Sans toi je Serais Rien

chapitre 1 Le deuil

Pourquoi moi ? Pourquoi devons-nous déménager, partir dans un autre pays ? Est-ce pour effacer tous mes souvenirs de ma mémoire ? C'est la décision de ma mère, pas la mienne. Il me reste mes amis là-bas, pourquoi m'enlever tous mes êtres chers, à part toi, maman ? Sa réponse reste toujours la même : "Faire le deuil. Je sais que c'est dur, mais tu vas adorer cette ville." Je déteste cette réponse.
Quand nous ne nous sentons pas bien, nous devons avoir nos proches pour nous soutenir, alors pourquoi, quand j'ai appris que mon père était mort ce soir-là, ai-je pleuré jusqu'à épuisement, me réveillant avec des larmes séchées sur mes joues, les yeux rouges et gonflés, l'esprit détruit et le cœur brisé ? J'avais besoin d'être réconfortée, mais ma mère ne parvenait même pas à me regarder en face, alors que j'avais besoin d'elle.
Le lendemain, ma mère avait déjà trouvé une autre maison dans un autre petit pays. Devoir faire ses valises pendant un moment pareil est affreux, et pour rien au monde je recommencerais. J'essaie de

rester positive devant ma mère, mais quand je suis seule, cette positivité m'écrase sur le sol, à ne plus pouvoir bouger. J'essaie de faire des efforts, mais je n'y arrive pas...
Je regarde le paysage que m'offre cet avion en train de voler au-dessus de la mer, les écouteurs dans les oreilles, réalisant que je ne pourrai sûrement jamais faire marche arrière. Laisser ma vie entière derrière moi et ce magnifique pays où je suis née. Bonjour à ma nouvelle vie à Belle Glade. Le pire dans tout ça, c'est d'entrer dans un nouveau lycée. J'étais si bien à New York avec mes amis, mon entourage, avant que mon père décède.
-Regarde Lia! Nous sommes bientôt arrivés ! s'écrie ma mère.
-Heu, cet endroit a l'air...
Paumé. Je ne vois pas grand-chose, cela dit. Non seulement la ville est tapie dans l'ombre des montagnes et des arbres, mais en plus je sens une étrange atmosphère, bizarre ou étrange, je ne sais pas vraiment. Sûrement l'altitude, me dis-je.
L'avion prend la piste d'atterrissage. Ma mère prend nos affaires dans le coffre à bagages au-dessus de nous. Nous descendons de l'avion avec nos valises et nos sacs à la main.

Nous prenons un taxi en direction de notre nouvelle ville. Je n'avais aucune envie de reprendre le lycée après cette période. Ma mère n'arrête pas de dire que ça sera plus simple pour moi de faire mon deuil entourée de nouvelles personnes. Elle a peut-être raison, après tout, c'est ma mère. Et puis, je n'ai aucune envie de gâcher ma vie à arrêter les études.
Sur la route, je vois une aperçu de la ville de Belle Glade. Elle n'est pas si petite que ça, il y a pas mal de choses, mais c'est vrai que comparé à New York, c'est beaucoup de changements et beaucoup moins de choses à proximité.
-Lia, descends, c'est ici notre nouvelle maison me dit ma mère, ravie.
Je descends du taxi, un peu secouée par tous ces changements. Au moins, le point positif, c'est que j'ai une maison maintenant, alors qu'à New York, on habitait dans un appartement. Ma mère a l'air si heureuse, comparée à moi. Je savais que mes parents ne s'entendaient pas trop en ce moment, mais la voir si joyeuse me brise un peu.

-Tu peux choisir la chambre que tu veux, je prendrai l'autre, me sourit ma mère.
Je lui souris en retour et je commence à visiter les lieux toute seule. Jusqu'à trouver une chambre au premier étage qui me rappelle la mienne à New York. Je dépose mes affaires et m'assieds sur le lit double au milieu de la pièce. J'attends quelques secondes à regarder dans le vide avant de décider à regarder mes messages.
(3 messages ont été envoyés de la part de Lucie)
-Tu es arrivée dans ta nouvelle ville ?
-J'espère que tu iras mieux et qu'on restera en contact. :)
-En tout cas, si tu as besoin de parler, je suis là.
-Merci Lucie. En tous cas, cette ville est très étrange et change beaucoup par rapport à New York."
Je mets en veille mon téléphone et sors toutes les affaires de ma valise : vêtements et quelques décorations que j'ai réussi à mettre dans mes bagages. Pour l'instant, ma chambre est plutôt vide, mais ce n'est pas ma priorité. Je décide de m'allonger sur mon lit.

Ce voyage m'a tellement épuisée que je ferme les yeux si vite et m'endors en quelques secondes à peine. Ma mère entre dans ma chambre et, voyant que j'étais endormie, elle ne fait rien et part en fermant la porte derrière elle. Le lendemain matin, je me réveille par la lumière du soleil qui m'éblouit les yeux. Je regarde mon téléphone entre mes mains et l'heure (10 heures). Je reste quelques secondes dans le lit sur lequel je suis allongée, profitant du matelas moelleux, baigné par la lumière du soleil qui éclaire la pièce entière. Après quelques minutes, je décide enfin de me lever. Je descends les escaliers pour manger quelque chose.

Avec ma mère, nous restons ensemble toute la journée dans cette maison, regardant des émissions, lisant, ou encore cuisinant, bien que cela soit d'ailleurs une catastrophe. Cependant, ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de moment comme celui-ci avec ma mère, depuis le collège, même avant que mon père ne décède. À la fin de mon année de 3e, je me suis disputée avec ma mère, et depuis, nous n'avons plus vraiment partagé de bons moments comme celui-ci. À cause de cet accident, ma mère et moi, étant tristes, nous nous sommes un peu reproché mutuellement. Même si elle m'a brisé le cœur en décidant de partir de New York, laissant

tout ce que je connaissais là-bas, mes amis, et surtout Lucie, qui avait toujours été là pour moi, peu importe la situation,
même quand c'était de ma faute. Elle avait du caractère, mais je l'aimais comme ça.