Mauvaises Graines

Chapitre 20 - Éclosion

Madame Giovanni et moi passions un agréable moment dans l'eau. Je ne l'avais jamais vue autant rire que ce soir. Surtout quand il s'agit de m'immerger la tête sous l'eau. Je ne pourrai compter le nombre de fois où j'ai bu la tasse, cette femme est une vraie vipère.

N'importe qui peut percevoir la haine dans vos yeux, Garcia. À quel outrage ai-je eu le droit cette fois ?

Toujours en train de m'analyser et de lire dans mes pensées, celle-là.

Vipère....

Dis-je d'une voix sifflante.

Encore ce nom ! Décidément, quel manque d'originalité.

Me répond-elle avec un sourire en coin et son ton habituellement hautain.

Je vais finir par préférer lorsque vous ne souriez pas.

Immédiatement, elle le retire. Comme si je venais de lui faire prendre conscience de son sourire.

C'est trop tard, maintenant. Je l'ai vue !

Dis-je tout nageant pour m'approcher d'elle.

Instantanément, par réflexe, elle se mit à battre en retrait.

Ce soir, j'avais bien envie de l'emmerder un peu.

D'une agile rapidité, de ma main droite, je viens attraper son poignet.

Pourquoi me fuyez-vous constamment ?

Elle garde son ton habituellement impénétrable et vient me regarder droit dans les yeux, approchant un peu plus son visage.

Je ne vous fuis pas, Garcia. Un jour, vous comprendrez que je ne tiens qu'à maintenir votre protection.

Je m'approche un peu plus d'elle. Son poignet toujours entre mes doigts, je ne peux savoir à quel point nos corps sont proches, cachés par le bleu foncé de la mer.

De quoi me protégez-vous exactement, Madame Giovanni ?

Elle encre encore plus profondément son regard en moi.

D'aller en prison, lorsque je suis votre avocate. De mourir, lorsque je suis votre marraine.

Elle était fière de sa réponse. Elle arborait un sourire plein de confiance sur son visage.

Et lorsque vous n'êtes ni l'un ni l'autre ?

Je ne suis jamais ni l'un ni l'autre, Garcia.

C'était à mon tour d'exhiber un sourire triomphal. Je savais qu'elle allait me répondre cela.

Bien, en ce moment présent, qu'êtes-vous alors ? Mon avocate peut-être ? Vous m'avez très certainement suivi dans l'eau pour vous assurer que je ne conduise aucun sous-marin sous l'emprise de quoi que ce soit.

J'avais un sourire narquois sur les lèvres.

Ne jouez pas les arrogantes avec moi, Garcia. En cet instant, je suis votre marraine, cela va de soi.

Bien évidemment, cela va de soi, une marraine qui est prête à suivre sa filleule dans ses bains de minuit. Vous avez donc déjà fait la même chose avec toutes les personnes dont vous vous êtes occupée avant moi ?

Assurément, Garcia.

Soudainement, mon corps se mit à bouger sans même que je ne réfléchisse. Ma main droite lâche le poignet de madame Giovanni et ma main gauche, toujours dans l'eau, décide de s'avancer vers le corps de ma marraine.

D'un instinct inhumain, je dirais même, animalier, d'une rapidité que j'avais découverte il y a encore très peu de temps, madame Giovanni esquive le toucher de ma main.