Chapitre 3

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L'après-midi venait de se terminer par le cours ô combien intéressant d'histoire. Evidemment, je n'en avais rien retenu : je ne parvenais pas à me sortir l'événement de ce midi de la tête. Pourquoi étaient-ils partis discuter à l'écart ? Pauline ne s'en inquiétait pas le moins du monde. Etait-elle au courant de ce qu'il s'était passé ? Enzo lui avait-il parlé de ce qu'il comptait dire à Amélie ? Cela signifierait qu'ils sont tous contre moi. Pourquoi suis-je la seule qui ne sache rien ? Tandis que je descendais les escaliers vers la cour du lycée, je serrai les poings pour contenir ma frustration. Même Amélie ne m'avait rien dit. De toute façon, elle ne m'a pas parlé depuis ce midi. Je suis persuadée qu'elle m'évite... Je voulais rentrer avec elle, pourtant. Que l'on aille à la boulangerie, acheter quelques bonbons avant de les manger, assises sur le banc, en attendant que le bus arrive enfin. Je me renfrognai intérieurement. Aujourd'hui, je rentrerai seule. A quoi bon essayer de rester avec elle, si elle ne veut plus de moi ? Je traversai la cour rapidement, rajustant mon sac à dos sur mes épaules. Plongeant mes mains dans mes poches, je suivis la rue qui menait à l'arrêt du bus. Un sentiment de trahison m'habitait et j'aurais voulu m'en débarasser au plus vite. Mes amis ne me font-ils pas confiance au point d'avoir des secrets pour moi ? Sont-ils réellement mes amis dans ce cas-là..? J'en ai assez de réfléchir. Il me faut une solution. Quite à griller mes quelques neurones, autant que ce soit pour la bonne cause. Ce soir, j'enverrai un sms franc à Amélie, lui demandant ce qu'Enzo lui a dit à la récréation du midi et pourquoi, par la suite, elle m'a évitée. C'est sans doute un peu trop direct. Mais comment lui faire avouer ce que je veux qu'elle m'avoue ? Arf. Je me tapai le front avec la paume de ma main, avant de soupirer. Pourquoi, bon sang, ne suis-je pas née intelligente ? Eventuellement, quelque chose m'échappe et si je l'avais été, j'aurais déjà saisi cette "chose". J'aurais voulu me frapper la tête contre le mur à ma gauche, que je longe depuis cinq bonnes minutes. S'il n'y avait pas quelqu'un dans cette même rue. Sur ce même trottoir. Tourné vers moi. Me regardant. Je m'arrêtai soudainement. Amélie se tenait à quelques mètres devant moi, sans que je ne l'ai vue auparavant. Elle me fixait intensément, ses poings étaient serrés mais son regard témoignait d'une immense anxiété et ses mains tremblaient. Je penchai légérement la tête de côté : je ne l'avais jamais vue ainsi, jusqu'à maintenant. Elle s'approcha de quelques pas, sans pour autant venir juste devant moi. Elle respira profondément plusieurs fois, alors que j'essayais de ne pas m'enfuir. L'inquiétude me gagnait peu à peu : va-t-elle me dire quelque chose ? Elle n'est clairement pas à l'aise... Qu'est-ce qui peut bien la mettre dans un tel état ? Pendant que je réfléchissais à mille et une possibilités, elle fit un pas vers moi. Un seul. Elle releva la tête, pour plonger son regard dans le mien. Mon cerveau se déconnecta. Elle ouvrit la bouche. Mon coeur lâcha. Et lorsqu'elle parla, je ne pus me rappeler que des mots qu'elle prononça :

"Jet'aime Thalya."


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