Courant 1184-1185
À peine je fus informée de mes fiançailles, qu'il ne m'avais fallu même pas un mois pour quitter ma maison, uniquement accompagnée de mes servantes que je connaissais mieux que personne. De les avoir à mes côtés pouvait me faire sentir comme chez moi, même s'il en fallait bien plus. Rien ne remplacerait la fontaine qui se trouvait au centre de la cour où je me reposais souvent, les plaines où j'entraînais ma monture au galop tout en sentant le vent sur mes cheveux, et les villageois avec qui j'avais pu tisser des liens.
Pendant que j'étais dans le carrosse pour le grand départ, tous étaient là. Ils lancèrent des fleurs sur mon passage. De les revoir avant le grand départ me donnait du courage afin d'affronter ce qui m'attendait, en me réchauffant le cœur. C'était dans ces moments là que je réalisais que j'avais dû leur faire beaucoup de biens pour qu'ils se soient tous rassembler pour me dire adieu. Cela montrait que j'avais accomplie ma mission, comme l'aurait voulu ma mère. De ne plus les revoir allait m'apporter un grand vide. Mais à partir du moment où je ne serais plus là, personne ne pourrait les soigner comme ma mère et moi le faisaient. Ils se retrouvaient abandonnés a leur triste sort, et pour cela j'en voudrait toujours à mon père de m'avoir envoyé loin d'eux.
À mon arrivée au village de Saint Antoine, le pont levis était déjà baissé, comme si on attendait ma venue avec impatience. Je regardais attentivement derrière les rideaux ce nouvel endroit qui allait devenir ma nouvelle demeure. Il y avait plusieurs petites bâtisses en pierre semblable à celles de mon village natal. La place centrale du village était vaste, et les routes étaient pavées.
J'entendis le grincement des roues sur la pierre, quand soudain, l'abbaye apparut devant moi. Cette dernière était en chantier. Une bonne partie était construite, notamment le transept. Les travailleurs transportèrent sur leur dos des pierres blanches qui allaient servir pour sa construction. Tous avaient de la force dans les bras tapissés de muscles saillants.
Je les regardaient une dernière fois avant de retrouver mon ultime destination. Le château, contrairement à la nouvelle cathédrale, étaient composé de pierres grises et ternes. Il était certes grand et imposant, mais en rien il ne valait celui de mon enfance, ma maison remplie de bonheur et de larmes.
Mon futur époux attendait dans la cour, accompagné de sa famille, tous les domestiques et les courtisans. La plupart d'entre eux étaient des femmes. Il y avait l'évêque qui m'honorait en faisant don de sa présence. Tous donnaient l'impression d'être accueillant, sauf cet homme qui me servirait d'époux, qui devait être âgé d'une quarantaine d'année, guère plus jeune que mon père. Et rien que pour cela, ma haine grandissait.
Je descendis du carrosse, la peur au ventre, quand des serviteurs ouvrirent les portes et m'aidèrent à descendre, mes domestiques derrière les talons. Je fis face à tout ce petit monde qui me salua quand je posais à peine les pieds sur le sol dallé. Je me dirigeai ensuite vers le maître de maison, qui ne m'adressa aucun sourire, donnant un air froid comme de la glace.
-Madame, je vous souhaite la bienvenue en mon humble demeure, me salua-t-il en me faisant du baise main.
-Je vous remercie.
-J'espère que vous avez fait bonne route, dit-il toujours en gardant un air protocolaire.
-La traversée a été agréable.
-Bien, me voilà soulagé. J'espère que vous ne m'en voudrez pas, je dois vous laisser. Le devoir m'appelle. Mes domestiques vous aideront à vous installer.
-Bien entendu. Je ne vous retiens pas plus longtemps. Je vous remercie de m'avoir accueillie.
-C'est normal.
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Le secret des pierres
ParanormalDans le village Saint Antoine, des ouvriers tombent par hasard sur une pièce secrète de la chapelle, pendant la rénovation de ce monument historique. L'équipe de fouille est mobilisée afin d'identifier chaque recoin de cet endroit resté sous silence...