Bienvenue à Iluvatar

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 Je regardai par la fenêtre encore une fois, je me perdis entre le ciel bleu qui s'ouvrait à moi et les toits blancs qui dessinaient les contours de la ville, ma ville.

Une joyeuse effervescence régnait là en bas.

Je soupirai.

Cette agitation contrastait avec le calme et la froideur de ma petite chambre. J'avais passé la plupart de ma vie enfermée dans cette pièce et pourtant je m'y sentais toujours comme une étrangère. Je m'étais assise des heures sur l'énorme tapis rond, travaillant à ressentir la magie, à la manipuler, à trouver une manière de collaborer avec elle ; sur le lit à baldaquin, avec ses rideaux d'un blanc pur, j'avais rêvé de romance, de cape et d'épée. Ma petite bibliothèque personnelle détenait de vieux livres abîmés que j'avais lus et relus encore et encore, spécialement le journal de bord qui trônait fièrement sur mon bureau en bois, mon arrière grand-père avait pour habitude de me raconter encore et encore son histoire, bien plus qu'un simple mémoire, c'était l'histoire d'une lignée, d'un reigne mais surtout celle de ma famille, je caressais souvent le nom qui reposait sur le cuir souple..

Charles Varity

Je soupirai de nouveau.

Assise sur le rebord de la fenêtre, je caressais la petite forme allongée sur mes jambes, qui remuait doucement ses deux queues, montrant sa béatitude.

"Et si je descendais, Shin ? Le village est bien plus intéressant." demandai-je au petit renard noir et violet.

Il se releva d'un bond en frottant son petit museau à ma main, approuvant ainsi mon choix d'activité. Je le pris dans mes bras et me déplaçai légèrement, faisant pendre mes jambes dans le vide, les joies de vivre en haut d'une tour immense. Je m'apprêtai à sauter lorsqu'au loin quelque chose retint mon attention. Je plissai les yeux et revins sur ce qui m'avait interpellée. Aux portes du château, un groupe de trois personnes semblait perdu mais pressé d'entrer. Mon cœur se mit à battre plus vite. Des aventuriers.

"- Okay, Shin, petit changement de programme."

Je reposai le petit être sur le bord de la fenêtre, accédai à mon petit bureau qui se trouvait à côté de la fenêtre, sortis un diadème d'argent du tiroir du milieu que je posai sur ma tête.

Je souris en aperçevant mon reflet dans le miroir, le diadème contrastait avec mes cheveux d'un noir d'ébène. Mon teint hâlé naturellement semblait rehausser la blancheur de ma robe, je caressai le tissu en le couvant d'un regard doux, cette robe avait été tissée dans un tissu magique qui épousait à merveille mes pouvoirs, mon père me l'avait offerte à mon dix-huitième anniversaire, cette année-là, la fête du printemps m'avait paru bien plus belle et magique.

Ce furent trois légers coups sur la porte qui interrompirent mes pensées.

J'invitai le garde à entrer et pris place sur ma chaise, érigeant sur mon visage un air désintéressé. Le garde fit une révérence:

"- Princesse ! Des aventuriers sont au château. Le Capitaine Karl vous demande de rester dans votre chambre, pour votre sécurité."

Je jetai un coup d'œil au miroir, et verrouillai mes yeux sur les deux océans qui me regardaient aussi, me défiant. Ma main retrouva d'elle-même, un objet touché déjà cent fois, cet objet qui m'avait déjà valu tant d'ennuis. Je portai instinctivement le pion de la reine à mes lèvres, puis lançai un sourire en coin à mon reflet. Je me tournai lentement vers le soldat.

"- Vous savez ce que c'est que ceci ? lui lançai-je en agitant le pion.

- Euh... c'est une des pièces d'un jeu d'échecs... hasarda-t-il.

Lettres que je n'enverrais jamais.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant