L'appartement qu'il avait choisi était magnifique. Je le découvrais vide, ce qui laissait plus de place à l'imagination que quand il était encore meublé lors de ma première visite. Situé au premier et seul étage d'un ancien hangar totalement transformé en six appartements, il avait le charme de l'aspect industriel, avec ses poutres métalliques et son espace ouvert. Le toit était à moitié composé de grandes fenêtres lumineuses. Tout comme la façade qui donnait sur la rivière. Les baies vitrées s'ouvraient sur un balcon gigantesque où je nous imaginais déjà prendre nos petits déjeuners en été...
Je me surprenais à nous projeter ensemble dans ces lieux, même si je préférais ne rien dire pour le moment.
L'espace nuit était séparé par une grande verrière noire et la salle de bains, dépourvue de cloison, n'offrait aucune intimité. La seule pièce réellement fermée, c'était les toilettes. Si c »était beau à voir, je n'aimais pas l'idée de ne pas pouvoir fermer une porte pour m'isoler...
— Tu en penses quoi maintenant qu'il est vide ? commença Noah en se rapprochant de moi.
— Je me dis qu'ils l'ont vendu parce qu'ils en avaient marre de nettoyer toutes ces vitres, dis-je avec humour. Et puis l'intimité est inexistante !
— Je pensais mettre de grands rideaux à la verrière en attendant de les remplacer par une cloison. Je veux créer une vraie salle de bains fermée de ce côté, avec une partie buanderie. Un dressing par ici. J'ajouterai un îlot central à la cuisine pour délimiter un peu mieux les espaces. La mezzanine me plaît mais elle limite les possibilités si on la laisse ouverte, je voudrais y faire une ou deux pièces. Comme un bureau... ou deux bureaux.
Il me regarda en attendant ma réaction.
— Ouah, tu as beaucoup de projets.
— Qu'est-ce que tu en penses ? Qu'est-ce que tu ferais, toi ?
C'était le moment d'ouvrir la porte, quelques centimètres, pour lui montrer qu'il avait raison de se projeter. Mais j'avais tellement peur qu'on en veuille trop, trop vite. Parce qu'on avait la trouille tous les deux de faire fuir l'autre.
— J'aime beaucoup... Mais je crois que la mezzanine devrait être pour la chambre, après tout c'est là qu'on est censés passer le moins de temps. Et cette grande pièce ouverte et lumineuse pourrait être un bureau ouvert sur le salon.
— La mezzanine est très grande, il y a de quoi faire plus d'une chambre.
— Alors fais-en deux, dis-je en regardant vers l'escalier, on pourrait vouloir inviter des amis.
— On, releva-t-il avec douceur, plein d'espoir.
— Mollo, Roméo, dis-je en souriant, une deuxième chambre pourrait aussi servir à te mettre à la porte de la nôtre quand tu me feras perdre patience !
Il bascula la tête en arrière en riant avant de venir vers moi, les mains dans ses poches.
— Dany, aucune pression, OK, de toute façon y a rien de prêt ici, ça va prendre plusieurs semaines de tout faire. Les premiers travaux commencent cette semaine, mon père va venir faire la salle de bains. Je ne veux pas me montrer pressant, j'ai juste besoin de te dire que je vois loin, OK ?
— OK, dis-je dans un souffle alors qu'il déposait un long baiser sur mon front.
— Mon offre est valable sans limite dans le temps. Tu peux faire tes valises demain ou dans cinq ans, peu importe. Penses-y, c'est tout ce que je demande.
Assise sur un carton, j'observais les lieux en repensant à ces dernières semaines. Il était avec moi tout le temps... Il n'y avait qu'à faire l'état des lieux. Son matelas était encore dans sa housse de plastique, ses cartons entassés contre le mur. Noah ne vivait pas ici. Il fouillait une valise de vêtements d'hiver qu'il fourrait dans son sac en vue de les emmener chez moi. Si j'avais peur de vivre avec lui, j'étais ridicule... nous vivions déjà ensemble. Il passait toutes ses nuits chez moi, dans mon minuscule 25 m². Si nous pouvions être aussi heureux dans ce petit espace, nous pouvions l'être n'importe où.
C'était une évidence dans mon esprit, mais je préférais nous laisser mettre encore un peu ce bonheur à l'épreuve. Les promesses que l'on se faisait parlaient d'éternité, alors nous avions le temps. Ce n'était pas n'importe quelle histoire, pas n'importe quel homme. Il ne s'agissait pas d'une tentative désespérée de sauver une relation inexistante en nous forçant à aller plus vite. C'était nous deux, Noah et moi.
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Même pas en rêve #2 (à nouveau disponible)
RomanceAnciennement édité chez Édition BMR, à nouveau disponible gratuitement en intégralité. Après des années à se courir après et à se chamailler comme des enfants, Dany et Noah entament une toute nouvelle relation. Finis le yo-yo, les oui et non, le cha...