Chapitre 7

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Wafa

Les ténèbres m'enveloppaient. Ce n'était qu'une question de secondes avant qu'Alph, moi, les documents soient découverts sous la lumière.

— Alors vous n'étiez pas partie, vous deux ! Nous mentir pour vous échanger des confidences dans les bras l'un de l'autre, hein ? s'élance Drum en dévoilant la pièce au grand jour. 

Il était debout devant nous. Mon étrange réflexe fut de rester dans les bras d'Alph et même de m'y blottir plus franchement. Je sentais ses doigts fins glisser dans mes cheveux. 

— Je pense que vous aurez chacun droit à une prompte correction. Néanmoins, il faut toujours laisser les coupables plaider s'ils le veulent, pour plus d'équité. Alors je pourrais vous laisser vous exprimer. Mais c'est grave d'avoir faire croire à votre fuite. Ou même d'avoir réellement fuit, que sais-je ? Vous êtes sous notre responsabilité !

Je crois que je comprenais son inquiétude. C'est un professeur ayant la vie d'élèves entre ses mains. Je faisais profil bas. Je méritais ces remontrances. C'est la première fois que je voyais Drum si... exaspéré, déçu face à moi. Il était même décontenancé. Son regard avait l'air de nous dire "Mais que vais-je faire de vous ?"

Je ne savais quoi lui répondre.

— Vous serez de corvée vaisselle pour tout le monde. Ça vous fait plus de deux-cents couverts à laver. A deux ça devrait aller, c'est une juste peine. 

Je n'avais rien à redire. Je savais cela juste, oui. Je n'étais pas figure d'autorité. Je devais ne rien contester et me ranger dans les cases ces prochains temps. Ainsi on m'oubliera plus facilement.

J'avais le souffle coupé. J'attendais. Qu'il parte. Il fallait que je range les papiers derrière moi avant qu'il ne les lise. Les supports non numériques ne sont pas courants ici mais, en même temps c'est ce qui permet d'éviter au mieux une fuite d'infos. 

Pourquoi Drum restait-il là ? Planté face à nous. 

— Plaiderez-vous ? Avez-vous une explication de votre comportement à m'offrir ?

— Non. m'empressé-je de dire. Non monsi...

— Si. me coupe Alph. Un jour, tout le monde comprendra que ce n'est pas en punissant les gens, que ceux-ci reconnaitront leur devoir d'obéissance et de servilité envers leur punisseur. Ce sont souvent les personnes qui s'octroient le droit de punir qui poussent les autres à la révolte !

Les yeux de Drum s'illuminent. Serait-ce de la désapprobation ? De la colère ? De l'étonnement ? Je crus même voir de l'admiration. Peut-être un peu de tout ça.

— Alph ! je m'offusque soudainement, il ne fait que son travail. Tu ne peux pas lui en vouloir !

— Es-tu en train de me prévenir que tu vas te révolter, Alph ?  

Le professeur était intervenu avec un calme calculé et mesuré. Sa tranquillité semblait dissimuler des airs de défis. 

— Peut-être. 

Alph mordait à l'hameçon. Sa voix et son expression avait pris une allure désinvolte. Je lui grogne à voix basse :

Ne peux-tu pas savoir quand te taire ?

Dans un sursaut, je plaquais mes mains sur ma propre bouche en pestant contre ma bêtise. Je venais de parler en Dialecte, comme à chaque fois que je suis seule et que j'organise à voix haute des choses qui se bousculent dans ma tête. J'ai oublié que je n'étais pas seule. Je fermais les yeux un temps. Quand je les rouvrir, Drum, toujours là, me toisait d'un regard étrangement inquisiteur, sans peur. Signe qu'il avait perçu que je ne parlais pas comme eux. Il reprit tout de même comme si rien d'anormal s'était produit : 

Wafa et les ZolinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant