Encore une chose de laquelle je me suis aperçue après ma rupture avec Maria c'est que je suis passée par énormément d'émotions. Rien de surprenant à ça. Par contre, dans toute cette flopée d'émotion, je n'ai pas ressenti de colère flamboyante. Alors que j'avais toutes les raisons pour.
Je me complais toujours à dire que je suis hypersensible et, même si je n'ai jamais été diagnostiquée, je suis sûre que c'est le cas. J'ai toujours ressenti très fort. Mais malgré l' intensité de mes ressentis, je n'ai jamais ressenti beaucoup. Contradictoire, n'est-ce pas ?
Je m'explique.
Quand je ressens, je ressens à flots. Quand je suis contente, c'est à en rire aux éclats. Quand je suis triste, c'est à en pleurer toutes les larmes de mon corps. Mais mon répertoire d'émotions est petit. Je peux passer des rires aux larmes et des larmes aux rires mais ça s'arrête là.
Il y a plein de sentiments qui sont liés à la tristesse comme la mélancolie ou la nostalgie qui ne sont que des nuances (pour moi en tout cas) du chagrin. De même pour la joie, je peux simplement ressentir une douce plénitude comme la plus folle des euphories. Et quel que soit le sentiment, je le sens pleinement quand il est là. Mais je reste la plupart du temps dans la tristesse ou la joie.
Je viens juste de vérifier. Il existe 6 (ou 7, selon les sources) émotions primaires : la joie, la surprise, la peur, la colère, le dégoût et la tristesse (une septième émotion, le mépris, est parfois ajoutée).
Quand je regarde cette liste d'émotions, je comprends tout à fait la joie, la surprise, la peur, le dégoût, la tristesse et le mépris. Je les ai déjà toutes ressenties à différents niveaux. Certaines me parlent plus que d'autres. Mais une des émotions sort du lot. La colère. Bien sûr, j'ai déjà été en colère. Ça m'arrive assez fréquemment, honnêtement.
Mais dans toutes les autres émotions, j'ai déjà ressenti leurs formes (selon moi) les plus pures. L'euphorie complète pour la joie. L'anéantissement le plus sombre pour la tristesse. L'écoeurement le plus pur pour le dégoût. Et ainsi de suite.
Pourtant, pour la colère, je n'ai jamais ressenti la rage à l'état pur. Je n'ai jamais vu rouge. Je me suis déjà sentie irritée, révoltée, énervée et même furieuse. Mais je n'ai jamais été hors de moi. La sensation (j'imagine) la plus proche de cette colère que j'aie pu ressentir était sûrement la haine que j'ai éprouvée pendant un moment envers les parents d'Alice. Mais en réalité, quand je me repenche dessus maintenant, je pense surtout que c'était plutôt une forme de désemparement. Je me sentais impuissante face à la détresse d'une de mes meilleures amies.
J'ai l'impression que c'est un peu pathétique de raconter ça.
J'ai l'impression que ce n'est pas intéressant, et que je devrais même peut-être me sentir fièr de ne pas « vraiment » sortir de mes gonds. Mais parfois, j'aimerais tellement pouvoir hurler sur quelqu'un et pourquoi pas même l'insulter ? J'avais toutes les raisons de le faire avec Maria. Et même il y a un an quand je me suis disputée avec Sarah. J'aurais pu m'enflammer et leur faire du mal, à toutes les deux. Mais j'en suis incapable. Chaque fois que mon niveau de colère se rapproche de la fureur, je perds mes moyens et je bascule sur la tristesse. Je me sens vide ou désespérée et j'essaye de rester conciliante avec la personne en face de moi.
Et j'en ai tellement marre. J'ai tellement envie de pouvoir, ne serait-ce qu'une fois, m'énerver sérieusement sur quelqu'un qui le mériterait.
Alors oui, je ressens tout, parfois trop et c'est fatiguant la plupart du temps. Et pourtant, j'aimerais ressentir plus.
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pensées perdues
Non-FictionAvant tout, je demanderai aux lecteurs potentiels de ne pas critiquer (enfin, si vous voulez critiquer, faites comme bon vous semble, mais ne publiez pas vos critiques). Je demande ça car ce recueil est un extrait de moi, toi qui va lire ceci, tu t'...