Zaeer ne reconnaissait plus les alentours depuis un certain temps. Il ne réalisa qu'à cet instant qu'il connaissait son pays par cœur sur une carte, mais qu'il n'avait jamais vu autre chose que la caserne et la forêt environnante de ses propres yeux. Il devait se contenir pour ne pas coller son visage contre la vitre. Tout l'émerveillait, mais il ne voulait pas le montrer. Paul ne faisait que ce qui lui plaisait, il pouvait dormir, ronfler, crier, dire son nom, il était libre. Être autour de lui, c'était ressentir ce frisson de liberté, la jouissance de la défiance à l'ordre établi. Zaeer s'était laissé aller à donner son nom. Il se demandait encore si c'était un piège, mais il était convaincu qu'il avait eu raison. Si c'était un piège, alors Nation saurait que son programme était inefficace, que les libres penseurs défieront toujours l'autorité et les règles. Sinon, il aurait simplement arrêté de se cacher face à quelqu'un qui ne se cachait pas non plus. Peu importait que ce soit un piège ou non, l'assistant vocal n'avait pas réagi et le parti n'avait aucune raison d'attendre pour intervenir si nécessaire. Zaeer conclut que Paul était un être à part, mais qu'il allait passer sa vie au ministère de la Défense. Le lieu qu'il soupçonnait d'accueillir le véritable dirigeant de Nation. La loi et l'ordre devaient y régner et la surveillance devait y être particulièrement importante. Il devait se préparer.
Lorsque Zaeer comprit qu'il n'avait pas le droit de rêver, il se mit à méditer, presque de manière instinctive et sans jamais avoir reçu le moindre conseil ou la moindre formation. Lorsqu'il devait se préparer mentalement ou physiquement, il essayait de s'isoler pour méditer ou feignait l'endormissement durant la nuit. Zaeer avait créé un espace mental dans lequel il se réfugiait lorsque nécessaire. Ce jour-là, dans la voiture, il inspira profondément et ferma ses yeux à l'expiration. Aussitôt son corps flotta dans un immense espace vide et sombre, le premier niveau de concentration. Seconde inspiration, seconde expiration, second niveau de lâcher prise. À cet espace sombre vint s'ajouter une maison. Il referma la porte derrière lui et fit face au couloir. À sa gauche, quatre portes. À droite se trouvaient deux portes, un escalier reliant le rez-de-chaussée au premier étage, puis trois autres portes longeant le couloir. Chaque pièce était identique sauf la dernière pièce à gauche, beaucoup plus spacieuse que les autres. Zaeer avait créé ces pièces afin d'organiser son esprit, stocker ses souvenirs et compétences et pour revenir dessus à chaque fois qu'il en avait besoin. La dernière pièce à gauche servait de salle d'entraînement, d'où sa taille plus importante. Enfin, au bout du couloir, se trouvait l'escalier qui menait à la cave. Il avait toujours craint cet escalier, aussi, il ne l'emprunta jamais.
Lors de sa première méditation, Zaeer était resté bloqué au premier niveau de concentration, dans cet espace noir. Après plusieurs tentatives, il comprit qu'on ne forçait pas la transe. Atteindre cet espace demandait de la concentration, focaliser son esprit sur une pensée, un objectif unique. En revanche, le second niveau demandait du lâcher prise. Impossible de vider complètement son esprit, ce second niveau consistait à accepter que toutes ses pensées existaient et au lieu de les repousser, de se laisser transcender par elles. Zaeer décida de leur créer un espace propre, un lieu où elles pourraient s'exprimer pleinement. Il créa alors ce bâtiment et une pièce pour chaque pensée. C'est lui qui avait créé cette maison et pourtant lorsqu'il ouvrit la porte pour la première fois, cet escalier était déjà là, avec la cave. Le couloir ne donnait alors sur aucun escalier à droite, ni aucune porte pour le moment, seulement sur cet escalier. Il s'en était approché, poussé par la curiosité. Au fond se trouvait une autre porte. Elle était différente des toutes celles qu'il connaissait. Aucune poignée, aucun gond, elle se confondait presque avec le mur, pourtant Zaeer avait la conviction que c'était une porte et qu'il était possible de l'ouvrir. Il essaya de descendre, mais il sortit de transe dès son premier pas et ne parvint jamais à faire mieux. Ainsi, il ne parvint jamais à aller jusqu'à la porte.
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L'univers d'Iurne
Ficção CientíficaÉtat d'avancement Chapitre 4 partie 2 en écriture. Merci à la très talentueuse @Zelpixel pour la couverture ! En attendant la suite n'hésitez pas à vous abonner et à commenter, tous les retours sont les bienvenues ! Un grand merci à Léa qui a la...