Chapitre 9 - Perturbation

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Musique : Je te le laisserai des mots - Patrick Watson


Il commençait à se faire tard et je n'avais toujours pas trouvé le sommeil. Heureusement, demain, c'est dimanche et je ne travaille pas. Mais ce n'est pas pour autant que j'aie le désir de passer une nuit sans sommeil.

J'essayais tant bien que mal de trouver le sommeil, allongée sur mon lit, je n'arrêtais pas de me retourner, ne trouvant pas le calme intérieur. Puis, comme d'habitude, dès que je fermais les yeux, c'était toujours la même histoire, de vieux souvenirs venaient hanter mon esprit.

Je ne comprenais pas vraiment pourquoi ils apparaissaient comme cela, dans ma tête, en boucle. Pendant très longtemps, j'ai réussi à vivre sans eux, puis un jour, je me suis souvenue de tout. Depuis, sans mon consentement, mes souvenirs passés de mon enfance resurgissaient, me forçant à me remémorer de chaque détail.

Par la suite, j'ai trouvé une échappatoire à ces pensées.

C'est cette même échappatoire qui, aujourd'hui, était la source de tous mes problèmes.

Auparavant, je n'avais pas conscience des conséquences qu'engendrait le cannabis sur ma santé, aussi physique que psychique.

Après coup, j'ai compris à quel point ça m'était quotidiennement néfaste.

J'ai commencé à ne plus pouvoir, ni gérer ni diminuer ma consommation. Mes changements d'humeur sont devenus incontrôlables, le shit me rend très irritable et paranoïaque, devenant ingérable pour toute personne me côtoyant. Je me suis finalement retrouvée à m'isoler. C'est à ce moment-là que mes troubles du sommeil et ma perte d'appétit sont apparus.

Mes interactions sociales devenaient de plus en plus rares et ma consommation, d'autres drogues, se faisait plus fréquente. Je me tuais petit à petit, lorsqu'au fond de moi, c'était ce que je désirais.

En raison de mes repas qui se faisaient de plus en plus rares, mes maux d'estomac ont commencé, me rappelant sans cesse comment j'en étais arrivé là, rendant chaque minute de ma vie infernale.

Alors, de nouveau, je me renfermais un peu plus dans le shit, laissant un vide intersidéral en moi.

Mentalement, je n'arrivais plus à rien. J'avais arrêté d'aller à la fac, arrêté de voir mes amis et arrêté d'avoir envie de vivre.

Il aura fallu que je me ressaisisse, me rendant compte que la vie mérite d'être vécue. Bien évidemment, il m'aura fallu du temps pour m'en rendre compte. Il est compliqué de positiver lorsque l'on broie du noir. Ça n'a pas été simple, mais au fond de moi, je l'ai toujours su, j'avais envie de me laisser une chance de pouvoir vivre ma vie.

Pour cela, j'ai dû effacer de ma mémoire toutes les choses que l'on m'avait répétées durant mon adolescence. Je ne suis pas du genre à prêter attention à l'avis des autres, mais lorsque ça vient de sa propre famille, pendant les années où l'on est censé se construire, c'est dur de garder espoir en un avenir meilleur.

Depuis, j'avais grandi, m'étais forgée mon propre caractère, enchaînée les erreurs, tombée dans une dépendance, touchée le fond et pour finir, avais décidé que plus jamais, je ne perdrais confiance en moi.

Je me suis reprise en main, j'ai trouvé un travail, j'y vais et je paie mon loyer.

Tandis que, d'un autre côté, j'ai ma dépendance qui me ramène toujours à la réalité. Même lorsque tout va pour le mieux, elle est constamment là pour me rappeler comment tout cela a débuté. Par conséquent, cela me rappelle pourquoi j'ai commencé. J'ai commencé pour oublier. Oublier quoi ? C'est là où commencent les problèmes, justement, je ne veux pas m'en souvenir. Et lorsque je veux ne pas me souvenir, dans quoi, je me réfugie ? La fumette.

Mauvaises GrainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant