Chapitre 9 : Une chambre pas comme les autres.

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8 août - 1h35 - Domicile des Carver

Son aspect si calme me provoque un frisson irrépressible. L'eau ne bouge même pas alors qu'il y a quelque seconde, elle s'apprêtait à m'engloutir pour s'approprier mon dernier souffle. La lune se reflète sur elle comme une douce caresse me faisant presque oublier la dangerosité de cet élément.

Mais n'est-ce pas la base de la vie ? Se méfier des apparences.

J'étais persuadé qu'Arès n'était fait que de violence et de mépris, mais aujourd'hui semble la soirée des erreurs. Son toucher presque délicat sur ma peau me laisse perplexe. Je ne l'imaginais pas capable de ça, mais en réalité, je ne le pense toujours pas. Ce n'était qu'un rôle devant sa mère. Une image de fils exemplaire alors qu'en son absence, il brise des os et étrangle tout ce qui bouge.

Finalement, les apparences ne sont pas trompeuses. Les gens sont simplement doués pour cacher leur vraie facette.

Des pas font écho dans la pièce et me forcent à me détourner de la contemplation de mon cauchemar. J'aperçois Haina entrer dans le salon principal une queue de cheval tirant un peu plus les traits de son visage.

— Comment allez-vous? m'interroge-t-elle.

Je hausse les épaules pour toute réponse. Les mots paraissent bloqués dans ma gorge comme si j'avais peur d'ouvrir la bouche et de me noyer.

Elle s'installe sur le canapé, la fatigue se lit sur son profil. Cette nuit ne semble pas prendre fin et je ne suis pas la seule à en être impactée. Contre toute attente, je suis certaine de m'endormir dès que je toucherai mon matelas. L'adrénaline est retombée d'un coup et mon corps ne demande qu'une chose : un lit.

Je m'avance vers elle en voyant son tapotement délicat sur la place à ses côtés. Je resserre un peu plus l'essuie sur mes épaules pour me donner du courage après avoir mis toute sa famille en danger.

— Comment va Lili?
— Comme une enfant qui vient de se faire menacer d'une arme. ironise-t-elle tristement.

C'était évidemment une question stupide, mais je souhaitais sans doute une réponse différente, pour nettoyer un peu de ma culpabilité. Mais dans notre milieu, l'espoir est aussi meurtrier qu'une balle.

— Je suis désolé, murmuré-je timidement, je n'ai jamais voulu tout ça.

Elle secoue la tête en souriant et comme à chaque fois, il réchauffe mon cœur qui se noie encore plus chaque jour.

— Ce n'est pas de votre faute. Nous n'aurions pas dû vous loger au même endroit qu'elle, concède-t-elle, c'est nous qui avons fait une erreur.

Une part de moi ne peut regretter cette erreur. J'ai pu rencontrer Lili, qui me rappelle un peu ma sœur, alors passer des instants avec elle m'a permis d'oublier les moments avec son frère.

— Vous allez partir avec mon fils.

Elle laisse un temps de silence et j'ai l'impression de perdre le peu de choses que j'avais gagné. Parce qu'à présent, les périodes paisibles n'existeront plus, je n'aurais plus de pause entre chaque atrocité que son héritier décidera de m'infliger.

— Ne vous inquiétez pas, s'empresse-t-elle d'ajouter, mon fils a toujours l'interdiction de vous tuer.

Malheureusement, sa phrase ne me rassure pas, bien au contraire.

Je regarde le doigt qu'il m'a brisé, il y a quelques jours. Au moment où je partirais avec lui, plus rien ne l'empêchera de me casser encore plus physiquement. Je ne dois juste pas le laisser m'atteindre psychologiquement, sinon, ce sera ma chute.

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