Chapitre 3: Debut de folie

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La nuit était tombée avant même que je ne puisse m'en apercevoir, et j'étais encore secoué par la tournure qu'avait pris les événements. Je tue des traqueurs, je les vois même manger des restes humains parfois, alors pourquoi cette fois-ci... pourquoi je me sens si mal ? Si coupable ?  Est-ce que c'est parce que j'avais fait le choix de ne pas sauver cet homme ? Mais putain qu'est-ce qui m'arrive...

Je faisais les cents pas dans ma maison en me répétant sans cesse « c'était sa faute, pourquoi il a tiré, pourquoi ?? » j'essayais de me rassurer du mieux que je pouvais, mais rien à faire, j'avais cette impression d'avoir tué un innocent.
C'était bien la première fois que j'étais confrontée à un tel sentiment d'amertume. Je me suis dite qu'essayer d'ignorer tout ça m'aiderait au moins un peu, mais pour ça il faudrait déjà que je réussisse à trouver le sommeil... sauf que je n'y arrivais pas, c'était trop dur. J'étais apeurée à cause des Traqueurs qui étaient nombreux dehors, et j'étais triste aussi. Un mélange d'émotions qui ne m'aidait pas du tout. Au moindre petit bruit dehors, je saisissais la hache.

J'ai des issues de secours, mais elles ne sont qu'à sens unique, pour sortir en cas de besoin uniquement.
Je dois tuer ces choses, mais il me faut un plan. J'avais cette vague impression que si je n'en trouvais pas un sur le champ, ce serait moi qui finirais par périr tôt ou tard.
Je finis par m'arrêter de tourner en rond avant de jeter un coup d'œil vers l'horloge qui fonctionnait encore grâce aux piles neuves que je me procurais régulièrement en allant faire mes "courses".  Il est minuit. Je ne me suis toujours pas débarbouillée de tout le sang sur mon corps. C'était quoi cette journée ? J'ai tué un gosse, purée, un gosse... traqueur ou pas, c'était un gosse bordel... et ce type... lui aussi, je l'ai tué indirectement. Je me suis mise à faire une crise de panique, imaginant que c'était la fin, que c'était mon moment. Je tremble, je commence à vomir pendant de longues minutes et seuls mes pleurs incessants finissent par envahir la pièce muette. La peur avait pris le contrôle.

Je regarde l'horloge à nouveau et il est maintenant 2:27 du matin. J'ai un plan. Je sens qu'il va marcher, mais ça, c'est si je m'y prends bien. Je me muni de la hache. J'entre ouvre les rideaux avant de jeter un coup d'œil dehors pour repérer et compter les Traqueurs. Beaucoup sont partis, mais d'autre sont restés. Je les comptais au nombre de treize. Ils avaient quasiment tous le corps sculpté de la même façon. Fin, athlétique, et ils semblaient tous rapides. Alors que je les analysais, un d'entre eux tourne la tête rapidement vers ma direction. À ce moment précis, je pris peur avant de fermer précipitamment le rideau.

J'ai longuement attendu, mais mon sommeil eu raison de moi. Je finis par m'endormir peu de temps après.

Je me réveille en sursaut, mon corps me rappelait à l'ordre. Je devais passer à l'action. Malheureusement, j'ai été trop bête. Ou peut-être trop lâche. La nuit était passée et mon plan était donc injouable pour le moment. Je vais devoir rester une journée entière enfermée dans la maison, pas de petit rituel pour aujourd'hui, juste moi et Negan... après tout c'est mon quotidien de ne pas sortir. Mais bizarrement, aujourd'hui, ça m'affecte. Peut-être qu'au fond, je voulais sauver cet homme. Peut-être qu'au fond, j'en avais marre d'être seule. Peut-être même que j'étais prête à en assumer les conséquences et vivre avec lui si besoin, même s'il était idiot, débile, car il utilisait une arme à feu de façon irréfléchie.

Je me dirige vers la cuisine et décide de me faire à manger étant donné que je n'avais rien avaler la veille. Les cris et supplications de l'homme s'étaient rejoués encore et encore dans mon esprit jusqu'à m'en couper l'appétit.
Je décide de prendre des céréales avec de l'eau. Le lait est rare, ça fait longtemps que je n'en ai pas bu. Pendant que je mangeais, des flashs refirent surface pour la énième fois. L'enfant d'hier avec ma hache dans sa tête, le bruit de la chair de l'homme qui se faisait arracher. Ça tournait en boucle dans ma tête, je n'en pouvais plus, c'était horrible. Je finis par perdre mon sang-froid, d'un coup toute la pression finis par se relâcher d'un cri strident : « STOOOOP » tandis que le bol de céréales s'écrasa bruyamment contre le sol.

J'étais littéralement tourmentée. J'allais devenir folle.

C'était une réaction un brin impulsive, je le conçois. Mais allez tuer un enfant et essayez de rester l'esprit calme après ça et vous m'en donnerez des nouvelles.

Je décide de me recouvrir avec un manteau. Je saisis ma hache, et d'un pas déterminé, je me hâte en direction d'une issue de secours. Je franchis l'arrière de la maison, puis cours afin d'arriver à l'avant en faisant le tour. Mon bazar avait effectivement attiré les Traqueurs. J'étais loin, très loin d'eux. Ayant une idée bien claire en tête, je décide de faire sonner le système d'alarme. Un des Traqueurs tourne la tête et me voit avant de s'élancer dans ma direction. Les autres autour de lui, alertés, suivirent le mouvement.

J'ai couru de toutes mes forces vers la plage, mais malgré ça, un Traqueur, c'est loin d'être lent. Quand ils repèrent leur proie, ils ne la lâchent pas d'une semelle. À moins de se rabattre sur une autre bien plus intéressante.

Deux d'entre eux m'ont rattrapée, ni une ni deux, je plante la hache dans la tête du premier. Au moment où le deuxième arrive, la hache reste plantée, je n'arrive pas à la retirer. Putain j'suis vraiment dans la merde.
Le Traqueur me saute dessus et m'attrape. Il essaie de dévorer mon bras, mais le manteau était assez épais, donc il n'arrivait pas à le déchirer avec ses dents. Je saisis une grosse pierre au sol et lui assène un énorme coup à la tête, il tombe à ma gauche, je me retourne sur lui et je lui assène des coups à la tête encore et encore jusqu'à ce que sa tête explose.

Les autres Traqueurs ne tardent pas à se montrer à leur tour, et je parviens enfin à retirer la hache. "Aller venez !!" Je criais en serrant ma hache sur mon corps. "Venez bande de créatures sans cervelle, je vous attends!!" Ils étaient onze et ils formaient un cercle autour de moi. J'ai toujours vu juste, ils évoluent comme de vrais chasseurs, tout en restant débile. Ils m'ont tous sauté dessus en même temps, je pensais que c'était fini, je m'y étais préparé, mais une sorte d'instinct de survie prit le contrôle de mon corps. J'avais l'impression de ne pas ressentir la peur, tout était au ralenti autour de moi, je pensais que ça n'arrivait que dans les films pour être honnête. C'était peut-être parce que j'allais mourir, une sorte de dernière volonté avant la mort.

Ils me sont tombés dessus. Ils étaient entrain de me dévorer, mais je ne réagissais même pas. Comme si j'étais insensible à la douleur. Ils m'ont arraché mon bras gauche, puis ont ouvert mon ventre, mais je ne sentais rien. J'entendais les mêmes bruits... les mêmes bruits que produisait son corps quand les Traqueurs l'ont dévoré.

Et c'est à ce moment précis que...

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 08, 2023 ⏰

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