Chapitre 4 3/3 Point de vue Hélène

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Depuis que je m'étais rendue au village pour la première fois, j'avais continué à m'y rendre chaque jour avec mes pierres et de quoi nourrir la populace. Beaucoup souffraient de la malnutrition, même en été. Certains n'avaient pas les moyens de s'acheter le moindre quignon de pain.

Cela me fit réaliser que les inégalités étaient trop élevées. Et vu que dans le château, il y a avait de la nourriture à foison, je piochai sans aucun regret dans les réserves. Rien qu'en faisant cela, j'avais gagné de la notoriété auprès de mes sujets. Mais cela continua quand je me mis à les guérir. Ils n'en revenaient pas à ce que de si petites pierres pouvaient guérir les blessures comme par magie. Tellement qu'ils étaient surpris, ils m'appelaient magicienne ou disciple de Dieu. Mais comme dans mon village natal, je leur demandais à ce qu'aucun murmure sur les pierres sortent de leur maison. Et tous acceptèrent volontiers.

Cela faisait trois semaines que j'avais commencé mon quotidien en tant que guérisseuse du village. Et heureusement pour moi, tous ceux du château n'en savaient rien. Les villageois avaient gardé le silence, ce qui me rassura pour un temps. J'avais toute confiance en eux et eux en moi.

À chaque fois, je partais mine de rien, sans me justifier. Je m'étais vite fait la réputation de petite sœur des pauvres. Mes escapades matinales ne passaient pas inaperçues, sauf que personne ne savait la véritable raison. Pour les nobles je passais pour une faible d'esprit qui aimait perdre son temps. Cela m'allais cette réputation, tant que je pouvais agir dans l'ombre.

Il m'avais fallu un jour pour que tout bascule, sans que je m'en sois rendue compte. Je sentis une présence derrière moi. Quand je me retournai, il n'y avait pourtant rien. Je restai sur mes gardes pendant que j'avançais. Par précaution, j'essayai par tous les moyens de mener cette personne dans la mauvaise direction. Une grande panique m'emporta. Le stress me gagna, mes dents claquèrent, mon cœur palpita. Je n'étais pas vraiment à l'aise.

Assez éloignée de mon objectif, je fouillais du regard chaque recoin. Plus personne ne me suivait, j'en avais l'intime conviction. Je continuai mon chemin et me rendis dans la première maison où l'on avait besoin de moi, toujours mon petit coffre en main.

Cette fois, un enfant s'était brûlé le membre supérieur gauche avec le four à pain. La brûlure restait superficielle, mais pouvais s'aggraver à tout moment à cause des infections extérieures. Je me mis à couper le feu avec ma pierre rouge, ce qui marcha en à peine quelques instants. Le bambin retrouva l'usage de sa main. Je fus gratifiée comme d'habitude par ses parents, heureux de revoir leur fils guéris.

Le mal éradiqué, je quittai la maison. A chaque pas franchis, je sentis de nouveau qu'on me suivait. Cette fois, les pas redoublèrent, me donnant la chair de poule. Je commençai à prier intérieurement pour que cette personne n'ai rien vu de ce que j'avais fait dans la maison. Je pressai le pas et continuai ma route en essayant de ne pas montrer que je l'avais repéré.

Je m'enfonçai dans les ruelles étroites jusqu'à pouvoir me cacher derrière un mur d'une maison abandonnée. J'agis tellement vite, que mon poursuiveur continua de se déplacer sans me voir. C'était un homme vêtu de vêtement de bas étage et qui portait une capuche, cachant ses traits. Sans comprendre pourquoi, sa carrure me rappelai quelqu'un.

Je me précipitai ensuite à sa poursuite et l'entraîna vers moi, avec une poigne de fer, le prenant dans son propre piège. Je baissai sa capuche pour savoir son identité.

—Lord Arthur ! hoquetai-je par surprise. Que faites vous ici ? Pourquoi me suivez-vous ?

—Vos escapades matinales me paraissaient curieuses, m'avoua-t-il sans me quitter des yeux. Je voulais m'assurer que vous ne nuisez pas à l'équilibre des villageois.

Le secret des pierresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant