Chapitre 14 - Était-ce la bonne décision ?

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Madame Giovanni venait de m'appeler par mon prénom ? Visiblement, lorsqu'elle est bourrée, elle oublie de fléchir aux règles qu'elle se fixe constamment.

Elle continuait à me regarder d'un regard perçant. Je dirais même qu'elle me suppliait du regard.

Je ne pouvais assister à cette scène, ni même résister à ces yeux.

Instinctivement, mes yeux se fermèrent.

Qu'étais-je censée faire ? Madame Giovanni, était-elle réellement en train de me demander de ne pas partir ? La dernière fois que j'ai vu cette femme, elle me disait d'arrêter de me prendre pour le centre du monde. Désormais, elle avait bien l'intention de me faire regretter mes paroles de la veille.

Alors que mon avocate avait toujours sa main accrochée à mon poignet droit, je sentais un contact s'arrêter doucement sur ma joue. Sur ce contact chaud, mon corps se pétrifia.

J'ouvre les yeux. 

Madame Giovanni était encore plus proche qu'avant et avait à présent son autre main posée sur ma joue.

Elle me regardait encore plus intensément qu'avant, puis, d'une voix sifflante, me dit.

Gabrielle, vous... vous allez bien ?

Sa voix paraissait si fébrile, son inquiétude se ressentait à travers son intonation.

Depuis quand laissait-elle transparaître autant d'émotions face à moi ?

Tout d'un coup, la femme avec qui madame Giovanni avait passé toute la soirée, tira le bras de mon avocate brusquement en arrière. Ce qui anéantit le contact qu'il y avait entre sa main et ma joue.

Son mouvement me ramena à la réalité.

Cette femme est époustouflante, personne ne peut le nier. Pourtant, la scène à laquelle je venais d'assister, la toute première marque de faiblesse de la part de madame Giovanni, était pour moi une vision d'horreur.

Je n'avais pas le droit de la voir dans cet état.

Je devais partir et sur-le-champ.

Je recule d'un pas, brisant le dernier contact entre madame Giovanni et moi, sa main attachée à mon poignet.

J'ouvre la bouche.

Mais aucun son ne réussit à s'échapper de mes cordes vocales.

Je n'ai pas réussi à lui dire au revoir.

Ne pouvant plus supporter l'intensité de son regard, je repris ma direction initiale, la porte de sortie du bar.

Sans même me retourner, j'avais mis les voiles.

Une fois les personnes enjambées, je réussis enfin à franchir les portes du bar.

À nouveau, je respirais. Mon premier réflexe étant de fermer les yeux, la réflexion que m'avait faite madame Giovanni dans sa voiture me revient en mémoire.

Pour une fois, je ne m'arrêtai pas devant le bar, je devais le fuir et au plus vite.

Tout le long de mon chemin, mon esprit avait été rempli de suppositions et de remords. Je m'en voulais de l'avoir laissé alors qu'elle m'avait demandé de rester.

Et puis merde, c'est une grande fille, ne s'était-elle jamais bourrée la gueule au point de finir la soirée dans le lit d'une inconnue ?

À vrai dire, avant ce soir, je ne savais même pas qu'elle était, elle aussi, de ce bord-là.

Mon interrogation souleva une autre question que je ne m'étais jamais posée.

Pourquoi madame Giovanni, était-elle aux narcotiques anonymes ?

Mauvaises GrainesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant