Chapitre 8 : Dilemme

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Lucia paniqua intérieurement. Comme la dernière fois, elle dissimula ses livres sous son matelas.

Elle respira un grand coup, et ouvrit la porte.

- Madame Emmett, vous êtes en état d'arrestation.

Trois policiers se tenaient devant elle. L'un deux tenait des menottes en main et les approcha de la jeune fille, qui eut un mouvement de recul. 

- Veuillez obtempérer rapidement, sans quoi votre peine sera plus lourde, la prévint l'un des trois policiers. 

A contrecœur, elle se laissa menotter les poignets. Le métal était agressif. 

-Suivez-nous, ordonna le plus grand des trois. 

Elle s'apprêtait à sortir en même temps qu'eux quand celui qui l'avait menottée intervint : 

- Fouillons cette pièce, avant de partir. 

Lucia paniqua, ils allaient forcément trouver les livres d'informatique. Malheureusement, elle n'avait jamais appris le droit, ainsi elle ne savait pas si elle avait des choses à dire, comme... demander un avocat ? De toute façon, elle n'en connaissait pas. 

Ca ne loupa pas. Le matelas fut même la première chose qu'ils soulevèrent. 

- Bingo, fit le premier policier en brandissant les livres de cybersécurité. 

- Allez, on l'embarque. 

Elle fut ainsi placée à l'arrière de la voiture de police. Ils activèrent les gyrophares et traversèrent la ville entière. Des larmes montaient, mais elle les retint. Hors de question de montrer le moindre signe de faiblesse. 

Elle réfléchit : après tout, c'était sûrement le karma. Elle avait mal agit avec Justine, mal agi en piratant le compte de Camilla... Ce n'était qu'un vulgaire revers de bâton mérité. 

Enfin, ils arrivèrent au commissariat. 

Elle fut placée dans une cellule, en compagnie de deux hommes mal vêtus et aux cheveux gras. 

- Nous viendrons vous interroger tout à l'heure. En attendant, nous vous confisquons votre téléphone. 

Avaient-ils le droit de faire cela ? Lucia n'en savait rien. Après avoir vérifié l'heure, elle leur tendit l'objet. 

En effet, il suffirait d'attendre suffisamment longtemps pour que la cyber attaque eu lieu à 2h du matin, avant qu'elle ne soit interrogée par les policiers. 

Il était 22h. Plus que 4h à tenir. 

Elle commença par s'asseoir sur un banc assez sale. L'un des deux hommes lui adressa la parole : 

- Première fois, hein ? 

Elle hocha la tête. 

- Tu verras, on s'habitue à force, dit-il. 

Un silence s'ensuivit. Plus le temps passait, mieux cela était. 

Hélas, il devait s'être écoulé seulement une demi heure quand les policiers vinrent la chercher. 

- Madame Emmett, nous allons vous interroger. 

Elle fut guidée dans une pièce toute blanche, meublée d'une table et de deux chaises de part et d'autre. On l'obligea à s'asseoir. 

- Bon, savez -vous pourquoi vous êtes ici ?

Elle préféra en dire le moins possible. 

- Parce que j'ai des livres en ma possession ? 

- Il y a de ça, en effet, ça s'appelle la détention illégale de connaissances. Mais il y a plus grave. 

Elle ne répondit pas. 

- Vous êtes accusée de préméditation d'un crime contre l'Etat. Vous êtes accusée de préparer une cyberattaque. 

- Pourquoi m'avez-vous suspectée ? 

- C'est votre collègue qui vous a dénoncé. Elle prétend être innocente, et que votre attitude envers elle a été plus que suspecte au moment où elle vous a demandé de l'aide. De plus, nous avons analysé ses connaissances, elle ne connait rien à l'informatique. Les zones du cerveau lié à cet apprentissage ne se sont pas affichées lors de l'analyse. Egalement, nous avons pris connaissance de votre vidéo : vous êtes en recherche de 100 000 MindCoin pour sauver votre amie. C'est un prétexte parfait pour intégrer un groupe de résistants extrémistes afin de la sauver.

Lucia pâlit. Ils avaient raison sur tout la ligne. 

- Mais, commença le policier en marquant un temps d'arrêt. Il y a une porte de sortie pour vous. 

- Laquelle ? 

- Nous nous doutons bien que vous ne comptiez pas pirater le système toute seule. Vous êtes le dernier maillon de la chaîne. Nous voulons que vous nous disiez qui sont les membres de ce mouvement extrémiste.

Elle ne répondit pas

- En échange de vos informations, nous sommes prêt à payer les soins de votre copine. Oui, l'intégralité des soins. 

A ce moment, le coeur de Lucia s'accéléra. Elle l'avait, la solution pour sauver Leonor. 

Il fallait qu'elle réfléchisse. 

Solution 1 : si elle disait tout, Léonor serait sauvée, Jérôme et Maréva partiraient en prison. Le système continuerait de fonctionner et chacun répondrait le cours de ma vie. Leonor et Lucia resteraient pauvres, mais ensemble.

Solution 2 : si elle refusait de dénoncer ses camarades, risquant ainsi la prison. Mais Jérôme et Maréva réussirait à pirater le base de données cette nuit, rendraient les connaissances accessibles à tous. Le monde changerait. Mais Léonor mourrait.

Quoique... Pas forcément. Jérôme et Maréva pourraient s'occuper de sauver Léonor avec l'argent gagné. Pouvait-elle leur faire confiance à ce point ? Mais d'un autre côté, qui disait qu'ils réussiraient à effectuer la cyber attaque comme prévue ? Ils pouvaient tout à fait échouer.

Cette deuxième solution parut plus incertaine aux yeux de Lucia.

Elle avait besoin de temps. Si seulement elle pouvait attendre 2h du matin pour trancher. 

- Si tu nous dit tout, repris le policier, tu seras libre avec 100 000 Mindcoin. Mais ce n'est pas tout. Tu deviendras ce que l'on appelle 'une alliée de l'Etat". Ton compte Axon sera un compte Diamon à vie, tu devras poster des photos qui montrent que tout est possible. Tu deviendras une influenceuse.

Cela semblait être un cadeau empoisonné, songea Lucia. Elle ne pourrait plus faire machine arrière. 

- J'ai combien de temps pour réfléchir ? demanda-t-elle. 

- Cinq minutes. On n'a pas toute la nuit. 

Lucia repensa à son but initial : sauver Leonor. Elle ne pouvait pas choisir autrement. En plus, il y avait une chance pour que Jérôme et Mareva se soient inquiétés de son absence, aient flairé le piège et aient déménagés... C'était tendu, mais faisable. 

Léonor était tout pour elle. Le système demeurait certes problématique, mais il avait été créé pour le bien de tous, au final. 

Elle prit une inspiration, et se lança : 

- Je peux tout dire. Allez sauver Leonor.



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