Partie 3 - Le petit déjeuner.

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Lorsqu'il se réveilla, Aurélien se rendit aussitôt compte qu'il était tout seul dans le lit. Guillaume n'était plus à ses côtés sous les draps. Il se redressa tout en maintenant le drap près de son torse et il remarqua des vêtements bien pliés à l'endroit où se trouvait quelques heures encore à peine Guillaume. Il posa sa main droite sur le drap recouvrant le matelas afin de se pencher vers les vêtements et il haussa les sourcils de surprise en se rendant compte que ce dernier était encore chaud de la chaleur de Guillaume. Celui-ci devait s'être levé il y a peu alors. Il vit un bout de papier posé à plat sur les vêtements qu'il n'avait pas remarqué en voyant ces derniers une seconde auparavant et il fronça légèrement les sourcils, confus, avant de prendre ce dernier dans ses mains pour voir ce qu'il y avait écrit dessus :

Pour toi. Habille toi. J'ai lavé tes fringues.

En lisant ça, il se tourna d'un air inquiet en direction du bureau sur lequel il avait posé ses habits la veille avant d'aller se doucher, Guillaume étant en train de chercher de quoi lui faire un lit dans le salon, et il vit qu'effectivement ces derniers avaient disparus. Oh non... Il pensa à sa médaille qu'il avait mis dans une des poches fermées de sa salopette – celle qui avait une fermeture éclaire – en attendant de pouvoir se racheter un collier autour de lequel la mettre. Il se leva alors précipitamment dans l'idée de demander à Guillaume s'il avait mis sa médaille dans le lave linge en même temps que sa salopette ou bien s'il en avait vidé les poches, avant de s'arrêter net en repensant aux habits bien pliés sur le lit. Il devait s'habiller. Il se dirigea vers les vêtements et commença à se vêtir, et c'est alors qu'il se souvint de la veille. Il avait couché avec Guillaume. C'était lui qui avait proposé a ce dernier même. Comme souvent d'ailleurs ces derniers temps. Et il fallait bien, sinon il... il s'arrêta net dans ses pensées en voyant où ces dernières allaient et secoua la tête, les repoussant au loin. Ce n'était pas le moment. Il baissa la tête pour observer ce qu'il avait à présent sur le dos, un simple tee-shirt et un short fin, lui semblant être un pyjama, et il rougit en se rappelant qu'il s'était endormi dans le plus simple appareil la veille près de Guillaume après qu'ils aient fait l'amour. C'était tellement gênant. Mais avait-il vraiment le choix ? À chaque fois, il était étonné d'avec quel aplomb il proposait cela aux gens. Est-ce que tu veux coucher avec moi ? Sur le coup, il était très sérieux et limite sûr de lui, mais dès le le lendemain ou bien les heures qui suivaient – dès qu'il revenait à lui en fait – sa timidité maladive revenait et il était incommensurablement gêné de voir qu'il avait eu le cran de proposer encore une fois de se donner à quelqu'un. Bien qu'il en soit complètement conscient sur le coup. Mais il décrochait toujours un peu avant la fin de l'acte, comme si toute sa volonté n'était jamais assez en fin de compte. C'est alors qu'il entendit un bruit dans la pièce voisine et il sortit de ses réflexions en se rappelant soudainement d'où il était. Guillaume. Il se dirigea alors vers la porte de la chambre et essaya de se rappeler d'où était le salon, se doutant que ce dernier devait s'y trouver. Il fallait qu'il lui demande pour sa médaille.

***

« Ah, t'es réveillé ? Salut. »

Il cligna des yeux en entrant dans la pièce illuminée par le soleil qui était déjà haut dans le ciel au dehors et il se tourna d'un air hésitant vers Guillaume qui venait de lui adresser la parole. Celui-ci était assis sur un canapé, un fin sourire sur le visage et les yeux rivés sur lui, et il déglutit avant de hocher la tête et de marcher dans sa direction pour le rejoindre. 

« B-Bonjour...

— Comment tu vas ce matin ? Tu as bien dormi ? lui demanda Guillaume en se décalant sur le canapé pour lui laisser la place de s'asseoir à ses côtés et il hocha la tête doucement, perdu en voyant tout ce qui se trouvait sur la table basse aux pieds du canapé. Tu as faim ? J'ai préparé le petit déjeuner.

— Le petit... balbutia-t-il en entendant Guillaume dire ça avant de s'interrompre, écarquillant légèrement les yeux de surprise. Tu veux dire... que c'est pour moi ?

— C'est pour nous, mais j'ai déjà commencé moi, j'avais trop faim, rit doucement le plus grand et il se mit à rougir, pensant à quel point il était bête d'avoir dit ça : pour moi.

— Mais fallait pas, Guillaume... C'est... trop...

— Qu'est-ce que tu racontes ? Tu dois être mort de faim, je suis sûr, lui répondit ce dernier en fronçant les sourcils et c'est alors que son ventre se mit à gargouiller bruyamment. Tu vois ! Qu'est-ce que j'avais dit ! »

Guillaume rit en disant ça et il sentit ses joues se mettre à le chauffer à la pensée que son ventre venait de le trahir. Bien sûr qu'il mourait de faim mais... était-ce vraiment raisonnable ? N'abusait-il pas de sa gentillesse ?

« Qu'est-ce que tu veux comme tartine ? Dis-moi et je te la fais. »

Il observa ce qu'il y avait sur la table devant lui d'un air hésitant et pointa en silence en direction du Nutella qu'il aperçut sur celle-ci près de la confiture de fraises en se retournant vers le plus grand. Guillaume lui sourit puis acquiesça et il sentit les larmes lui monter aux yeux en le voyant commencer à lui faire une tartine au Nutella. Depuis combien de temps n'en avait-il pas mangé ? Et depuis combien de temps même quelqu'un ne s'était-il pas occupé de lui comme ça ? Il ne s'en rappelait plus.

« Eh, ça va ? »

Il sortit de ses pensées en entendant Guillaume lui demander ça et il sursauta en le sentant poser une main sur sa cuisse doucement avant de se tourner vers lui en écarquillant les yeux.

« Désolé... s'excusa ce dernier en retirant sa main et il fronça les sourcils, se demandant pour quoi il était désolé. Tout va bien ?

— O-Oui...

— Tu es sûr ? »

Il hocha la tête vivement et Guillaume se mit à l'observer attentivement – comme pour essayer de déceler s'il mentait ou pas – alors il baissa la tête, n'osant pas croiser son regard. Celui-ci ne dit rien pendant un long moment avant qu'il ne l'entende soupirer doucement et qu'il ne le voit lui tendre la tartine qu'il venait de lui faire.

« Ok. Tiens, je vais te servir à boire maintenant. Ça te va du thé ? »

Il hocha la tête sans relever cette dernière et il sentit Guillaume bouger légèrement à ses côtés afin d'attraper la théière et lui verser du thé dans le bol qu'il avait devant lui. Il se mordit la lèvre inférieure, les larmes aux yeux. Il fallait qu'il se reprenne. Ne pas le laisser voir ses failles. Il fallait qu'il soit plus fort que ça. Il n'avait pas le choix.

Fiction OrelxGringe - J'ai l'impression de te connaître depuis toujours. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant