Dagger's Blood

Chapitre 19 : Le pardon.

18 août - 0 h 43 - Rue de Miami

Ma bouche c'est sûrement ouverte de stupéfaction et je m'effondre sur le lit tant la nouvelle ma chambouler. Le mystère autour de mon enlèvement n'était visible que de mes yeux. Le désarroi que cette révélation provoque me prend à la gorge comme une douloureuse angine. Adam s'agenouille devant moi en se maintenant en place grâce au matelas malgré les innombrables mouvements du véhicule.

— Cia...
   
    Je secoue la tête en disposant mes mains contre mes paupières fermées. Comment a-t-il pu me cacher un élément si important. Nous ne pouvions compter que l'un sur l'autre pendant tellement de temps et pourtant, il m'a quand même menti. C'était mon confident, il connaissait toutes mes peurs, mes joies et mes craintes et ça ne la pas empêché d'agir ainsi.

— Comment as-tu pu ?
— Cia, ton père...

    Je me relève en le poussant contre la porte de toutes mes forces. La rage que je subis à cet instant accélère mon rythme cardiaque et j'en perds tout contrôle. Je ne me souviens pas avoir déjà ressenti une quelconque exaspération à son égard, et j'aimais tellement ça. Sa capacité à ne créer que du bonheur en moi me permettait d'oublier toute la colère qui bouillonnait à l'intérieur de moi. À présent, je ne la contiens plus.

— Je t'interdis de l'utiliser comme excuse.

    La voiture s'arrête brutalement, me pressant contre le torse d'Adam. Je tente de m'éloigner de lui, son corps entier ne ressemble désormais plus qu'à une pomme pourrie que je ne veux plus toucher. Mes mains bougent de manière désordonnée et j'actionne accidentellement la poignée, la porte s'ouvre en grand et je ferme les yeux alors que le sol se rapproche certainement de nous.

    Ses doigts agrippent l'encadrement nous empêchant de chuter, ce rappel de ses qualités de protecteur me crispe. Je m'écarte aussitôt de lui, le souffle court avec des larmes de nerfs me chatouillant de façon désagréable, je les essuie avec frénésie alors qu'il reprend ses justifications sans intérêt.

— Il m'a expliqué que c'était pour ton bien.

    La réalité d'une vie de mensonge m'entrave la gorge.

— Dis-moi quand mon père c'est une fois soucié de mon bien ? m'énervé-je.

    Ses traits sont tirés par les remords, mais mon état actuel m'empêche de compatir. Mon père a toujours su utilisé les mots parfait pour manipuler ses hommes, moi la première. Nous souhaitons tous être dans ses bonnes faveurs au point de détruire qui nous sommes. Il démolit même les plus belle personnes, a commencé par Rose et à présent Adam.

— Il voulait qu'il t'enlève pour nous guider à leur repère et le faire exploser. Tu n'aurais plus jamais été une des cibles des Dagger's Blood car ils n'auraient plus existé.

    J'appuie mon index contre son torse avec une hargne que je ne me serais jamais soupçonné capable d'éprouver à son égard. Tout l'amour et le respect que je ressentais pour lui semblent enterrés sous une tonne de mépris.

— Comment peux-tu être si stupide ? À ton avis, où j'aurais été au moment de l'explosion.

    Comment ai-je pu vouloir de sa reconnaissance toute ma vie ? Comment ai-je pu imaginer que mon père serait un jour fier de moi alors qu'il est certainement prêt à tout pour me détruire depuis tant d'années. Des années de naïvetés ensevelies par les derniers morceaux de mon cœur trahis. Des années illusoires à croire que le manque d'amour n'impacterait pas la possibilité de fierté. Mais finalement, l'un est sans doute nécessaire pour obtenir l'autre.