Chapitre 6

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— On passe par là avant qu'elle nous voit ? m'avait Alph dit en me chatouillant l'oreille de son souffle.

Son bras désignait un passage au fond du sous-sol. Celui-ci menait à une fragile planche en bois qui faisait office de porte extérieur. Oui, on passera par-là mais je lui fis signe d'attendre.

Il n'eut pas l'air de comprendre. Il me tirait par le bras pour me presser. Je grimaçais.

— Il y a quelqu'un ici ?... Qui a volé mes documents ?

La voix impatiente de Sarya me ramenait à mon sentiment d'urgence. Elle s'agitait à en retourner son bureau.

D'un mouvement je signalais à Alph de regarder autour de lui. On était entourés d'étagères de livres. Ce n'est pas pour rien qu'on était là. Tout dans le silence et la respiration suspendue, je fourrais plusieurs ouvrages dans les bras de mon acolyte.

— Des livres de cuisine ? Pourquoi ? Qui utilise des livres de nos jours ? s'exaspéra-t-il à mi-voix.

Sans un mot, je détachais la fausse couverture d'un des livres. Il sut. Ce ne sont pas des objets au sujet si insignifiant. Leur vrais titres étaient plutôt "Comprendre les humains, leur culture, leur langage, leur particularités."

— Je dois traduire les documents avec ça. affirmais-je en me penchant près de lui pour ne pas que Sarya m'entende. Prenons tout ça. Sortons. On court.

La planche qui couvrait notre accès à dehors, craqua soudain bruyamment lorsqu'on s'en affranchit. Je sus qu'il fallait faire vite. Le temps. Tout se jouait grâce à lui. J'entendais déjà les pas de Sarya se précipiter vers le sous-sol.

J'eus l'occasion d'apercevoir furtivement un de ses regards furibonds. Sans plus réfléchir, je courrais. On arriva très vite dans une allée large et passante après avoir quitté la maison. Un trafic de bulles se faisait plus ou moins au-dessus de nous.

Tous les terminus des bulles communes se trouvaient non loin de Memories River. Il nous manquait plus qu'à en trouver une pour rejoindre notre sortie scolaire. Je suivais Alph. Son corps faisait de grandes enjambées sans soucis, quand bien même, je l'avais surchargé de mes livres.

— Là ! me lança Alph d'un ton nerveux. Une bulle commune. Cours !

— Mais elle est en train d'avancer. On va pas la faire s'arrêter en la rattrapant quand même ?

J'avais de courtes respirations. Ma peau chauffait de l'intérieur sous l'effort physique. Les Zolins n'ont pas de rougissements de la peau et ne transpirent pas. Mais ça ne m'étonnerait pas que j'ai les joues rouges. Je me fiche bien de devoir le cacher pour une fois.

— Si tu ne me penses pas capable de cela, tu te trompes. Dépêche ! J'ai vu Sarya nous suivre.

— Je sais. Mais... Alph !!

À peine ais-je dis ça que je le vois déjà se précipiter sur la route. Mes muscles se tétanisèrent. 

À cause du manque de sensibilisation, on croit qu'une bulle ne peut pas tuer. Mais c'est indestructible. Lancée à cette vitesse, je ne m'étonnerais pas des dégâts. Impossible de ne pas assassiner quelqu'un qui s'interpose sur les routes. Même la volonté et le réflexe du conducteur ne suffirait pas. Il n'a pas suffisamment de temps de réaction physique et cérébrale possible.

Je restais là sur le bord, un instant paralysée. Puis je m'élançais vers Alph. Des points noirs dansaient dans ma vision. Je ne m'en préoccupais pas. Mon regard et mes actions restaient rivés sur lui. C'est tout ce qui compte ! [Transcription de l'image : Silhouette noire féminine ayant quatre doigts à chaque main. Wafa qui court]

Wafa et les ZolinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant