Prologue : Le soir du mariage de Louise & Clément

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Noah était assis par terre, contre le mur en face de mon lit, torse nu. Ses jambes repliées contre lui, je crois qu'il se sentait perdu, pour une fois. Et c'est moi qui lui avais fait ça.

J'avais pris l'homme le plus confiant, le plus solide, le plus beau et je l'avais abîmé comme une enfant, sans précautions.

Il m'avait dit qu'il me détestait toujours, plus que tout au monde. Et puis il avait dit :


— Je t'aime, Dany.


Alors je l'avais embrassé, là, devant tout le monde. Nous nous étions regardés, avions repris notre souffle avant que ce soit lui qui m'embrasse. Sa main avait accroché ma taille pour me rapprocher de lui et, si mon corps tremblait, ce n'était pas de par peur.

Il tenait toujours ma main lorsque nous disions au revoir à nos amis, ne me lâcha pas quand ils nous regardèrent en souriant, seulement à moitié surpris. Et il me tenait encore quand nous sommes sortis rejoindre sa voiture.

Maintenant, le matin était presque là, et il était aussi loin de moi que mon studio le permettait. Assise contre ma tête de lit avec mon oreiller devant moi, j'attendais qu'il me parle. Mes lèvres avaient encore le goût des siennes, ma peau frissonnait là où il m'avait touchée. Nous ne portions que les vêtements que nous n'avions pas eu le temps de nous enlever.

Il s'était éloigné d'un coup, comme si je l'avais effrayé.


— Il faut qu'on se parle, Dany.

— Je sais.

— Je ne revivrai pas la même chose que l'an dernier. S'il se passe encore un truc entre nous maintenant, c'est soit le début de quelque chose, soit la fin.


Il me demandait de choisir. J'étais très mauvaise à ce jeu. J'étais incapable de prendre des décisions, incapable de faire les bons choix. Je l'avais laissé partir, je m'étais détestée pour ça et j'avais passé un an à essayer de m'en remettre. Des mois entiers à tenter de faire de mon mieux, à tenter de grandir pour me sentir prête pour...

« Pour ce jour, pour maintenant ! » me dis-je à moi-même en réalisant que j'avais déjà fait mon choix. Je n''avais plus qu'à l'assumer.


— Noah je...

— J'ai vraiment passé la pire année de ma vie. Je ne sais pas ce que tu ressens quand tu me regardes, je ne sais pas si ça se voit mais... j'ai vraiment mal à en crever chaque fois qu'on se quitte. Je vais pas me contenter de t'énerver ou de te provoquer pour attirer ton attention, c'est plus un jeu stupide entre deux gamins incapables de savoir ce qu'ils ressentent vraiment. Je sais ce que je veux, Dany.


Il leva les yeux vers moi comme pour vérifier que j'étais toujours là.


— Je veux être avec toi et que tout le monde le sache, reprit-il. Je veux construire une vraie relation, quelque chose de solide et ne plus essayer de te garder malgré toi, je veux que t'aies envie d'être avec moi, que ce ne soit pas un effort que tu fournis. Je suis revenu pour ça, tu sais.


Il secouait la tête comme s'il m'entendait lui dire non, je ne pouvais pas m'empêcher de sourire lorsqu'il ne me regardait pas.


— Je suis revenu parce que y a que comme ça qu'on saura, j'ai besoin de savoir si ça peut le faire...

— Noah, je veux la même chose que toi, je pourrais pas le dire mieux que toi, je veux tout ça, dis-je tout à coup pour le couper, le rassurer.


Je devinais qu'il essayait de rester sérieux et distant malgré ce sourire naissant qui répondait au mien.


— Tu sais ce que ça implique ? Tu vas devoir t'engager, je te laisserai pas me quitter, c'est pour de bon, OK ?

— Pour de bon, répétai-je, sûre de moi.


J'abandonnais mon oreiller pour me rapprocher du bord de mon lit, de lui. Noah s'agenouilla pour être plus proche à son tour.


— Et ce sera tous les jours, devant ta famille et la mienne, devant nos amis, tout le monde.

— Tout le monde, acquiesçai-je alors qu'il souriait vraiment cette fois.

— Je te trouve particulièrement sûre de toi, c'est nouveau...

— T'habitue pas, soufflai-je alors que nos visages se rapprochaient. Je suis toujours moi.

— C'est là toute la magie de la chose, Dany, c'est toi que je veux, avec les doutes et le reste...


Il butina mes lèvres avant de finir sa phrase.


— Je prends tout, je saurais...

— N'essaye pas de me guérir ou je ne sais quoi d'autre, le coupai-je. Essaye juste d'aimer tous les morceaux de moi, même les débris minuscules oubliés dans un coin, les détails insignifiants, les bouts biscornus et tranchants...


Je caressai ses cheveux avec douceur alors qu'il remontait sur le lit.


— Les négociations sont ouvertes ? demanda-t-il, assis en face de moi sur le bord du lit.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Je veux que tu me parles, quand quelque chose n'ira pas comme tu veux, quand tu recommenceras à douter, n'envoie pas tout valser comme s'il n'y avait rien à sauver. Parle-moi, donne-nous une chance.

— Promis, dis-je en baissant les yeux.


Alors, il m'embrassa comme pour sceller notre accord. Une chaleur douce mais impatiente naquit au creux de mon ventre. Je ne me laissais pas emporter par une envie soudaine, je ne baissais pas mes barrières le temps d'un adieu. Cette fois, je voulais me battre pour lui.

Même pas en rêve #2 (à nouveau disponible) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant