Le roi Leviathan

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Il était une fois, un marin dépourvu de magie,

On le disait bel homme mais aigri,

On racontait autour de lui,

que la rengaine rongeait son cœur.

“La pêche, toujours la pêche”

Il en haïssait la mer, 

Même l’Océan !

“Il n’y a rien à aimer dans l’eau

Rien à apprécier,

Rien à regarder !”

Un jour pourtant, 

Il fit une heureuse découverte.

La pêche du jour,

n’avait guère été concluante,

tant que le pêcheur errait sur les mers,

espérant trouver un nouvel endroit.

Il découvrit alors, sur un rocher dressé,

Un trésor nullement égalé,

Un trésor de la mer, 

Une femme du Royaume Submergé.

Il fut tant subjugué, 

Que son coeur autrefois gelé,

Battit une fois,

Puis deux.

Alors pris d’une folie,

Il lui parla :

“Toi ! Au corps bleuté de la mer,

Parsemé de trésors, de perles nacrées,

Aux cheveux garnis d’étoiles,

De coquillages

Et d’algues aux mille couleurs.

Je te vois, 

Non,

Je te regarde.

La mer semble t’appartenir, 

Alors je t’appartiens.”

La belle ria devant tant d’éloges, 

Et lui répondit d’une voix chantante :

“J’ai vu bon nombre de marins

Sillonner la mer comme s’ils étaient Roi,

Proclamant en être le possesseur,

Tu dois être bien sage,

Pour savoir qu’elle ne t’appartient pas. 

Mais sache qu’elle ne m’appartient pas non plus,

Elle n’appartient qu’à elle. 

Car elle est grande et souveraine.”

L’homme surpris, ne dit mot,

Se contentant de contempler,

Se surprenant à penser,

“Quelle beauté, la mer !”

Et il rentra.

Et chaque jour, il revenait au même point,

Regardant la demoiselle se brosser les cheveux,

Jouer dans l’eau,

Chanter. 

L’aimant de plus belle. 

Le village voyant le changement de cœur du marin,

S’étonna, mais en fut heureux pour lui.

Malheureusement, dans ce village,

Il existait des hommes jaloux,

De tout et de rien,

Voulant s’approprier la belle. 

Alors, un jour de pluie,

Ils emmenèrent, en haut d’une falaise, le marin. 

Et d'un coup de poignard tranchant,

Arrachèrent son cœur.

Heureusement ou malheureusement,

Le marin ne mourut pas immédiatement,

Il regarda son cœur,

Un cœur rouge encore battant.

Libre. 

Et regardant ce cœur, 

Il s'étonna :

“Mon coeur était si noir et si mort avant toi,

Maintenant il est rouge et fort. 

Mes seuls regrets sont de ne plus pouvoir te regarder.

Et de ne plus pouvoir naviguer.

Mais surtout de ne pas pouvoir vous protéger, 

Toi, mon aimée

Toi, Mer souveraine.”

L'un des hommes le nargua :

“On empoisonnera la mer,

Et on tuera ta femme poisson !”

Quelque chose se brisa chez le marin,

Comme si un loquet avait cédé,

Il explosa.

Alors la pluie s'arrêta de tomber

Et remonta.

Les particules s'agglutinèrent 

Se séparèrent

Se reformèrent 

Ce n'était plus de la pluie.

C'était un dragon,

Un serpent des mers,

Le protecteur des océans.

Alors sans un son, le monstre fondit sur les hommes.

Lorsque sa tâche fut finie, il éclata en de millions de petites étincelles,

Comme seul un soleil se reflétant sur des gouttes

Pouvait le faire. 

Le marin aussi était mort.

Et son excès de magie fit basculer le corps inanimé au-delà de la falaise. 

Et il tomba 

Encore

Et encore.

Puis l'eau le rattrapa de ses bras chaleureux.

Et le berça légèrement,

Alors, son corps s'étira,

Se remodela,

S'allongea

Et éclata dans un pop assourdissant.

Et c'est là qu'on la découvrit. 

La magie,

L'essence même d'un être.

Alors la mer décida de lui offrir un ultime cadeau, 

Le brin de magie dansant dans les flots,

L'eau forma alors l'empreinte de son sacrifice.

Et le marin, maintenant transformé, rejoignit sa belle.

Il promit de la protéger, de tous les protéger.

Lettres que je n'enverrais jamais.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant