Chapitre 5 : Culpabilité

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En entendant ces tambourinements, le premier réflexe de Lucia fut de cacher ses livres derrière le matelas. 

Le coeur battant à toute allure, elle tenta de respirer calmement avant d'ouvrir la porte. Etait-ce la police ? Qu'avait-elle fait d'illégal? Lire des livres n'était en soi pas interdits, étant donné que le gouvernement était persuadé de la disparition de tous les formats papiers. Faille juridique. En revanche, avoir créé un profil sur Noxa était clairement interdit. Axon était le seul réseau social autorisé. Mais elle avait utilisé un pseudo, alors comment auraient-ils pu remonter jusqu'à elle ?

- Lucia, c'est moi ! fit une voix que Lucia reconnu. C'est moi, Justine !

Rassurée, elle ouvrit la porte à sa collègue de travail. Justine, aux cheveux rouges détachés, entra dans la pièce. Elle semblait paniquée.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demanda Lucia. 

- La police me cherche. Mais je suis innocente, je t'assure ! 

- Mais pourquoi, et de quoi t'accusent-ils ?

- Il pensent que je fais partie d'une certaine résistance. Mais je n'y connais rien moi ! Ils affirment avoir trouvé la trace d'une fille de notre âge travaillant à l'usine dans les quartiers des Magnolias. 

Lucia se sentit très inquiète. Visiblement, c'était elle qu'ils cherchaient. 

- Mais il y a pleins de filles qui travaillent dans cette usine, remarqua-t-elle. Pourquoi t'avoir ciblé toi en particulier ? 

- A cause de mes cheveux... J'ai appris à coiffer toute seule, en autodidacte, sans passer par leur machine. Et ça ne leur plait pas. 

- Oui, je comprends, tu as essayé de réaliser ton rêve de devenir coiffeuse par toi-même. 

- Mais je ne savais pas que c'était interdit, se désola Justine. 

Lucia réfléchit. Fallait-il lui avouer que c'était elle la recherchée ? Non, elle ne connaissait pas si bien que ça Justine. Elles étaient collègues, un peu amies, mais pas meilleures amies non plus. Si elle lui avouait tout, Justine risquait de tout répéter à la police pour sauver sa peau. Non, elle ne pouvait pas lui faire confiance aveuglément. 

- Pourquoi m'avoir contactée moi et pas un autre ? demanda Lucia. 

- J'ai essayé de contacter un ami qui vit dans la même résidence, mais il ne m'a pas ouvert la porte. Et puis je ne connais pas assez de gens ici, donc j'ai immédiatement pensé à toi, puisque l'on s'entend bien. 

Lucia se sentait mal. Mais si elle se dénonçait pour sauver Justine, elle ne pourrait pas sauver Léonor. C'était Léonor ou Justine. Donc, c'était Léonor en priorité. Tant pis pour Justine... Mais cette réflexion lui déchirait les entrailles. Elle ne pouvait qu'espérer que les policiers se rendent compte que Justine était innocente, et ils la libèreront après. Ainsi, Lucia gagnerait du temps pour s'enfuir avec les Libérateurs du Savoir. 

- Je suis désolée, dit-elle. Je ne peux pas prendre ce risque de te cacher, sinon je risque la prison. et si je suis en prison, alors Leonor mourra...

Les yeux de Justine s'embuèrent de larmes. 

- Non, Lucia... Tu ne peux pas me faire ça ! 

- Je dois sauver Léonor, justifia Lucia.  

- Lucia, je suis désolée de te dire ça mais... Leonor est déjà condamnée. Tu t'acharnes pour rien. Tu ne réussira malheureusement jamais à réunir les 100 000 MindCoin. 

Ces mots ne firent qu'énerver Lucia. 

- Sors de chez moi, ordonna-t-elle. Moi j'ai espoir, alors je tente le tout pour le tout. 

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