Chapitre 6:Her

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« Vivre devient une obligation lorsque que tu commences à la perdre. »

Debout, dans un état déplorable, je suis le centre d'intérêt de tous ses regards.

je les fuis, honteuse de ma propre personne.

Mes imperfections se repèrent facilement.
Mon dos arrondi, le bas de mon visage bouffi, mon ventre, mes cuisses, mes bras, mon nez...

Eux aussi les voient, leurs yeux remplis de jugement les trahissent.

Malheureusement, mes vêtements amples ne me cachent pas autant que je le voudrais.
Alors pour faire disparaître tous mes défauts, je dois faire des efforts : je plaque ma langue sur mon palais, croisant les doigts que mon visage s'affine. Je me tiens droite et je rabats les deux côtés de ma veste, me couvrant.

Je m'interdis de manger un repas de plus, aujourd'hui. Je dois encore maigrir.

Iryna , Aria, Sky et ces filles au lycée sont naturellement parfaites.
En revanche, moi, je suis juste répugnante.

Je fais toujours tout en mon pouvoir pour me fondre dans la masse et qu'on m'oublie.
Pourquoi il a fallu que monsieur Lovell décide de nous mettre un TP noté, en dernière heure.

L'état de ma copie retranscrit mon envie de vite en finir.

Lorsque je suis sortie, soit quinze minutes après la sonnerie. Au même moment, la pluie s'est déversée sur moi, sans jamais s'arrêter. J'ai accouru jusqu'à la bibliothèque.
Être en retard n'était pas dans mes plans. Mais la malchance me suit toujours.

Je me retrouve ici, tétanisé, reprenant à peine un rythme de respiration modéré. Dans ce genre de situation, je ne sais jamais comment réagir.

Pour ne pas m'aider, mes chaussures résonnent sur le parquet, produisant un bruit affreux dans ce silence de mort. Je me recroqueville à chaque pas. Ce moment m'est très inconfortable. J'aimerais que le sol s'écroule sous mes pieds pour ne plus subir ce moment désagréable.

À travers ces têtes, l'un d'elles familière se distingue.
C'est Aria.

Je me dépêche de la rejoindre, dissimulant par le biais de mon bras mon profil à tous.

Une place libre se situe devant elle. Je tire la chaise et m'installe.

Un raclement de gorge disperse le mutisme de cette salle, rapportant l'attention de l'intégralité des élèves présents. J'imite mes camarades. Je fais face à un homme debout, les bras croisés sur son torse.

Qui est-il ?

Jacob ne viendra pas ?

Il me lance un regard noir. Traduisant de la haine, mélangée à une profonde fatigue.

Un malaise fait irruption en moi.

Je redémarre ma fâcheuse habitude : détailler le physique des personnes que je croise pour la première fois.
Son visage est harmonieux, à l'image d'Apollon. Même lui, le jalouserait.
Sa tête est si douce et si froide à la fois, une caractéristique hors du commun.
Son arc de Cupidon très prononcé, dessine gracieusement le contour de ses lèvres pulpeuses.
Quant à sa chevelure noire, coiffée en arrière, contraste avec sa peau laiteuse.
Sa mâchoire est parfaitement définie.
Sous ce tissu léger, servant de tee-shirt, ses larges épaules apparaissent.
Je glisse vers ses mains, de nombreuses veines vifs ressortent. Une chevalière orne son index.

- Où j'en étais déjà ? Reprit-il.

Il termine sa phrase en me jetant une œillade sur le côté, conservant sa posture précédente, en fronçant les sourcils.

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