Samhain

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C’était inhabituel ! 

Au début de son périple, lorsque ce peuple indigène lui avait proposé le gîte, il avait d’abord refusé. Il participe à ce périple pour retrouver cette étincelle en lui, cette petite chose qui faisait de lui, un génie, un peintre adulé et un homme riche. Malgré cette farouche envie de retrouver l’inspiration, l’idée de se mélanger à ses… gens de peu de fortune, sauvage et, sûrement, bête… lui avait donné la nausée. Il ne lui apporterait rien.

Putain ! Qu'il avait eu tort.

Il avait finalement accepté, faute d’argument. Il avait gémi de douleur, allongé sur un lit de fortune fait de paille, il avait hurlé de dégoût face au plat qu’on lui avait préparé. Il avait ri face à ce qu’ils avaient honteusement appelé “alcool”.

Il les avait regardés, jugés et rabaissés.

Quand ce matin-là, le chef du groupe était venu le voir pour l'inviter à leur fête des morts.

(Sawin) Samhain a-t-il dit. Il avait accepté par dépit.

Maintenant, il s’en voulait d’avoir été si mesquin.

Il s’en voulait d’avoir été si injuste tandis qu’il regardait dans le feu, face à lui.

La fête avait commencé par un rituel, il avait organisé un autel dans un coin. Avec quelques bougies, quelques fruits et légumes de saison, des fleurs, des pommes de pins, puis chacun à leurs tours, ils avaient posé sur un rocher, des objets qui appartiennent à leurs morts.

Une fois fini, un banquet prit alors place. Puis silencieusement, des hommes habillés étrangement (des tenues traditionnelles sûrement) se sont approché et ,au milieu du U que formaient les tables, se sont mis à danser.

C’est à ce moment qu’il avait jeté un regard désinvolte au feu qui se trouvait du coup entre tous les danseurs. Il n'avait pas vraiment compris comment. Mais il s’était retrouvé hypnotisé. 

Là, dans le feu, s’était trouvé des ombres d’homme flou. Ils semblaient provenir d'ailleurs dans le temps, et pourtant ils étaient là-devant lui, effectuant une danse qui s’était perpétuée au-delà des saisons, des générations. Il n’en croyait pas ses yeux. Il regarda ses camarades de table, mais leurs yeux à eux, était branché sur les hommes. Cependant, le chef face à lui, sur l’autre table, lui fit un clin d'œil et regarda de nouveau les danseurs.

Le peintre sourit. 

Ils les avaient fichtrement mal jugés.

Lettres que je n'enverrais jamais.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant