Chapitre 2 Partie 2 : Les Léviathans

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Paul grogna, mais ne se réveilla pas complètement pour autant. Zaeer prit alors conscience qu'il ne s'était jamais demandé à quoi ressemblait la capitale de Nation. Lui qui n'avait jamais connu que l'école d'État et la caserne perdue dans la nature de Nation ne se sentit pas à son aise en milieu urbain. Le militaire en lui se disait qu'un danger pouvait se trouver n'importe où, dissimulé par la foule, cependant sa curiosité l'emporta à cet instant. Bien que mal à l'aise, Zaeer voulait en connaître plus sur ce nouveau monde. Face à une telle foule, Zaeer se demanda combien étaient des libres penseurs. Il y avait tellement de monde qu'il se demanda s'il était possible pour le Parti de contrôler autant de monde, sans aucun dysfonctionnement et si l'assistant vocal était aussi réactif qu'à la caserne. Si c'était le cas, alors la puissance de cet instrument était bien supérieure à ce qu'il avait imaginé.

La voiture arriva devant un bâtiment d'architecture Haussmannienne, bien plus haut que la caserne, mais ce n'est qu'une fois passé le portail que Zaeer prit conscience de l'immensité du lieu. Les bâtiments qui faisaient le tour de la propriété s'étendaient dans le lointain, jusqu'à ne plus être visibles. La cour comprenait un jardin de fleurs de plusieurs couleurs et de plusieurs espèces, toutes inconnues de Zaeer, qui était complètement inculte en la matière. Il en reconnut quelques-unes qui poussaient à la caserne, mais dont il ne connaissait pas le nom. Il en déduit que ce devait être une mauvaise herbe lorsqu'il vit le jardinier l'arracher et la jeter dans un grand sac qu'il avait avec lui. Au milieu des fleurs se trouvait une fontaine, représentant un homme qui soulevait le monde d'une seule main. Une statue équivalente, mais qui représentait une femme, se trouvait en symétrie parfaite avec la première statue à gauche de la route. Au loin, Zaeer aperçut une forêt qui n'avait rien à voir avec celle de la caserne. Celle-ci semblait faite de mains humaines. Il ne pouvait pas l'affirmer sans doute, mais quelque chose lui semblait trop ordonné, trop organisé ; en un sens, trop réfléchi. Le reste du domaine était caché par des grattes ciels, des hangars et autres bâtiments qui ressemblaient tantôt à des maisons, tantôt à la caserne que Zaeer avait connu. Finalement la voiture s'approcha doucement d'une des maisons de l'un d'entre eux. Zaeer se tourna vers Paul qui était complètement éveillé. Emporté par le décor, Zaeer ne s'était même pas aperçu que Paul était sorti de son sommeil.

- Mon général vous... commença Zaeer.

- Qu'est ce que j'ai mal dormi... Dit Paul en passant sa main sur son visage. J'ai fait un rêve vraiment stupide. J'ai rêvé que c'était moi qui conduisais la voiture et toi tu parlais, tu parlais, tu parlais. Pas moyen de te faire arrêter. En revanche, impossible de me souvenir de ce que tu disais. Bref tout ça pour dire que je ne sais pas si je préfère ta version muette ou pipelette.

Zaeer resta bouche bée. « Un rêve », Zaeer se répéta ce mot dans son esprit tout en retenant des larmes de noyer ses yeux. Sans le vouloir Paul venait de mettre un mot sur les images qu'il voyait la nuit. Non seulement lui aussi faisait des rêves, mais en plus il en parlait sans honte et sans gêne. Paul représentait tout ce dont Zaeer avait toujours rêvé. Même s'il devait en mourir, il deviendrait comme lui.

- Hum... Je retire ce que j'ai dit. Repris Paul après quelques minutes de silence. Ton silence est insupportable. Tu réfléchis tellement qu'on pourrait voir la fumée sortir de tes oreilles. Il va falloir corriger ça. Ici tu ne risques rien, mais si tu te fais attraper en train de cogiter à ce point par un chef du parti et que je ne suis pas là, tu vas avoir des ennuis. En plus, je suis sûr que c'est à cause de toi que j'ai si mal dormi. Tu devais être en train de te poser mille questions, tant et si bien que tu as interféré avec mon sommeil.

Zaeer, ne sachant pas quoi répondre, garda le silence. Il ne s'était jamais demandé si les autres pouvaient voir qu'il était en train de réfléchir. Il n'avait jamais rencontré ce problème. Zaeer fixa ses mains et en espérant que Paul passerait rapidement à autre chose.

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