Fiction OrelxGringe - J'ai l'impression de te connaître depuis toujours.

Partie 1 - Gare.

« Eh, salut jolie demoiselle... C'est quoi ton petit nom ? »

Aurélien sursauta en sentant une main se poser par-dessus son épaule alors qu'il observait la carte de la ville en gare de Sète. Cela faisait tellement de temps qu'il était pas venu qu'il ne se rappelait plus très bien du chemin... Il tourna alors lentement la tête afin de voir qui venait de lui poser cette question et aussitôt, il sentit une boule d'inquiétude apparaître à l'intérieur de son ventre en voyant un garçon aux cheveux noir en pagaille le regarder d'un air lubrique, le sourire aux lèvres. Celui qui avait posé sa main sur son épaule.

« Pa-Pardon ? bégaya-t-il et à ça, le garçon – qui était accompagné de deux de ses amis –, se mit à froncer les sourcils.

— Attends, mais t'es un mec ? »

Il sentit le rouge lui monter aux joues à la question du garçon qui semblait véritablement troublé et il hésita un instant avant de hocher la tête en silence.

« Putain... marmonna ce dernier et il vit ses potes se mettre à pouffer de rire à ses côtés.

— Pétard, Julien... Tu dragues les mecs toi maintenant ? s'esclaffa le premier ami d'un air moqueur, avant de se voir gratifié d'un regard noir dudit Julien.

— Tu pourrais au moins le laisser à Guillaume, hein ? dit le deuxième ami et il fronça les sourcils, se demandant ce qu'il voulait dire par là.

— Eh, Guillaume ! Ramène-toi mec ! »

Il sursauta de nouveau en voyant le premier ami faire un signe de la main par-dessus son épaule à l'intention de quelqu'un – le fameux Guillaume ? – hors de son champ de vision et quand il se tourna dans la direction de ce dernier, il écarquilla les yeux en voyant un quatrième garçon marcher vers eux, un air blasé sur le visage et les mains dans les poches de sa veste. Ce dernier rejoignit ses amis avant de se tourner vers lui et il le vit le dévisager un long moment avec attention avant que le garçon ne se tourne vers l'ami qui lui avait dit de venir :

« Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

— Ben t'as pas vu ? Ce con de Julien a failli draguer un mec, pouffa un des deux amis de Julien et le nouveau venu le regarda d'un air blasé avant de lever les yeux au ciel.

— Vraiment ? J'ai raté ça ? Quel dommage, dis donc.

— Non mais c'est vrai qu'en fait il ressemble grave à une nana, reprit le deuxième ami en se tournant vers lui. T'as vu ses cheveux, Guillaume ? C'est ton style ? »

Il sursauta en sentant ce dernier approcher sa main de ses cheveux afin de toucher sa tresse et il recula violemment afin d'éviter qu'il ne le touche, percutant le panneau dans son dos.

« Bon, calme-toi Karim, soupira Guillaume et il vit celui-ci avancer sa main en direction du torse de son ami pour l'amener à se reculer de lui. On touche pas les gens comme ça sans leur autorisation. Regarde, t'es en train de l'effrayer. »

Il se tourna vers le garçon en l'entendant dire ça et celui-ci lui offrit alors un sourire qu'il ne sut pas décrypter. Il n'aurait pu dire si c'était un sourire compatissant ou hypocrite. Du coin de l'œil, il vit Julien lever les yeux au ciel avant de l'entendre dire à ses amis de le suivre et qu'ils se cassaient vu que Guillaume avait l'air d'avoir envie de rester seul avec lui alors il sentit son cœur rater un battement en se demandant ce que celui-ci allait bien pouvoir lui faire. Cependant, le garçon ne fit aucun geste de plus et resta silencieux pendant un long moment avant qu'il ne le voit faire un pas en arrière pour lui laisser un peu plus d'espace pour respirer.

« Ça va ? T'as eu peur ?

— Ex-Excuse-moi...?

— Je te demande si t'as eu peur. À cause de ces débiles. Ils savent vraiment pas se tenir, ils ont aucune éducation, je m'excuse pour eux. »

Il ouvrit la bouche pour répondre quelque chose mais ne sut pas quoi dire tant les excuses du garçon le surprenaient. C'était bien la première fois que quelqu'un s'excusait envers lui. Pour une chose aussi futile de plus... Ça faisait... si longtemps. Il se perdit alors dans la contemplation du garçon devant lui, passant par ses courts cheveux châtain foncé à ses traits droits et anguleux avant de plonger dans son regard qui semblait étrangement très chaleureux.

« Ça va ? reprit ce dernier en le voyant rester bouche-bée ainsi et il eut tout le mal du monde à revenir au monde réel.

— Euh je... Oui... Pardon...

— Pourquoi tu t'excuses ? »

Il ne sut que répondre à ça alors il vit Guillaume froncer les sourcils  avant que celui-ci ne reprenne :

« Bon... ben... je vais te laisser alors. Je te laisse retourner à ce que tu étais en train de faire avant que mon pote ne t'interrompe, hein. Salut. »

Guillaume lui fit un rapide signe de la main pour le saluer et il le regarda s'en aller un instant avant d'être soudain pris d'une panique subite à l'idée de se retrouver tout seul dans ce hall de gare :

« A-Attends ! S'il te plaît...

— Mm ? Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda Guillaume en se retournant dans sa direction en l'entendant l'appeler et il le vit hausser les sourcils.

— Je... Je suis désolé de te demander ça mais... c'est vrai ce qu'ont dit tes amis...? Que tu es... intéressé par les garçons ?

— Quoi ?

— Je... Je suis désolé... bedrouilla-t-il rapidement en voyant le garçon froncer aussitôt les sourcils, paraissant se mettre sur la défensive par rapport à ce qu'il venait de dire. C'est juste que... je ne sais pas trop... Je ne sais pas trop où dormir ce soir et si seulement... si seulement tu pouvais me dépanner pour une nuit... je me ferais tout petit, je te promets, si tu m'autorisais à venir chez toi... Je pourrais même...  t'aider...

— M'aider ?

— Euh... Oui...?

— Mais m'aider à quoi ? »

Il sentit ses joues le chauffer à la simple question de Guillaume et ce dernier plissa les yeux pour l'observer attentivement, comme s'il essayait de lire en lui, avant qu'il ne le voit le dévisager de la tête au pied quand il ne répondit rien.

« Ouais, ok. Ça devrait pouvoir le faire. Mais demain tu pars à la première heure, c'est compris ? »

Il hocha précipitamment la tête, soulagé de la réponse de l'autre garçon et se disant que cette nuit non plus il n'aurait pas à dormir dehors ou à claquer toutes ses économies dans une chambre d'hôtel. Quel soulagement. Guillaume lui fit un bref signe de tête lui signifiant de le suivre et il se pencha pour attraper son sac qui était à ses pieds.

« T'as que ça ? entendit-il Guillaume lui demander, le surprenant, et il releva la tête pour lui jeter un regard interrogateur.

— Euh... Oui, pourquoi ?

— Non, rien. Tu viens ? »

Il acquiesça et se dépêcha de rejoindre le garçon qui, il s'en rendit compte une fois près de lui, faisait bien une tête de plus que lui. Ça ne l'étonnait guère, il n'avait jamais été le plus grand. Guillaume se mit à marcher en direction de la sortie de la gare, par là où étaient sortis ses amis quelques minutes à peine plus tôt, et il lui emboîta précipitamment le pas, ne voulant surtout pas se perdre dans cette ville dont il se souvenait si mal. Il aurait à le remercier pour sa gentillesse, et ce dès ce soir.