1. Bienvenue à Paris

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Raphaël Giánnaris

- Mesdames, Messieurs, en vue de notre proche atterrissage nous vous invitons à regagner vos sièges et attacher vos ceintures de sécurité.

La voix suave de l'hôtesse de l'air m'extirpe de ma concentration, je lève les yeux de mon MacBook pour la première fois depuis des heures et m'étire afin de détendre mes bras engourdis. La dernière fois que mes yeux n'étaient pas rivés sur mon écran, mon voisin de siège ronflait la bouche grande ouverte et la cabine de première classe était plongée dans le noir.

Je plisse les yeux, ébloui par les rayons du soleil, lorsque je relève le cache hublot. Un sourire se dessine sur mes lèvres car je reconnaîtrais ce paysage entre mille, j'ai beaucoup voyagé, exploré, apprécié des lieux insolites, mais rien ne vaut ma ville de cœur, la ville qui m'a vu grandir ... Paris !

Paris se lève en douceur dans un tableau époustouflant mélangeant une infinie nuance d'orange, de rose et jaune. Dans mes passions particulières il y a les levers et couchers de soleil, je m'extasie sans cesse devant la multitude et la beauté des couleurs que peuvent se dégager du ciel chaque matin et chaque soir dans des ballets gracieux et infinis. Le soleil enveloppe la ville et ses banlieues proches tandis que l'avion se rapproche des pistes d'atterrissage de l'aéroport Roissy Charles de Gaulle.

Paris, Paris ... Voilà deux ans que je n'ai pas mis les pieds en France !

Ma vie new-yorkaise n'était pas à plaindre, nouveaux amis, soirées arrosées, découverte de la ville, travail, j'ai passé deux années de folie ... cependant je me sentais comme un étranger parmi ces immenses buildings et cette vie américaine démesurée. Ma vie parisienne, ma famille, mes amis d'enfance, il était nécessaire de revenir. Il était temps !

Les classiques applaudissements des passagers se font entendre avant l'agitation de la sortie de l'avion. Je récupère mon sac à dos ainsi que mon bagage à main et me dirige vers la sortie de l'aéroport. Lunettes de soleil sur le nez, casquette bien enfoncée sur ma tête, j'espère passer incognito. Après avoir récupéré ma valise, je traverse rapidement le terminal des arrivées pour me rendre vers la sortie. J'interpelle le premier taxi à ma portée, le chauffeur m'aide à placer mes bagages dans le coffre puis acquiesce lorsque je lui annonce la direction qu'il devra prendre. Il m'indique la durée approximative du trajet avant de mettre en fond sonore les informations matinales à la radio. Je le remercie d'un signe de tête et me focalise sur le paysage qui défile à vive allure.
Rien ne m'est nouveau, je connais Paris et ses alentours comme ma poche, malgré tout j'ai cette même appréhension mélangée à cette joie que l'on éprouve lors d'un retour après de longues vacances d'été. Je n'aurais jamais eu ce type de réflexion quelques années en arrière, il faut croire que je commence sérieusement à vieillir. J'ai l'envie de retrouver mon chez-moi, de retrouver mon lit, mes petites habitudes et le quotidien que j'avais avant de tout plaquer pour New York.
J'observe les scènes qui défilent devant mes yeux avec un sentiment de réconfort car tout est exactement pareil.
La ville et son lot de joggers vêtus de gadgets insensés, ses boulangeries en ébullition prêtes a accueillir les premiers clients, les buildings d'entreprises se faisant une nouvelle peau grâce au personnel de nettoyage et enfin ses immeubles haussmanniens qu'on ne se lasse de contempler.

Le chauffeur gare le véhicule devant mon immeuble dans une rue connue. J'ai l'immense chance de vivre dans l'appartement que mes parents m'ont gracieusement offert pour mes vingt-trois ans. J'y ai vécu un an à peine avant de décider de m'envoler pour New York City.

Je récupère mes biens, paye mon dû, remercie le chauffeur et entre dans l'immeuble. Une bonne odeur de fleurs de monoï flotte dans l'air, le hall est sans fioriture, blanc du sol au plafond avec quelques touches de marbres. Je jette un coup d'œil rapide dans ma boîte aux lettres mais celle-ci est vide, ma mère est certainement passée par là. Je me dirige vers l'ascenseur et l'attend patiemment avant de m'y engouffrer pour me rendre au sixième et dernier étage. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent sur le couloir donnant un accès unique à ma porte d'entrée car je suis le seul résident à ce niveau du bâtiment.

Amour Paris : Le choix d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant