"Pourquoi diable refusez-vous l'amour que ce brave Stuart Paterson vous offre, mère ?" lança Callum à l'attention de sa vieille mère.
"Tu sais, mon fils, à mon âge, l'amour n'est plus d'actualité.
La seule chose que je souhaite à présent, c'est partir en paix."
"Je ne veux pas vous entendre dire cela, après tous les malheurs que nous avons vécus et les êtres chers que nous avons perdus.
Je pense que vous avez droit à un peu de bonheur."
"Tu penses vraiment ce que tu dis, mon fils..." lui dit-elle en lui caressant tendrement la joue.
"Mais bien sûr que je le pense, mère.
Vous avez encore de belles années devant vous, et ce bonheur, vous y avez droit."
"Et ne penses-tu pas que ce conseil serait aussi bon pour toi, mon cher fils ?" lui dit-elle en prenant sa main.
"Vous savez, mère, en ce qui me concerne, la situation est différente..." rétorqua-t-il.
"Ah bon, et puis-je savoir en quoi la situation est différente, Callum ? Tu as toi aussi le droit de retrouver le bonheur."
"Mère, je sais que vous ne voulez que mon bonheur, mais je ne suis pas en mesure d'offrir mon amour à une autre femme que Mia.
Elle est et restera le seul et unique amour de ma vie," répondit-il à sa mère.
"Je sais bien cela, mon fils. Mia me manque aussi, tu sais. Je la considérais comme ma propre fille."
"Je le sais, mère",et elle aussi t'aimait énormément.
Mais vous voyez, le peu d'amour qu'il me reste à offrir, je le garde pour ma fille.
Elle est tout pour moi."
"Tu sais, je vois bien que tout ton amour va à ta fille, et je trouve cela admirable.
Mais tu ne dois pas t'oublier dans tout cela, mon fils.
Tu es un homme, et en tant que tel, il y a des besoins que tu dois assouvir, comme tout homme.
Et ta fille, dans l'avenir, aura besoin d'un repère féminin, autrement dit, une maman.
"En entendant cela, Callum préféra couper court à la discussion.
La fuite était sa meilleure arme.
"Je n'ai pas très envie de parler de cela avec vous, mère. Si cela ne vous dérange pas, je vais rejoindre oncle Duncan à l'usine."
"Fais donc cela, mon fils. Mais réfléchis bien à ce dont on vient de parler."
"Je vous demande de faire de même, mère. Sir Paterson est un homme bien, et je suis sûr que père approuverait cette union. Il ne voulait que votre bonheur, et je pense que Paterson fera le vôtre."
"C'est vrai que Sir Paterson est un homme respectable, et je vais réfléchir à ton conseil."
Callum tourna les talons et sortit de la pièce pour rejoindre son oncle à l'usine à bois.
Eilidh, quant à elle, retourna retrouver tante Sally et Millie dans la grande salle à manger, où celles-ci étaient en grande conversation avec Lady Campbell, une amie de Sally, et sa superbe fille Élise, âgée d'une vingtaine d'années.
Eilidh était persuadée que la jeune femme aurait pu faire une très bonne épouse pour son fils et surtout une excellente mère pour sa petite fille Freya.
Mais encore fallait-il que Callum change d'avis.
"Vous avez une drôle de tête," lui dit tante Sally en la voyant entrer dans la salle à manger.
"Je viens d'avoir une petite discussion avec mon fils, et je dois dire qu'il m'a fait réfléchir sur pas mal de choses.
Mais je préfère que l'on en parle plus tard, si cela ne vous dérange pas."
"Mais non, ma chère, Vous n'êtes en rien obligée de me raconter votre discussion avec Callum'.
Si vous voulez en parler, c'est votre choix.
Eilidh lui fit un sourire et acquiesça de la tête.
Les trois femmes étaient devenues très complices.
En tant qu'amies, Sally et Millie pensaient comme Callum que Sir Stuart Paterson paraissait être un bon parti pour la chère Eilidh.
Les invités de Sally prirent congé de leur hôte et rentrèrent chez elles, satisfaites de la journée qu'elles avaient passée avec les trois femmes.
Les jours suivants, Callum resta campé sur ses positions.
Il n'y avait pas de place dans sa vie pour une nouvelle épouse.
En revanche, sa mère avait, sur les conseils avisés de son fils et de ses amis, accepté la demande en fiançailles de Sir Stuart Paterson.
Comme ils y avaient été habitués depuis des années, un bonheur n'arrivait jamais sans un malheur derrière.
Et ce fut par un après-midi orageux qu'ils apprirent le décès de Tante Erin, la mère de Cameron et Ryan McNeil.
Et tout comme l'avaient fait ses cousins avec lui, Callum se devait à son tour de les soutenir dans cette douloureuse épreuve.
Erin s'était éteinte paisiblement dans son sommeil après avoir lutté de nombreuses années contre sa terrible maladie.
Même si les garçons savaient que l'issue était fatale, ils ne s'attendaient cependant pas à ce que cela arrive aussi vite.
Ils pensaient avoir encore quelques années à passer auprès de leur mère adorée, mais ce ne fut pas le cas.
Le jour de l'inhumation d'Erin était arrivé, et les garçons étaient tous deux dans un état pitoyable,ryan, le plus jeune, était celui qui était le plus proche de sa mère, et la voir entre quatre planches était plus qu'il ne pouvait supporter.
Il n'avait pas attendu la fin de l'inhumation et avait pris la fuite pour s'enfermer dans la chambre de sa mère.
Cameron, qui savait à quel point sa mère et son frère étaient fusionnels, le laissa un moment seul dans la chambre pour le laisser se calmer.
Ryan, en larmes, était allongé sur le grand lit de sa mère.
Le coussin et les draps avaient encore l'odeur de cette dernière.
Il regardait les murs tout autour de lui quand soudain il aperçut derrière le fauteuil de la coiffeuse un petit coffre en fer sculpté, avec une lettre ficelée sur le dessus.
Il se leva pour aller voir, mais son frère frappa à la porte pour qu'il descende avec lui pour recevoir la famille.
Ryan hésita un instant, puis finalement alla rejoindre son frère.
Ouvrir ce coffre pouvait bien attendre.
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l'immortelle
RandomAprès son retour indemne de Culloden, Callum McNeil ne s'imaginait pas qu'une rencontre malheureuse lancerait sa propre famille dans un tourbillon infernal, débouchant sur l'immortalité inattendue d'un de ses proches.