7. Conversation

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Chloé
Lundi matin.
J'appréhende cette journée et pourtant je ne devrais pas. Je suis en terrain conquis depuis un an, j'ai clairement un avantage sur les lieux ainsi que les salariés que je connais par cœur, pourtant je suis en stress depuis que j'ai quitté le métro et que je marche de rue en rue pour rejoindre les bureaux. Nous sommes en septembre et pourtant le froid hivernal s'est définitivement installé, la pluie de ce week-end a décidé de nous laisser un peu de répit pour laisser place a un beau soleil et une brise glaciale qui soulève mes cheveux a chacun de mes pas. J'effectue un arrêt chez Starbucks, y achète ma boisson préférée, puis reprends le chemin habituel. Les vitrines des boutiques me font de l'œil mais je n'ai pas le temps de m'arrêter pour regarder les nouveautés de chez Claudie Pierlot ou Sandro.
Arrivée au pied du bâtiment, j'entre dans les locaux par les grandes portes tourniquet en verre et me laisse guider durant le processus de vérification d'identité. J'évite toute discussion dans ce lieu exposé et profite de l'excuse de l'ascenseur déjà présent et plein a craquer pour échapper à Charly et son débit de parole anormalement rapide pour un matin. Ma montée précipitée dans l'ascenseur me vaut des regards de travers et j'accentue les soupirs lorsque j'essaye de faufiler mon bras vers le bouton de mon étage. Les portes se referment sur nous et nous débutons notre ascension vers les étages plus haut. D'étage en étage l'ascenseur se remplit puis se vide dans un ballet incessant avant d'arriver au niveau qui me concerne, je quitte la cage en fer et marche d'un pas décidé vers le bureau RH. Pour l'instant ma mission est un succès, aucunes traces de Giannaris fils dans les parages.
Je vérifie les bureaux dans l'open space que je rejoins et constate avec joie qu'il est complètement vide.
Je suis la première arrivée, c'est parfait.

J'ouvre la porte et d'un mouvement me libère de mon manteau pour le suspendre sur le porte manteau non loin du bureau d'Anna. Je gagne mon bureau, y dépose mon sac a main et mon sac contenant mon ordinateur portable et sirote ma boisson chaude en m'asseyant. L'activation de mon PC émet un léger son avant d'afficher la page menant au code d'accès à ma session. J'indique le mot de passe et ma session s'ouvre aussitôt. Nouvelle gorgée de mon Pumpkin Spice Latte et je commence a trier mes mails.

Mails inutiles, mails qui ne me concernent pas, cabinets de recrutement envoyant de la publicité afin de signer un contrat d'exclusivité avec l'entreprise, mails d'Anna confiant un dossier, j'épluche le tout et fait descendre le nombre de mails non lus petit à petit. On tocque a la porte vitrée de l'open space et mon cœur émet un sursaut. Je prends bien quelques secondes avant de quitter des yeux mon écran pour découvrir qui se tient à la porte. Je découvre avec soulagement qu'il s'agit de Jessica, en charge du dispatch du courrier, je lui fais signe d'entrer.

- Salut Chloé.
- Salut Jess', tu vas bien ?
- On fait aller. Tu as passé un bon week-end ?
- Je me suis reposée et toi ?
- Oh entre les gosses et le mari chiant, crois moi je suis ravie d'être ici ce matin.

Je souris et la rejoins au pas de la porte alors qu'elle sort de sa sacoche en cuir a l'effigie de la boite, une petite pile de courrier. Elle porte toujours la même salopette en jeans qu'elle décline sous plusieurs coloris et les mêmes bottines en cuir marron qui lui vont bien. Ses cheveux blonds sont retenus dans un chignon coiffé décoiffé lui donnant un air débordé en permanence.

- Tiens, c'est pour vous.

Je regarde rapidement chacune des lettres qu'elle me confie et y distingue déjà la publicité des courriers envoyés par nos salariés, des arrêts maladies principalement.

- Une petite signature ?

Jessica me tend sa tablette qui affiche un formulaire. A chacun de ses passages elle doit faire attester que le courrier a bien été remis en main propre. J'indique mon nom et prénom sur les lignes en pointillés puis signe manuellement à l'aide de mon index dans l'encadré dédié à cela.

Amour Paris : Le choix d'une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant