Tu sais, mon amour, la nuit n'est pas facile.
L'insomnie presque sonore, ses pensées presque bruyantes,
Qui se cognent contre les parois d'une salle noire et vide comme mon crâne,
La mort vous prend presque comme l'âne
Qui vit seul sa vie plate et qui le hante.
Là, la solitude vous prend,
Elle crie, pullule et vous bouscule
Dans l'obscurité qui hurle
Comme des millions de gens.
Et je repense à nous, dans nos plus beaux moments,
Je nous vois à Sienne, Pérouse, Assise, Florence,
Les regards sous la pluie presque insistants,
Les sourires, les discussions vides pleines de sens,
L'amour naissant comme un laurier rose à l'horizon bleu du matin,
Quand j'ai appris ton nom au musée des Offices,
Quand j'ai voulu prendre ta main.
Ta main. Prends ma main et dansons !
Sous le bleu épais du soir comme les mers d'Apollon,
Et ivre du passée et d'une invention triste,
Œuvre d'un subconscient meurtri et défaitiste,
Je pleure d'une quasi-joie à cette vie qui défile.
Car tu sais, mon amour, la nuit n'est pas facile.
