Même pas en rêve #2 (à nouveau disponible)

Chapitre 9

Je passai la nuit chez ma mère, m'endormant au milieu d'un film dans le lit de ma sœur. Vers 10 heures, le lendemain, je me réveillai mollement en sentant un rai de lumière sur mon visage, qui filtrait à travers les rideaux. Sacha était déjà levée, le lit était vide. Après avoir répondu au dernier message de mon amoureux, je me traînai tel un zombie jusqu'à la salle de bains pour me rafraîchir et m'assurer de ne pas faire peur à ma famille en descendant les rejoindre. J'attachai mes cheveux rapidement et me lavai les dents. Puis, alors que j'étais déjà au milieu de l'escalier, je sentis l'arrivée d'une nouvelle vague de nausées et me précipitai dans la salle de bain.

Je me regardai dans le miroir, espérant que je n'étais pas malade. Noah rentrait demain, je ne voulais pas que nos retrouvailles soient gâchées !

Je descendis lourdement les marches en traînant un peu les pieds pour rejoindre ma famille dans la cuisine.

— Maman, t'aurais pas un truc contre les vomissements ? demandai-je en la voyant.

— Bonjour à toi aussi, ma chérie, regarde dans la buanderie, placard en haut à droite.

J'allais dans la buanderie pour chercher un produit miracle quand ma grand-mère me rejoignit. Elle posa une main sur mon front et l'autre sur le sien.

— Tu n'as pas de fièvre, tu n'es pas malade, n'avale pas n'importe quoi !

— Mais, mamie...

Elle referma le placard sous mon nez et me poussa vers la porte.

— Elle a déjà vomi hier soir, expliqua Sacha, assise au comptoir de la cuisine.

— Tu as mal au ventre ?

— Non, maman, c'est juste à cause des brioches pourries que Sacha avait sous son lit, dis-je en m'asseyant à côté de ma sœur.

— T'es qu'une balance, murmura Sacha à mon oreille pour jouer.

— Tu ne serais pas enceinte ? demanda prudemment ma mère.

Alors tous les visages se tournèrent vers moi. Mais ce n'était pas possible, je prenais la pilule précisément pour éviter ça.

— Je ne suis pas enceinte. Je suis sous pilule.

— C'est quand-même possible... commença ma grand-mère.

— Mais ça reste rare, trancha maman.

— Si tu penses à ta pilule comme tu penses à me souhaiter mon anniversaire, alors t'es carrément enceinte, blagua Sacha.

— Oh non, excuse-moi ! Bon anniversaire !

Je la pris dans mes bras pour me faire pardonner. Et, en même temps, je pensais à ce qu'elle venait de dire. C'était possible que j'aie oublié, c'était tout à fait possible ! Il y a trois semaines, par exemple, quand j'avais psychoté toute la journée sur une demande en mariage inexistante !

Après un petit déjeuner à base de gâteau d'anniversaire, je m'éclipsai rapidement pour rentrer chez moi. Mais, avant ça, je m'arrêtai à la pharmacie.

Assise par terre, contre la baignoire, je relisais encore et encore le mode d'emploi du test. J'avais suivi les étapes à la lettre, il n'y avait plus qu'à attendre et stresser.

« OK, alors, une barre, c'est négatif et deux, c'est positif » répétai-je dans ma tête en lisant la notice.

C'est fou tout ce qui peut se passer dans un esprit pendant cinq minutes. Je visualisais mille réactions possibles chez Noah. Mille autres chez ma mère, ma sœur ou ma grand-mère. Je devinais celle de Louise et de tous nos amis.

Ils seraient heureux, ils se jetteraient dans nos bras et nous féliciteraient.

Je pouvais deviner chacune des réactions qu'ils pourraient avoir. Mais je ne savais pas ce que moi-même je ressentais. Ni peur ni envie. J'étais en attente. Est-ce que mon existence allait encore changer ? Est-ce que j'étais prête ? Capable ? Faite pour ça ?

Et si Noah ne voulait pas d'enfant ? On n'avait jamais parlé de ça.

Et, alors que je réveillais mes angoisses, je repensais à cette blague de Noah sur le mariage. C'était un drama fait par moi, pour moi, contre moi. Et si celui-ci en était un autre ? Je me sentais si en retard, si immature ! Je transformais tout en crise, c'était plus fort que moi.

J'avais lancé le chronomètre sur mon téléphone et les cinq minutes venaient de passer.

Parmi tous les scénarios que je m'étais inventés en si peu de temps, aucun ne m'avait préparée à ce qui se passait vraiment maintenant.

Deux petites barres.

Et un torrent de larmes.