu rigoles ? Tes parents s'occupent de toi au moins ?
De la colère brilla un instant dans mes yeux. Marianna n'avait pas le droit de s'incruster dans ma vie familiale et privé. Elle dit s'en rendre compte car elle baisse les yeux, ramenant son attention sur la blessure.
- Ne t'énerve pas Mahaut, c'est une possibilité.
- Mais de quel droit peux-tu me dire ça et comment un couple de parents pourrait l'envisager ? Cela ne se fait juste pas !
Marianna se figés sans que je comprenne pourquoi. Elle jeta le morceau de papier à la poubelle et en prit un autre. Son regard était perdu, fixé sur un point invisible.
- Marianna ?
Elle secoua la tête et entreprit de retirer les derniers filaments de sang de ma plaie. Son visage était fermé.
- Marianna, qu'est-ce qui se passe ? Tu peux me le dire quand même, on est amie !
Elle leva les yeux vers moi et les fixa d'un regard colérique.
- On est amie ou je suis juste ton jouet Mahaut Travers ?! Dans quel monde vis-tu à la fin ?
Une larme coula sur sa joue.
- Enfin Marianna, explique moi. Qu'est-ce que tu as ?
- Ce que j'ai ? Mes parents ont arrêtés de s'occuper de moi il y a deux ans, tout ça parce que je leur ai dit que j'aimais une fille. Maintenant, je vis dans un foyer à vingt kilomètres d'ici et je pense chaque jour aux enfants qui ont la chance d'avoir quekqu'un qui les aime pour ce qu'ils sont. Voilà ce que j'ai Mahaut. T'es contente ?
Je restais bouche bée. Maélly m'avait déjà dit que Marianna aimait les filles, aussi, je ne dis pas surprise par ça. Mais le fait 'apprendre que des parents pouvaient réellement abandonner leurs enfants, ça, ça m'a fait mal. Pour la première fois de ma vie, je me mis à penser à tous les gens dans la rue qui meurent de faim, à tous ses enfants qui n'ont pas accès à l'école. Avant que Marianna ne comprenne ce qui lui arrivait, je l'avais déjà enlacés de toutes mes forces. Je pleurais, mais pas sur mon sort cette fois. Je venais de comprendre ce que ça faisait de ne pas être populaire. Et ça fait mal, ça détruit. Marianna me rendit mon étreinte, pleurant elle aussi. Nos cheveux se trempaient mutuellement. Lorsque Marianna s'éloigne enfin de mes bras, elle me sourit. Elle ouvrit la bouche pour parler mais je la devançais.
- Merci Marianna, merci pour tout...
Son sourire s'agrandit puis elle le donna une tape dans le dos.
- Bon, emploi du temps sur pattes, on a quel cour après ?
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Coeur Macaron
FanficJe m'appelle : Mahaut Travers J'ai : 15 ans Je suis : populaire, amoureuse J'aime : Clément Mon style : parfait Je rêve : que rien ne change Mon problème : ma vie est en train de s'effondrer Couverture de @LilyetJane