Chapitre 1 : 3 mois plus tard

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C'était à la fois incroyable et enivrant, d'aimer Noah, de le laisser m'aimer, d'aimer l'aimer. Il m'arrivait de le regarder sans qu'il le sache. Maintenant que je savais ce que c'était que d'être avec lui, il manquait terriblement à la moi d'avant. Et si je n'avais plus peur de lui, mes doutes prenaient d'autres voies.

Je ne craignais plus mon homme, je craignais qu'il s'en aille. Je ne doutais plus de son amour, de ses promesses, je doutais de ma capacité à être à la hauteur.

Noah était assis sur la chaise de bar du petit comptoir de ma micro-cuisine, il lisait des messages sur son téléphone tout en souriant, sa cuillère dégoulinant de lait et pleine de céréales au chocolat ramollies. Il ne portait que son pantalon de jogging, m'offrant son profil et son dos large et solide dès le réveil. Toujours allongée sous la couette, je devinais que ce dimanche allait être pluvieux à la couleur grisâtre du ciel que je voyais par le Velux.

Je sortis du lit en m'étirant avant de caresser son dos en passant pour aller me laver.


— Bien dormi ?

— Super bien, et toi ? dis-je depuis la salle de bains.

— Super, je vais passer à l'appartement cet après-midi, tu viens avec moi ?

— Oui, si tu veux, on s'arrêtera chez ma mère aussi, je pourrai récupérer mon fauteuil !


Je revins vers lui avec les cheveux attachés et mon gros gilet du dimanche sur le dos. J'attrapai le paquet de céréales pour le petit déjeuner de onze heures alors qu'il détaillait les 25 m² de mon appartement en un seul coup d'œil.


— Où tu vas le mettre, ce fauteuil ?

— Quand mon lit est replié, j'ai la place.

— Parce que c'est un canapé-lit ?

— Bah oui, tu l'as déjà vu en canapé, non ?

— Jamais, je pensais que c'était un lit normal, je comprends mieux pourquoi j'ai mal au dos parfois.

— Oh, t'as pas l'air de t'en plaindre d'habitude, tu dors dedans depuis des semaines !


Douze semaines précisément.


— Tu vois un peu tout ce que je suis prêt à endurer pour être avec toi ? lança-t-il, moqueur.


Je secouai doucement la tête en souriant.


— Tu pourrais mettre ton fauteuil chez moi, sinon, y a plus de place.

— Est-ce que ce ne sera pas un peu compliqué pour m'y asseoir ?

— Si... du coup, faudrait que tu viennes souvent pour qu'il ne se sente pas seul.


Il me fit un clin d'œil complice avant de manger une cuillère de céréales.


— Noah, je rêve ou tu as une idée derrière la tête ? dis-je en plissant les yeux.


Il posa son téléphone sur le comptoir, laissa sa cuillère dans son bol et me jeta ce regard amusé et joueur que j'aimais tant. De mon côté, je me doutais de ce qu'il allait me proposer et j'angoissais déjà, mobilisant tout mon talent d'actrice pour ne rien laisser voir.


— Peut-être.

— Je t'écoute...

— Tu sais que j'ai un grand appartement, assez grand pour deux...

— Mais...

—Est-ce que je vais trop vite ? C'est trop tôt ?


Je souriais, j4inspirais, je ne savais plus quoi dire. Et il regrettait déjà de m'en avoir parlé. Il baissa les yeux en rougissant.


— Je sais pas... Je ne sais pas comment ça marche.


Ce n'était pas le plan confortable par dépit de l'appartement de mon ex, qui était à quatre minutes à pied de mon travail, cinq minutes du centre commercial et juste au-dessus d'un kebab. Et ce n'était pas un ultimatum de la part d'un mec qui me sentait distante et froide. C'était une vraie proposition, c'était Noah.


— OK, on va dire que c'est trop tôt, reprit-il en voyant que j'étais perdue. Je reviendrai vers toi ultérieurement pour parler de ce projet, articula-t-il en faisant comme si nous étions deux collaborateurs. En attendant, réfléchis à ma proposition.

— On en reparlera, confirmé-je avec sérieux en me penchant vers lui de l'autre côté du comptoir pour prendre sa main.

Même pas en rêve #2 (à nouveau disponible) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant