Chapitre 7

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Après cette dernière offensive, je me suis retournée, prête à rentrer enfin chez moi. Je serais allée prendre le bus, seule. Je serais arrivée à la maison, saluant à peine ma mère. Je serais partie m'enfermer dans ma chambre. Je me serais laissée tomber sur mon lit, regrettant mes paroles. Je me serais détestée au point d'en tomber malade. J'aurais été incapable de retourner au lycée, pendant des mois. J'aurais finalement changé d'établissement. Je ne l'aurais plus jamais revue. Je l'aurais oubliée.

Mais elle a tout bouleversé. D'un simple geste, elle a changé ce futur. Elle a juste attrapé ma manche. Elle a à peine exercé une pression sur mon vêtement. C'est ce qui m'a retenu. Je me suis retournée une nouvelle fois, vers elle. Et la vision que m'offrait mes yeux acheva de me convaincre de rester.

Sa main tenant mon tee-shirt tremblait et son visage encore ruisselant de larmes était orienté vers le sol, de sorte à ce que je ne puisse voir ses yeux. Son autre main était serrée, tandis que ses sanglots avaient cessé pour laisser place à une respiration difficile.

"Amélie, laisse m-" commençai-je.

"Non. –me coupa t-elle. Sa voix, hésitante et apeurée précédemment, était subitement devenue plus ferme, comme si elle avait repris confiance en elle- Tu m'as dit ce que tu pensais de tout cela, à l'instant. Maintenant c'est à mon tour. Ce serait injuste que tu puisses dire ce que tu as sur le coeur, si je ne peux pas faire de même. –elle serra un peu plus fort ma manche- Donc tu vas rester là et tu vas m'écouter."

J'avoue avoir été surprise sur le moment : je ne l'avais jamais vue aussi déterminée et aussi autoritaire. Elle est, d'ordinaire, le genre de fille à se laisser marcher dessus. Autant dire que cela changeait radicalement. Sans oser la contredire, j'acquiesai en silence. Elle prit une grande inspiration, lâcha mon habit et se lança dans un discours dont, j'en suis persuadée, le souvenir est aujourd'hui encore intact :

"Oui, j'ai été stupide, idiote, imbécile d'accepter la proposition d'Enzo. Oui, j'aurais dû me douter qu'il y avait une chance sur mille que cela tourne mal. Oui, je m'en veux énormément de t'avoir fait ça. Mais... –sa voix buta soudainement. Elle dut respirer calmement un instant, avant de lâcher le reste de sa phrase- ... Je suis lâche, Thalya. A vrai dire, j'ai longtemps espéré qu'une occasion comme celle-ci se présente. Parce que je ne pouvais te dire "ça" de mon plein gré. Il fallait quelque chose qui m'y obligerait. Et malheureusement, ce "quelque chose" fut la blague idiote d'Enzo. Je suis lâche. Et je suis égoïste. Sans réfléchir aux conséquences, j'ai directement accepté. Tu n'imagines pas ma joie quand... –ses yeux se remplirent légèrement de larmes et les sanglots coincés dans sa gorge l'empêchèrent de parler correctement- Quand j'ai pensé au fait que... Que je pouvais te dire ce que je ressentais...! Et que.. Si jamais ça ne marchait pas.. J'aurais juste eu à sourire et à crier joyeusement "poisson d'avril ! Même si l'on est en octobre !" pour cacher ma tristesse..! Mais.. Ce n'est pas ce qu'il s'est passé et... J'ai été tellement surprise...! Comment.. Comment aurais-je pu imaginer la possibilité que tu m'aimes aussi..? C'est pour ça.. Que j'ai fui.. Et même si j'étais restée, que se serait-il passé..? J'aurais voulu retourner en arrière pour mieux t'avouer mon amour.. Mais pourtant, je savais que sans cette "blague", j'en aurais été toujours incapable..! Ces sentiments m'étouffaient, Thalya.. J'en avais peur car je ne pouvais les avouer.. Je ne suis pas assez courageuse pour ça... –elle baissa la tête, ses poings fermés comme pour s'éviter une nouvelle crise de pleurs- J'étais en train de suffoquer...

A cet instant, je me sentis bête à en pleurer à mon tour : comment n'avais-je pu imaginer qu'elle vivait ce torrent d'émotions, qu'elle gardait pour elle-même ? J'aurais voulu le découvrir pour l'aider, pour lui dire qu'elle n'était pas seule, pour la soulager de tous ces ressentis..! Juste pour lui faire savoir que je l'aimais aussi...! Attends.. "Aussi"..? Oui, c'est évident. Mes deux neurones se connectèrent et l'illumination se fut : elle m'aimait aussi. Tout ce qu'elle venait de me dire.. C'était une confession, aucun doute. Pourtant.. Je voulais en avoir le coeur net. Bien que celui-ci battait déjà à 100km/h.

"Amélie.. Ca veut dire que... Hier, tu..?"

Elle rougit tellement que quiconque l'aurait croisée aurait pu l'appeler "soleil couchant". Je me retins de la fixer niaisement tant son visage était adorable. Elle s'efforça de calmer ses émotions et reprit :

".. Oui.. Je... J'ignore comment te le prouver suite à ce qu'il s'est passé.. Mais sache que...! –elle releva la tête, une lueur de défi dans son regard- Tu es quelqu'un d'adorable, Thalya ! Tu es toujours là pour tes amis, non pas seulement pour mo. Tu es attentionnée plus que quiconque et si quelqu'un va mal, tu sais comment lui rendre le sourire. J'ai toujours pensé que ta gentillesse n'avait aucune limite. –dans cet élan de courage, elle en venait presque à crier ses phrases. Elle voulait s'en débarasser à tout prix. Elle voulait les hurler pour que son coeur en soit enfin soulagé- Tu as souvent le mot pour rire et tu ne reproches jamais rien à personne. Et moi, je.. –ses yeux se firent plus doux et la rougeur de ses joues revint- Tu as toujours été à mes côtés, incapable de me laisser plus d'une heure. Tu étais là pour m'aider, n'importe où, n'importe quand. Tu prenais soin de moi chaque jour. Mais ce n'est pas pour ça que je t'aime.. –mon esprit devint une apocalyspe à lui seul lorsque cette phrase me heurta ; puis, il devint blanc et vide lorsqu'Amélie enlaça mon dos, serrant assez fort pour que je ne puisse pas m'enfuir- Je t'aime parce que tu es toi-même, Thalya... –elle enfouit son visage dans mon tee-shirt ce qui me fit frôler la crise cardiaque- Je suis désolée de ne pas avoir été honnête... Pardon.."

Je l'enlaçai doucement en retour, posant mon menton sur ses cheveux.

"Ce n'est rien... Je suis heureuse que tu aies pu me le dire.. –ses mains se refermèrent un peu plus sur mon vêtement- Mais il manque quelque chose, non..?"

A peine eu-je dit cette phrase, qu'elle releva la tête, me contemplant avec anxiété. Je souris légèrement avant de poser mon front contre le sien, murmurant :

"... Veux-tu être ma petite amie, Amélie..?"

Son visage devint encore plus écarlate qu'il ne l'était déjà, si toutefois c'était encore possible. Au lieu de se cacher comme à son habitude, elle souria joyeusement et me murmura en retour, d'un ton ironique :

"C'est une blague..?"

Jen'eus pas à répondre, je suppose. Aujourd'hui encore, il me suffit de merappeler de nos deux sourires et de nos bras enlacés pour savoir que non, cen'était pas une blague.


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Hé oui, c'est déjà la fin de cette histoire :3 Merci à vous tous de l'avoir lue, cela me touche énormément ;_; J'espère qu'elle vous a plu malgré les fautes de syntaxe et de grammaire >w<

Encore merci à vous ! :3 ♥


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