Chapitre 5

0 0 0
                                    

9 heures. La librairie « Au fil des pages » ouvre ses portes tandis qu'une longue file d'attente est déjà formée à l'extérieur. La venue de la romancière a fait le tour de la ville et certains sont même venus des régions voisines. Juliette est toujours surprise par l'engouement qu'elle suscite. Elle en est cependant très fière et prend plaisir à accorder quelques minutes à chacun de ses lecteurs. La majorité la suit sur les réseaux et les fans de la première heure sont réunis sur une plateforme intimiste leur permettant d'être en contact direct avec leur idole et de pouvoir être informés des nouveautés en avant-première.


Installée sur à une chaise derrière une table sur laquelle quelques piles de photographies trônent, Juliette accueille les visiteurs avec un grand sourire. Elle ajoute une photo dédicacée à chaque ouvrage qu'elle signe en échangeant quelques mots avec ses lecteurs. Elle a une intention particulière pour chacun, leur demandant tantôt quel autre auteur ils apprécient tantôt s'ils se sont eux-mêmes essayés à l'écriture. Elle prodigue ses conseils d'écriture à ceux qui en font la demande et elle prend même le temps de poser pour quelques photos avec ses fans. Juliette adore ces moments de partage qui donnent une autre dimension à son travail. Certains repartent ravis d'avoir pu discuter avec leur écrivaine favorite, d'autres ont les yeux brillants d'excitation à l'idée de reprendre leur manuscrit où ils l'avaient laissé, la faute à ce syndrome de la page blanche ou à son copain, celui de l'imposteur. La journée s'annonce radieuse que ce soit pour les lecteurs que pour la libraire et son invitée du jour. Les minutes défilent et la file d'attente ne semble pas vouloir s'interrompre. Même s'il s'agit d'un exercice auquel Juliette adore se prêter, la fatigue se fait sentir par moment. Heureusement, la librairie a tout prévu. Quelques gâteaux préparés par le pâtissier de la rue adjacente et du café, du thé ou du chocolat chaud régulièrement approvisionné par le barista voisin. Il y en a pour tout le monde !


Vers 11 heures, un correspondant du journal régional entre dans la librairie. La venue de Juliette avait été annoncée dans la presse locale, si bien que le responsable de la rédaction a demandé à l'un de ses journalistes de se rendre sur place pour couvrir l'évènement. Pendant que la libraire encaisse plusieurs achats, il profite de quelques dédicaces pour photographier Juliette et lui poser quelques questions. Certains fans sont également interrogés. Il leur demande depuis combien de temps ils suivent l'écrivaine, ce qui leur plait dans sa plume et dans son travail, d'où ils viennent et depuis combien de temps ils attendaient de la rencontrer. Tout se fait dans la bonne humeur et la matinée est une réussite. Juliette ne voit pas le temps passer et ce n'est que lorsque son ventre émet un léger gargouillis qu'elle se rend compte qu'il est midi passé. Même si c'est toujours un plaisir pour elle, elle est contente que la séance se finisse bientôt, elle est éreintée.


Alors que 13 heures approchent, les derniers clients commencent à quitter les lieux. Juliette salue un lecteur puis, sans lever les yeux, attrape le livre qu'on lui tend. Sans surprise, il s'agit d'un énième tome de sa saga phare « le clan des ténèbres ». Fatiguée, elle ne se rend pas compte qu'elle réagit comme un robot.

« A quel nom la dédicace ?

— Pourquoi pas "Aux plus beaux yeux du monde" ?

Aussitôt, Juliette relève la tête. Surprise par cette voix qu'elle reconnait sans mal et embarrassée de ne pas s'être comportée avec ce dernier client comme avec les autres. Mais la boutade de Maxence la fait rire. Elle comprend sans mal à quoi il fait référence.

— Max ! Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Nonchalant, l'homme est beaucoup plus décontracté que le soir de leurs retrouvailles.

— Eh bien, il paraît que l'autrice d'un livre dont je suis particulièrement fan est en ville pour une séance de dédicace. Je me suis dit que c'était l'occasion de venir faire signer mon exemplaire.

Il remarque les dernières photos sur la table et les désigne d'un geste.

— Et si en plus, j'ai le droit de repartir avec une photo, j'aurais passé une très belle matinée.

Joueuse, Juliette en profite pour le provoquer.

— Oh, moi qui pensais que j'aurais embelli ta journée entière...

Avec un petit sourire en coin, Maxence approche son visage de son oreille.

— Pour ça, il faudrait que tu acceptes de manger avec moi ce midi.

Il se redresse avant de poursuivre.

— Et que tu acceptes d'aller te balader en ville cet après-midi.

Amusée, Juliette le regarde d'un air rieur. Elle est définitivement de bonne humeur et la perspective de la journée que lui propose l'homme l'enchante.

— Pourquoi pas. Mais je suis désolée, je dois repartir ce soir.

— Cendrillon n'a pas fui quand le prince charmant lui a rapporté sa pantoufle de verre.

Juliette éclate de rire. Elle ne pensait pas que ces retrouvailles se passeraient aussi bien.

— J'accepte de manger et de passer l'après-midi avec toi, mais je dois impérativement rentrer ce soir. Je pars en congé après-demain avec Sonia.

Quelque peu déçu, Maxence se résigne.

— Finalement, je l'aime un peu moins cette meilleure amie. À peine ai-je le temps de retrouver qu'elle t'enlève à moi.

Mimant la révélation d'une idée soudaine, il poursuit.

— Serait-ce elle la sorcière dont je dois te sauver ?

Une nouvelle fois, Juliette rit de bon cœur. Maxence est beaucoup plus drôle que dans son souvenir.

— Navrée de te décevoir, mais premièrement, je n'ai pas besoin d'être sauvée, du moins plus maintenant.

La femme ne perd jamais une occasion de relancer une petite pique sur son passé, preuve qu'il n'est jamais bien loin derrière elle. Maxence sent une petite pointe dans le cœur qui est vite effacée par l'enthousiasme de Juliette.

— Deuxièmement, Sonia est une personne merveilleuse et je suis sûre que tu t'entendras bien avec elle.

Entendras ? Envisagerait-elle de le revoir après aujourd'hui ? Cette idée gorge d'espoir Maxence.

— Troisièmement, je n'ai jamais cru aux contes de fées.

— Et si on écrivait notre propre conte de fées ? On y a bien droit après tout ce qu'on a traversé toi et moi ? »

Cette possibilité fait réfléchir Juliette. Qu'attend-il exactement d'elle ? Bien sûr, elle l'a toujours apprécié, mais elle ne veut pas se faire avoir. Aussi, détourne-t-elle la conversation en lui demandant de l'attendre le temps de tout remettre en place et de dire au revoir à la libraire. C'était sans compter l'intervention de Maxence qui met la main à la pâte pour les aider.




Lecteurs, à vous de jouer !

Quelle activité peuvent faire nos 2 amis ? Pensez-vous qu'ils vont pouvoir se revoir rapidement ? Dans quelle circonstance ? Quand ?

L'ombre des souvenirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant