petit problème

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Ben :

Natalie se tenait à côté de moi, et je ressentais un doux parfum jaillir d'elle. La jeune fille avait quinze ans, comme moi et mes autres camarades. Ses cheveux noirs lui arrivaient jusqu'à la taille, et, malgré le fait qu'elle soit muette, je ne pouvais me retenir de l'admirer pour sa détermination face à son problème de voix car ce ne devait pas être facile tous les jours. Éric, mon meilleur ami, marchait à reculons une dizaines de pas devant moi. Comme d'habitude, ses cheveux blonds n'étaient pas coiffés et se dressaient sur sa tête comme s'il s'était pris un coup de jus. Il abordait toujours un sourire moqueur qu'il portait en permanence, même devant les professeurs. Jeanne, quant à elle, demeurait silencieuse. Sa chevelure couleur châtain descendait le long de sa tête pour arriver au niveau de ses épaules. Mes trois amis et moi rentrions du lycée à pied en bavardant gaiement. Comme tous les jours, la journée avait été longue. Nous avions passés trois évaluations d'affilées, plus une dernière inattendue en fin d'après-midi. De plus, il faisait chaud et il était impossible de se concentrer sur quelque chose, surtout quand Éric m'envoyait de petits bouts de papier sur lesquelles il griffonnait des questions, pour me demander les réponses du contrôle, ou pour me demander l'heure, quand ce n'étaient pas pour me transmettre des blagues ridicules. J'étais content que la journée soit finie, et excité aussi. Mon père, Antoine, était banquier et travaillait sur la place de la ville, mais, pendant ses heures perdues, essayait des expériences dans le garage. Son rêve était de devenir scientifique, et il m'avait promis ce matin qu'un de ses testes serait prêt ce soir. J'avais pensé à cela toute la journée. Il n'avait rien voulut me dire sur ce qu'il préparait en ce moment, mais j'étais sûr que c'était quelque chose qui serait capable de m'éblouir. « Eh ho ! Monsieur dans la lune ! me héla mon ami aux cheveux blonds jamais coiffés. Redescends sur Terre !

- Hein ? Heu oui, oui. Je réfléchissais juste à quelque chose.

- Et à quoi ? demanda Jeanne, avec une touche d'inquiétude dans la voix. Tu as été dans tes pensées toute la journée. Quelque chose ne va pas ? Tu peux nous en parler.

- Désolé, m'excusais-je. Mais mon père a dit qu'il finit ce soir l'expérience sur laquelle il travaille depuis trois mois ! J'ai hâte de voir ce que c'est ! m'enthousiasmais-je. »

Natalie me tapota l'épaule. Je compris qu'elle avait quelque chose à me dire. Elle joignit les deux extrémités de ses doigts, et je réalisais avec un de temps de retard qu'elle parlait de ma maison. J'avais encore du mal à m'habituer à avoir une amie muette, même si je la connaissais et la côtoyais depuis le début de l'année, et que nous étions au début du mois de mars. « Oui, Natalie, tu peux venir voir ce que mon père a inventé.

- Et nous ? intervint Éric. On n'a pas le droit de venir goûter chez toi ?

- Mais si, bien sûr, le rassurais-je. En route ! »

Sur le chemin, Jeanne le réprimanda de trop chercher les ennuis. Il avait encore provoqué une bagarre aujourd'hui. « Pour ma défense, j'ai quelque chose d'important à dire, se défendit-il.

- Seulement si c'est sérieux, le coupa la fille aux cheveux châtain.

- Mais oui, c'est sérieux. Je ne dis que des choses sérieuses, tu devrais le savoir depuis qu'on se connait.

- Qu'as-tu à dire pour ta défense ?

- Que j'ai gagné la bagarre ! C'est super important ! »

Natalie leva les yeux au ciel, mais pas d'exaspération. J'aperçus dans son regard une pointe de joie, comme si elle était heureuse de cet affrontement amical. Je devinais tout de même qu'elle était elle aussi irritée par leur disputes incessantes. « Nous sommes presque arrivé, déclarais-je pour changer de sujet. Tenez-vous bien, vous savez à quelle point mon père tient à ce que la maison reste propre et rangée.

- Oui chef ! s'exclama Éric en se redressant bien droit. »

J'entrais dans la maison en premier pour annoncer à mon père que j'invitais mes trois amis qui me suivaient à pas de loup. J'entrais dans le garage qui lui servait de refuge, mais dès que j'ouvris la porte, un éclat bleuté m'aveugla. Je ne vis plus rien pendant plusieurs secondes. Puis, quand je rouvris les yeux, je me retrouvais dehors, au milieu de nulle part. Autour de moi, des montagnes s'élevaient haut dans le ciel. J'étais seul. Où étais-je donc ? La température avait largement chuté, et le calme qui régnait ne me rappelait aucun endroit que je connaissais. Et où étaient passé Antoine (mon père), Éric, Jeanne et Natalie ? Je sentis mon cœur s'accélérer en pensant à cette dernière. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Je ne savais pas ce qu'il venait de se passer, mais j'étais sûr que ce n'était pas quelque chose de bien.

Nous nous retrouvions tous dans la soirée. Éric m'avait d'abord trouvé, puis nous avions cherché Natalie. A la place, nous étions tombés sur Antoine qui explorait les lieux pour savoir à quel endroit nous venions d'arriver. Nous trouvions quand même celle que nous recherchions une demi-heure plus tard, perdue dans la forêt. Et, finalement, nous avions trouvée Jeanne sur la crête de la montagne. Elle s'était précipitée sur moi en me demandant si je n'avais rien. Je l'avais vite rassuré.

Le soleil était bas dans le ciel, et nous parlions autour du feu de camps. Il faisait un peu froid, et, sans mon manteau, le vent me faisait grelotter. Mon père, qui connaissait les champignons, en avait récolés pour le dîner et les avaient fait griller. Ils sentaient extrêmement bon avaient un léger goût croustillant sous la langue. « Nous ne savons toujours pas où nous sommes, remarqua mon ami au cheveux décoiffés où de petits morceaux d'herbe s'étaient infiltrés dedans.

- Je ne sais pas non plus, mais je craints que ce soit ma faute, avoua mon père.

- Pourquoi dis-tu ça ?

- Je vais vous l'expliquer, nous rassura Antoine. » Il s'assied à genoux devant le feu en tendant les mains le plus proche des flammèches, tout en faisant attention de ne pas se brûler, pour se faire réchauffer par le petit brasier.


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