Partie 5 - Le récit.

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« Aurélien, qu'est-ce que tu fais ?! »

Il sursauta en entendant Guillaume lui demander ça en entrant à sa suite dans la chambre et il lâcha sa médaille qui tomba sur le bureau de ce dernier. Il se retourna pour confronter Guillaume, cachant son sac dans son dos, et celui-ci fronça les sourcils :

« Tu fais tes affaires ?

— Je... Je vais partir... J'avais promis de partir tôt ce matin et j'ai déjà que trop abusé de ton hospitalité... balbutia-t-il à travers ses larmes et il vit Guillaume froncer les sourcils de plus belle à cette explication.

— Mais... Mais non ! Tu peux pas partir comme ça sans t'expliquer ! Tu me dois des explications, tu crois pas ? lui dit Guillaume et il s'effondra encore plus en sanglots en le voyant avancer vers lui.

— Désolé... Je suis désolé, s'excusa-t-il en secouant la tête vivement. Je ne voulais pas te faire de mal... Tu n'étais pas censé savoir... Pardon...

— Aurélien, calme-toi, lui demanda plus doucement cette fois le plus grand et il secoua la tête de nouveau, avant de le sentir prendre cette dernière avec délicatesse dans ses mains. Aurélien, il va falloir que tu m'expliques. Qu'est-ce que tu fais seul ici ? Pourquoi tu n'as nulle part où dormir ? Et pourquoi... tu échanges ton corps contre une nuit chez quelqu'un ? »

Il sanglota en l'entendant lui poser toutes ces questions et il l'entendit soupirer doucement avant qu'il ne le sente le lâcher délicatement afin de défaire sa tresse qui n'avait vraiment plus fière allure depuis qu'ils avaient couché ensemble déjà la veille. Il le sentit ensuite passer une main doucement dans ses cheveux afin de défaire totalement cette dernière, puis le sentit passer sa main sous son menton alors qu'il pleurait toujours.

« Eh... Explique-moi. Je vais rien te faire, Aurélien. Je te promets, t'es en sécurité ici.

— Je voulais juste... te remercier... Pas te créer des problèmes... balbutia-t-il à travers ses larmes avec difficulté.

— Par me remercier tu veux dire coucher avec moi ?

— Oui...

— Et... est-ce que c'est comme ça que tu remercies toujours les gens qui acceptent de t'accueillir pour la nuit ? lui demanda Guillaume et il hocha la tête.

— J'ai rien d'autre... Pas beaucoup d'argent... Et si ça peut me permettre... de pas passer la nuit dehors... J'aime pas... Ça me fait peur...

Dormir dehors ça te fait peur ? C'est ça ?

— Oui...

— Mais... tu dors souvent dehors, Aurélien ? T'as pas de chez toi ? De parents...?

— Oui... J'étais en famille d'accueil mais c'était horrible alors je me suis enfui à mes treize ans, expliqua-t-il à contrecœur, n'aimant pas parler de sa vie et des raisons qui l'avaient poussé à se retrouver seul ainsi. Et les gens dehors... ils me font peur. Avec eux... c'est pas... c'est pas pareil... bégaya-t-il en repensant aux nombres de fois où des mecs bourrés – ou même pas d'ailleurs – l'avaient approché et l'avaient menacé de faire comme ils lui disaient sans rien lui donner en échange. Au moins... Là, je peux avoir un toit ne serait-ce que pour une nuit. Et même si les gens ne sont pas toujours gentils non plus... au moins j'ai le droit de quitter la rue pour quelques heures... d'être un peu au chaud... Et aussi...

— De te sentir un minimum en sécurité, compléta Guillaume et il sentit sa respiration se couper en l'entendant dire ça. N'est-ce pas ?

— O-Oui... Et au moins... J'ai l'impression... au moins un peu... que le choix m'appartient. Tu comprends, Guillaume ? »

Celui-ci ne répondit rien un long moment avant qu'il ne le voit hocher la tête à travers ses larmes. Il le sentit ensuite lâcher son menton et glisser sa main derrière sa nuque et avant qu'il ne le sache, Guillaume l'attira à lui. Il retint sa respiration, ne comprenant pas pourquoi ce dernier avait fait ça, puis il le sentit entourer sa taille d'un de ses bras pour le serrer à lui :

« Oui, je comprends. Je comprends parfaitement. Alors ne pars pas, Aurélien. Reste ici, avec moi. Ne retourne pas dans la rue, reste en sécurité ici. Tu veux bien ? »

Il écarquilla les yeux en entendant la proposition du plus grand et se demanda s'il avait bien entendu. C'était impossible, non ? Pourquoi lui proposerait-il ça ? Ça n'avait pas de sens. Pourtant, il hocha la tête contre son torse. Bien sûr que s'il en avait la possibilité il aimerait rester ici, avec ce garçon qui n'avait fait qu'être gentil avec lui depuis le début. Qui l'avait accueilli, nourri, et même lavé ses vêtements. Mais tout ça ne saurait être gratuit, c'était évident. Rien n'était jamais gratuit dans ce monde, il l'avait bien compris depuis longtemps. Et lui, tout ce qu'il avait à donner, c'était sa personne. Il ne possédait rien d'autre. Il se détacha alors de Guillaume afin de pouvoir plonger son regard dans le sien et quand il vit celui-ci froncer légèrement les sourcils en confusion, il lui sourit doucement avant de se hisser sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa bouche. Guillaume se tendit au baiser et il sourit contre sa bouche avant de fermer les yeux, des larmes coulant silencieusement de ces derniers à ce simple geste :

« Guillaume, s'il te plaît. Ça me fait aussi du bien... J'ai besoin...

— De quoi ? De quoi tu as besoin ? murmura le plus grand contre ses lèvres, le souffle court, et il fronça légèrement les sourcils, ayant du mal à rassembler ses pensées.

— J'ai besoin qu'on le refasse. Ça m'apaise, tu sais. J'aimerai bien... que tu me touche. Comme hier...

— Bordel, Aurélien... Je t'ai dit que...

— S'il te plaît. Je t'en supplie, murmura-t-il à son tour entre deux pleurs alors qu'il sentait son corps le brûler de l'intérieur. Je le dirai à personne. Je te le demande même. Je t'en prie, Guillaume. »

Il entendit le plus grand pousser un grognement rauque à travers sa barbe à sa supplique et alors, Guillaume l'attira de nouveau à lui pour l'embrasser avec fougue avant de murmurer contre ses lèvres :

« La dernière fois alors. C'est la dernière fois, Aurél-

— Oui. Oui, pour la dernière fois, je te promets. » le coupa-t-il même s'il ne pensait pas un traître mot de ce qu'il disait.

Guillaume grogna de nouveau et il sentit bientôt ce dernier le pousser en direction de son lit. Il tomba sur le dos sur ce dernier et aussitôt, il sentit le plus grand le rejoindre sur le lit, l'entourant de son corps et le faisant prisonnier sous lui. Il n'avait que ce qu'il avait demandé, se dit-il en regardant ce dernier d'un air mi-inquiet mi-hésitant, se demandant ce qu'il allait bien pouvoir faire de lui maintenant, et quand Guillaume plongea son visage dans son cou pour dévorer ce dernier, il ne put retenir un long gémissement de plaisir de quitter sa bouche. Il serait damné pour l'éternité si Dieu existait pour ce simple son licencieux. Mais de toute façon, c'était déjà trop tard pour lui. Jamais il ne pourrait sauver son âme après tout ce qu'il avait fait ces dernières années. Alors à quoi bon ?

Fiction OrelxGringe - J'ai l'impression de te connaître depuis toujours. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant