CHAPITRE VINGT SEPT

5.5K 224 98
                                    

" Le véritable amour est une étoile dont le rayon relève a l'âme humaine toutes les choses belles de l'existence. "

- Elisabeth Barret-Browning

♫ - To Build A Home - The Cinematic Orchestra, Patrick Watson - ♫

AARON

Je me réveille en sursaut, le souffle court, les yeux encore embrumés. Pendant quelques secondes, je ne sais plus où je suis. Je cligne des paupières, émergeant lentement du brouillard de mon sommeil. La chambre autour de moi est familière mais pourtant différente de celle que je vois chaque matin. Les murs sont d'un blanc si beau comparer au mur de ma chambre, il y a également de petites décorations lumineuses qui clignotent doucement dans la pénombre. Ce n'est pas ma chambre. Puis, la mémoire me revient. Je suis chez Dylane, ma petite amie, endormie dans son lit après avoir tenté de regarder un film ensemble. La chaleur réconfortante de sa présence encore palpable dans les draps autour de moi m'apaise un instant.

Le silence de la maison m'entoure, et je réalise soudain que la nuit est bien présente et bien noir, il doit être facilement vingt heures.  Depuis combien de temps ai-je dormi ? La lumière de la pleine lune filtre à travers les rideaux, baignant la chambre d'une douce lueur chaleureuse. Pourtant, au fond de moi, un poids reste. Ce réveil soudain a été brutal, et je me sens toujours aussi fatigué qu'avant de m'endormir.

Ces dernières semaines, la fatigue est devenue une compagne permanente. Le travail, les cours, les responsabilités... Tout semble s'accumuler dans un cycle sans fin. Je me sens pris au piège d'une routine qui ne me laisse aucun répit. Chaque matin est un combat contre la fatigue qui s'installe de plus en plus profondément. Mes cernes sont si marquées qu'on pourrait presque les confondre avec des bleus. Ce soir encore, mon sommeil a été morcelé, et mon esprit se réveille comme brisé en mille morceaux.

Je me redresse doucement dans le lit, laissant mon regard errer autour de la pièce. Je prends le temps d'observer les détails qui forment le monde de Dylane, ce monde auquel elle m'a doucement intégré. Des livres empilés sur une étagère, des objets qui racontent des fragments de sa vie, et, sur une petite étagère en bois, quelque chose attire particulièrement mon attention. Là, entre une petite boîte à musique et une photo de Dylane avec ses parents, repose une tulipe en papier rose. C'est moi qui lui ai fabriqué cette fleur, un simple geste, mais empli de tendresse et de promesses. Voir cette tulipe ici, soigneusement placée parmi ses souvenirs, me touche plus que je ne pourrais le dire. C'est comme une déclaration silencieuse de tout ce que nous partageons.

Je réalise alors que je suis seul dans la pièce. Je scrute le bureau, où son ordinateur est posé, encore en veille. Peut-être sont-ils tous en bas. Je me lève lentement, mes muscles engourdis par le sommeil, et je me dirige vers la porte en retenant mon souffle, pour ne pas briser le calme qui règne.

En descendant les escaliers, une douce odeur de lavande flotte dans l'air, mêlée à une vague odeur de cannelle. Je ressens un sentiment de chaleur, une impression d'appartenance que je n'ai pas souvent connue. J'arrive à la cuisine, espérant trouver Dylane ou ses parents, mais la pièce est vide. Je continue mon exploration, suivant les rires et les voix, et je m'arrête un instant à l'entrée du salon.

À travers l'ouverture, je les aperçois tous, assis autour d'un jeu de société. Dylane est là, concentrée sur ses cartes, tandis que Pierre, son petit frère, réfléchit en scrutant le plateau. Betty et Christophe, les parents de Dylane, échangent des sourires amusés, visiblement ravis de passer ce moment ensemble. Hazel, ma petite sœur, s'amuse aussi, et son rire cristallin résonne dans la pièce. Personne ne semble m'avoir encore remarqué.

𝐁𝐄𝐀𝐓𝐄𝐍 𝐓𝐄𝐄𝐍𝐀𝐆𝐄𝐑 | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant