Le Calme

6 0 0
                                    

Trois jours se sont écoulés depuis cette discussion avec Kev qui résonne encore dans ma tête, comme un écho lancinant.

Durant tout ce temps, je suis restée confinée dans cette chambre, Jack passant régulièrement pour déposer de la nourriture. Les rencontres avec Kev se sont limitées à ce moment effrayant, et son absence ne fait qu'ajouter à l'atmosphère oppressante qui règne dans cette demeure.

L'idée de m'échapper me trotte toujours dans l'esprit, mais la réalité brutale me rattrape à chaque fois. Si je pars, je serai sûrement traquée et tuée. Étrangement, l'idée de rester ici ne me répugne pas autant que je l'aurais pensé. Après tout, c'est mieux que d'être la victime des mauvais traitements de Victor, le souvenir de ses coups me hantant toujours.

Ce qui me soulage, c'est que, malgré la peur constante que Kev engendre, il ne m'a pas touchée depuis notre dernière conversation. Dans une certaine mesure, cela me procure un mince répit, même si sa présence reste une menace palpable.

Assise sur la chaise, le regard fixé au-dehors par la fenêtre, mes pensées se perdent dans le lointain.

Le silence de la pièce est brisé par l'entrée de Jack. Nos regards se croisent brièvement, et son expression semble m'inviter à le suivre. Il me saisit la main, une pression ferme et douce qui me pousse à me lever.

Descendant les escaliers lentement, mes pas semblent résonner avec l'incertitude qui règne en moi. Nous entrons dans le salon, où Marc et un homme sont plongés dans une discussion animée sur le fauteuil, et Nath est occupée sur le plan de travail de la cuisine.

- Je te présente Hugo, et tu connais déjà Marc et Nath, ma copine, déclare Jack avec un sourire.

Je ne savais pas que Nath était sa petite amie. Jack s'approche de Nath et lui vole un baiser.

Nath se tourne ensuite vers moi et me prend par la main.

- Viens m'aider à faire des crêpes salées. Tu sais cuisiner ?, me demande-t-elle avec un sourire.
Je secoue la tête négativement, méfiante quant à ses intentions.

Nous nous retrouvons derrière le plan de travail de la cuisine, et je l'aide pendant que les garçons jouent aux cartes dans le salon.

Kev pénètre dans la pièce, son regard se posant intensément sur moi. Gênée, je détourne les yeux et fixe la farine devant moi.

- Que fait mon esclave ici ?, lance-t-il, son regard pesant sur moi.

- Je... je ne suis pas ton esclave, je parviens à articuler, ma voix tremblante.

Kev éclate de rire, sa main nerveusement passant dans ses cheveux noirs.

- Qu'elle est devenue courageuse, cette gamine, dit-il, comme s'il appréciait ce changement.

Mes mains se mettent à trembler, une peur sourde s'emparant de moi.

- Kev, laisse la fille tranquille, veux-tu ?, intervient Jack d'un ton amusé, semblant presque s'amuser de cette situation.

Kev détourne finalement son regard de moi et rejoint les autres sur le canapé.

Nath pose sa main rassurante sur mon épaule, m'offrant un sourire encourageant qui semble m'apaiser un peu. Malgré le contexte tendu, l'attitude de Nath me réconforte et me rappelle que peut-être, au milieu de cette tourmente, il y a des alliés potentiels.

Après avoir terminé de préparer les crêpes, Nath dépose le plateau devant les garçons, accompagné d'une boîte de Nutella, puis s'installe confortablement sur les genoux de Jack. Figée derrière le plan de travail, je ne peux m'empêcher de les observer, les regardant d'un œil incrédule. Comment ces personnes peuvent-elles vivre une vie en apparence si tranquille alors qu'elles sont impliquées dans des activités criminelles, vendant de la drogue et causant le chaos ?

Nath tourne son regard vers moi, et d'un signe de tête, elle m'invite à les rejoindre. Je décline poliment, tétanisée à l'idée de me retrouver assise à côté de Kev. Mon cœur bat la chamade, et une tension nerveuse parcourt mon corps alors que je reste là, debout, appuyée contre le plan de travail.

- Mange, esclave, ne sois pas timide, susurre une voix derrière moi, faisant presque sursauter.

Les mots me rappellent brutalement ma situation, me ramenant à la réalité oppressante de ce lieu. Lentement, je me retourne pour faire face à Kev, mon regard croisant le sien. Ses traits semblent s'être adoucis, son visage arborant une expression étonnamment douce. Je ne peux m'empêcher de remarquer la teinte grise magnifique de ses yeux, captivants et mystérieux, qui me laissent momentanément sans voix.

Il avance vers moi, un pas après l'autre, et involontairement, je recule, me heurtant à l'une des marches de l'escalier. Mon pied tangue, et je suis sur le point de tomber lorsque Kev agit promptement, m'attrapant par le dos pour m'empêcher de basculer. Nos regards se verrouillent dans une étreinte silencieuse, un échange de sentiments et de compréhension qui se déroule sans mots.

Mon cœur martèle dans ma poitrine, l'intensité du moment m'envahissant alors que nous restons ainsi, figés dans une proximité inattendue.

Kev détourne lentement le regard, me redresse doucement et sans un mot, il quitte la salle. Je reste là, mon souffle encore irrégulier, le corps vibrant de l'échange fugace mais intense que nous avons partagé.

La tension qui semblait persistante s'est estompée, me laissant en proie à des émotions contradictoires. Alors que je reprends lentement mes esprits, je me sens submergée par une curiosité mêlée à un sentiment de vulnérabilité.

Une nouvelle dynamique s'est installée, me rappelant que, derrière la façade sombre et menaçante de Kev, il y a peut-être des couches cachées que je ne comprends pas encore. .

MOn ESCLAVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant