CHAPITRE VINGT NEUF

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" Je ne sais pas où va mon chemin, mais je marche mieux quand ma main sert la tienne. "

—  Alfred de Musset

♫ - Need 2 - Pinegrove - ♫

DYLANE

Aujourd'hui, nous sommes le treize janvier.

C'est une journée marquante, un mélange d'émotions opposées. C'est l'anniversaire d'Hazel, mais aussi le jour où Aaron a perdu sa mère. Cette dualité, ce contraste entre la vie et la mort, imprègne l'air de cette journée.

Aaron m'a demandé de l'accompagner au cimetière pour que sa mère « puisse me rencontrer ». Cette phrase résonne encore dans ma tête depuis qu'il me l'a dite. Je vais rencontrer la mère de mon copain. Une femme que je ne connaîtrai jamais réellement mais qui, d'une certaine manière, a façonné l'homme que j'aime aujourd'hui. Et je suis stressée.

Comment ça va se passer ? Allons-nous simplement déposer des fleurs et repartir ? Ou bien allons-nous rester là, dans un silence respectueux, chacun perdu dans ses pensées ? Est-ce qu'il voudra que je lui parle, à elle ? Alice... Ce simple prénom me met une boule au ventre.

Je tente de me calmer, mais mon esprit est accablé par d'autres pensées. Nous sommes jeudi, les cours ont repris depuis une dizaine de jours, et une nouvelle tension est apparue : Agate. Elle n'arrête pas de me fixer à distance, ses regards sont froids, lourds de sous-entendus. Je la vois parfois discuter avec sa nouvelle amie, et je sais ce qu'elle mijote. Elle prépare quelque chose pour m'humilier à nouveau.

Mais cette fois, c'est différent. Cette fois, je ne me laisserai pas faire. J'ai décidé de ne plus rester silencieuse, de ne plus la laisser m'écraser.

En classe, je jette un œil à l'horloge accrochée au mur. Cela ne fait que vingt minutes que le cours de Madame Anderson a commencé. Pourtant, il me semble que cela fait une éternité. Nous avons encore une dizaine d'exercices à faire, et mon esprit n'est clairement pas là. Je pense à tout sauf aux mathématiques.

Quand enfin la sonnerie retentit, un soupir collectif parcourt la classe. Avec mes amis, nous sortons dans la cour. L'air froid de janvier mord ma peau, mais je l'ignore. J'ai du mal à me concentrer ces derniers temps. Les devoirs, les cours, tout me semble si... flou.

Cette boule au ventre ne me quitte pas. Elle est là, constante, se mélangeant étrangement avec les papillons que je ressens quand je suis avec Aaron. Est-ce un mauvais pressentiment ? Cette question tourne en boucle dans ma tête, sans réponse, et plus elle persiste, plus j'ai mal à la tête.

J'en ai parlé à Emma, bien sûr. Mais elle n'a pas su quoi me dire. Elle m'a juste confié qu'elle n'avait jamais ressenti quelque chose de semblable. Alors, je garde cette peur pour moi.

Je tente de me vider l'esprit en pensant à mes amis. Mes précieux amis. Ils me font me sentir importante, vivante. Grâce à eux, j'ai l'impression d'être une meilleure personne. Avec eux, je brille, même si je sais que je ne suis pas parfaite. Ils m'ont toujours soutenue, jamais jugée.

— Dylane ? Ça va ?

La voix d'Emma me tire de mes pensées. Je relève la tête et réalise que nous sommes tous assis dans un cercle. Elle m'observe avec inquiétude. Je lui réponds par un sourire. Elle me le rend avant de se tourner vers Kiotchi, qui l'enlace tendrement. Je les regarde, attendrie. Emma rougit légèrement quand il dépose un baiser sur sa joue.

Ils vont si bien ensemble. Je suis heureuse pour eux.

Mais mon attention revient rapidement sur Aaron. Il est assis à côté de moi, la tête baissée depuis ce matin. Il a un bleu à l'œil. Mon cœur se serre en voyant son visage fatigué, ses gestes ralentis. Cela fait cinq ans qu'il vit cet enfer, cinq ans que son père le frappe.

𝐁𝐄𝐀𝐓𝐄𝐍 𝐓𝐄𝐄𝐍𝐀𝐆𝐄𝐑 | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant