Chapitre 13 : Héritière.

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8 août - 20 h 37 - immeuble de Daryl

    Ses yeux marron similaires à ceux d'Adam sont satisfaits par ma présence. La quantité de gardes en poste à cet étage confirme ce que je redoutais.

    Il m'attendait.

    J'ignore comment il a appris ma venue et je dissimule ma surprise, derrière un sourire méprisant que je lui réserve à chaque fois.

    Son attitude désinvolte et mesquine n'a pas changé depuis notre dernière entrevue. Nous avons toujours fonctionné comme ça, la haine et le dégoût font partie de notre collaboration. Sans doute dû au fait que nous n'avons jamais eu le choix de nous fréquenter. Pourtant, je ne l'ai pas eu avec Adam non plus et aujourd'hui, il est la personne la plus importante à mes yeux et celle pour qui je prends des risques à cet instant.

    Je le bouscule pour passer à ses côtés en ignorant ses salutations. Le couloir peint en gris me paraît sinistre, digne d'un lieu pour mourir. Espérons que ça n'aille pas jusqu'à la.

    Des hommes sont postés à chaque porte. Le nombre a doublé et je suis partagé entre la panique et la satisfaction.

    S'il a estimé nécessaire de doubler la surveillance, peut-être était-ce parce qu'il redoutait mon arrivée. Peut-être lui fais-je peur ?

    Mon sourire s'agrandit alors que les gardes semblent moins sereins face à moi, le pouvoir que j'ai sur les Harte's Fire, m'épate à chaque fois.

— Les Carvers t'ont arraché la langue.

    Je me retourne vers Daryl, son visage laisse transparaître toute la rancœur qu'il éprouve à mon égard. Physiquement, il ressemble à Adam. Les mêmes yeux, les mêmes cheveux blonds — même si le Davenport que je préfère les a rasés — la même corpulence marquée par la musculature. Pourtant, lorsqu'Adam me regarde, je n'y vois que de la tendresse tandis que, l'homme face à moi, est sans doute incapable de ressentir ce genre de sentiments.

— Tu aimerais bien.

    Je me retourne en marchant vers son bureau et je perçois ses pas me suivre avec vivacité.

— Et je n'ai même pas droit à un minimum de politesse.

    Je lève les yeux au ciel sans lui accorder la moindre attention.

— Je n'ai pas de temps à perdre avec ces banalités. m'agacé-je en ouvrant la porte vers la salle que j'essayais de rejoindre.

    Son rire guttural s'élève dans l'air et je grimace à son entente. Voilà un autre point qui le sépare de son frère. Le rire d'Adam est hypnotisant, communicatif, alors que Daryl ne provoque que inconfort lorsqu'il le déclenche.

    Je pénètre à l'intérieur suivi rapidement par le maître des lieux ainsi que trois hommes. Son bureau en pin est positionné au centre, il est imposant, sans doute pour compenser ce qui lui manque, le pouvoir. Une bibliothèque est appuyée sur le mur à côté de la porte, la quantité de livres qui s'y trouve est étonnante quand on sait qu'il ne lit pas et ne le fera jamais. Le reste de la pièce est composé de baies vitrées laissant une grande possibilité de tire à Warren, excepté celle couverte par le rideau, comme d'habitude.

    Il s'installe sur son fauteuil de cuir, son t-shirt blanc dont transparaît les marques de son corps. Il a toujours aimé séduire et ses vêtements sont méticuleusement choisis pour accomplir cet objectif.

    Il agrippe un paquet de cigarettes et m'en tend une que j'attrape sans hésitation, avant de m'assoies sur le siège en face du sien. Je l'allume, lorsqu'il me donne le briquet et inspire une bouffée de nicotine en fermant les yeux, ce qui détend aussitôt mes muscles.

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