Prologue

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Ses doigts pianotaient sur le rebord de son bureau, impatients, et sa mine dure se reflétait sur le verni du bois ebène. Il croisa les jambes, et les plis de son front creusèrent une ride entre ses sourcils. C'était signe de sa frustration, de sa colère apparente.

Tout ne semblait pas se prêter à sa volonté. La femme qui faisait les cents pas face à lui n'arrangeait pas à calmer ses nerfs, bien au contraire.

-Voulez-vous cesser de vous agitez ?! gronda-t-il, et elle se stoppa net.

-Je suis tout aussi frustrée que vous, rétorqua-t-elle en lui jetant un regard noir par dessus ses lunettes à monture épaisse. Nous sommes incapable d'accomplir la moindre vengeance, et cela me révolte...

Il serra les poings :

-Taisez vous ! Ne voyez vous pas que j'essaie de réfléchir ?!

Elle referma derechef la bouche, quelque peu indignée du ton brusque qu'employait son supérieur.

-Nous devons inverser les rôles, maugréa-t-il dans sa barbe. Nous devons les faire payer de leur incompétence.

-Le Pacte est clair, le coupa la femme. Nous avons l'interdiction de...

-Mais eux ne se gênent pas ! s'emporta-t-il en se levant brutalement, envoyant sa chaise de bureau basculer vers l'arrière. C'est nous qui payons le prix de leur indifférence ! Nous qui devons nous accaparer à la tâche de recevoir tous leurs malades, blessés ! Ils se fichent de savoir que nos hôpitaux sont débordés ! Que nous sommes en manque d'effectif !

-Ils se la coulent douce dans leur petit monde paisible... siffla sa collègue, penchant désormais pour le même avis que son patron. Nous sommes surchargés, épuisés, et ce n'est qu'une période tranquille. Je n'ose imaginer les conséquences d'une nouvelle guerre...

L'homme se redressa lentement, plus calme, et ressera son nœud de cravate :

-Vous avez raison...

Il posa ses paumes de main sur les rebords du bureau et fixa les documents étalés :

-...Les Vivants doivent payer.

A la Mort, à la VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant