Chapitre 6 : La violence dans le sang.

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6 août - 10h48 - Domicile des Carver

     Je suis enfermé dans ma chambre depuis une semaine, je passe mes journées à attendre qu'il me ramène à manger sinon je regarde par la fenêtre Lili jouer avec Nana. Elle me fait souvent de grand signe de la main pour me dire bonjour ce que je trouve adorable.

    J'ai réussi à dormir plusieurs fois. Quand j'entends les portes s'ouvrir et surtout celle du bas, j'en profite pour somnoler jusqu'à ce qu'il revienne. Au moins je ne risque pas de me faire tirer dessus. Le reste de mes journées sont dictées par mes souvenirs qui ne cessent de me tenir éveillé en observant mon plafond qui ne m'apporte aucune réponse.

    Mon cerveau est devenu ma plus grande torture. Une prison que je ne peux pas fuir. Je me rappelle, par exemple, d'un jour quand j'avais huit ans, mon père m'avait demandé, en me précisant qu'il m'aimait, d'aller m'assoir sur les genoux d'un homme qu'il avait invité à la maison. À cette époque je ne le savais pas, mais cet homme avait une tendresse particulière pour les enfants. Une affection malsaine qui, ce jour-là, allait se porter sur moi.

    Ma mère était encore en vie et je me souviens du regard de fierté qu'elle a eu quand j'ai accepté d'y aller. Moi ça ne m'avait pas dérangé, en plus c'était la première fois que mon père m'avait dit qu'il m'aimait. Alors bien sûr que j'allais le faire.

    J'étais allé voir le monsieur en souriant, et il me la rendue laissant apparaître les deux incisives centrales recouvertes d'or. Ses cheveux étaient d'un brun très clair, il était jeune, mais quand ses yeux mon détailler de haut en bas, j'ai commencé à comprendre que ce n'était pas une personne très gentille. Une petite cicatrice de plus au moins trois centimètres traversait son œil droit, m'avait fait avaler ma salive avec difficulté. Je me rappelle à quel point il m'avait mis mal à l'aise, il ne m'inspirait pas confiance et me faisait même peur.

    Mais mon père me l'avait demandé en précisant qu'il m'aimait. C'était la première fois qu'il me disait ses mots. La première fois qu'il me demandait quelque chose. La première fois qu'il m'accordait un peu de son attention.

    Alors j'ai sollicité l'homme pour savoir si je pouvais m'assoir sur ses genoux parce que mon papa espérait que je resterais avec eux. Son sourire s'était agrandi et il avait tapé sur ses cuisses pour m'y inviter. J'avais pendant l'espace de quelques secondes réfléchi à si je voulais vraiment le faire. La vérité, c'est que je n'en avais pas envie, mais le faire pouvait m'apporter l'attention des personnes qui à cette époque étaient les plus importantes de ma vie.

    J'ai grimpé sur ses jambes, difficilement, et il m'a entouré la taille de ses bras me collant contre son dos. J'avais eu un mouvement de recule, j'avais eu peur, mais il m'avait retenu, m'empêchant de bouger. Je ne l'ai pas fait, je l'ai laissé m'agripper contre lui caressant la peau, je sentais les larmes me monter aux joues sans que je ne sache pourquoi. À cette époque je me disais que c'était un ami à papa alors je ne devais pas être effrayé, mais de sa simple présence il parvenait à me mettre dans un état d'esprit douloureux. C'était une situation inconfortable et mon instinct d'enfant me crier de courir pour m'enfermer dans ma chambre.

    Mais je ne l'ai pas fait, mon papa avait besoin de moi ce jour-là.

    Mon père est arrivé quelque minute plus tard et je suis resté avec eux une bonne heure. Je n'ai pas écouté ce qu'il disait, j'analysais, les gestes de l'homme qui me gardait près de lui. Chacune de ses caresses m'était douloureuse. À chacune d'entre elles, je regardais mon père avec insistance, j'espérais qu'il comprenne que je voulais disparaître, mais quand il croisait mes yeux, il me réprimandait silencieusement. Je me sentais ridicule d'avoir peur pour si peu alors je baissais la tête à chacune de mes tentatives.

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