Chapitre 3 Partie 2 : Illusion

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Zaeer et Paul marchaient depuis quelques minutes en silence. Comme à son habitude Paul avait une démarche nonchalante et semblait ne s'inquiéter de rien. Zaeer savait que Paul avait proposé cette balade pour lui donner l'occasion de lui demander tout ce qu'il voulait. Pourtant Zaeer était incapable de lui poser la moindre question. Non pas qu'il n'en avait pas, mais il n'avait pas été formé à vivre en homme libre. Comme par peur qu'on lui retire, il n'osait pas jouir de sa liberté. De plus, comment savoir si Paul allait être sincère ? Il pourrait être un agent du parti envoyé pour le tester, ou simplement lui mentir par bienveillance. « Il existe mille et une raisons de me mentir » pensa Zaeer.

Paul était beaucoup plus entraîné et expérimenté que lui, il lui serait donc facile de lui mentir sans qu'il s'en rende compte. Poser des questions sans réfléchir serait également à la fois dangereux si Paul était un agent du parti. De plus, ce serait contre-productif car impossible de savoir si Paul disait la vérité ni même si ses questions étaient pertinentes. S'il demandait où étaient Abbas et Alia cela pourrait les mettre en danger ; S'il demandait pourquoi est ce que Léviathan était aussi violent cela pourrait être interprété comme de l'hostilité envers le représentant de Nation.

Zaeer était dans une impasse. Parler librement était risqué, mais ne rien faire serait une occasion manquée. Il devait récolter des informations et pour ce faire il lui fallait utiliser ce qu'il savait déjà. Paul lui avait demandé de réfléchir de manière plus discrète et toujours avec bienveillance. Zaeer en déduit que s'il accentuait son malaise et qu'il montrait qu'il était en réflexion, alors Paul réagirait. En laissant la main à Paul, il pourrait se servir de sa réponse pour s'orienter. Paul choisirait le jeu et Zaeer essaierait d'y jouer tant bien que mal.

– Le secret c'est de se lancer. Commença Paul. Ta stratégie n'est pas mauvaise, me laisser commencer la conversation pour savoir comment je veux l'orienter, c'est malin.

Zaeer était à la fois surpris, admiratif et effrayé. Paul lisait en lui comme dans un livre ouvert et ne semblait même pas faire le moindre effort. Il le regardait à peine, préférant admirer les statues qui portaient le monde, les fleurs de Simon, les alentours, mais très peu Zaeer et pourtant il avait compris ses intentions.

– Comment sais-tu ce que j'ai en tête ? Tenta Zaeer.

– C'est mon métier. Répondit Paul presque en riant, puis il continua en voyant l'air interrogateur de Zaeer. Tout comme toi, nous sommes des Léviathans, mais tu dois savoir que concentrer tous les savoirs en une seule personne est impossible. Chacun à sa spécialité. Tu es ici pour découvrir la tienne, la cultiver, l'exploiter et en faire profiter le parti.

– Mais... et si... Hésita Zaeer. Si je n'en ai pas ou que j'ai la même que l'un d'entre vous ?

– Bon déjà il serait très surprenant que tu n'en aies pas. Si tel était le cas, alors tu resterais ici pour toujours à ne rien faire de tes journées.

– C'est tout ?!

– Tu n'es pas une menace ici, nous sommes tous plus entraînés et préparés que toi. Même si tu essayais de te rebeller, tu es seul et nous sommes quatre Léviathans qui avons l'habitude de combattre ensemble. Depuis la création de ce ministère, personne n'a été inutile. Ceux qui ont essayé de feindre le manque de talent n'ont pas tenu très longtemps. L'ennui est un ennemi bien plus redoutable que tu peux l'imaginer. Les plus déterminés se sont donnés la mort, mais ça n'a pas l'air d'être ton genre. Pour répondre à ton autre question. Admettons que tu développes les mêmes capacités que moi, alors ça me permettrait de partager la charge de travail et de dormir plus longtemps le matin. Donc si ça t'intéresse surtout n'hésites pas. Plaisanta Paul.

– Comment est ce que je vais développer ma spécialité ? Je ne sais pas en quoi je suis bon exactement.

– Je vais me permettre d'être brutalement honnête avec toi. Pour le moment, tu ne sais pas faire grand-chose. Ne le prends pas mal surtout, ce n'est pas que tu es dépourvu de talent, bien au contraire, mais la formation que tu as suivie ne sert pas à développer tes compétences, simplement à s'assurer que tu es bien insensible à l'assistant vocal.

L'univers d'IurneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant