Chapitre 3 Parti 1 : histoire de café

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Zaeer passa une nuit particulièrement désagréable. Il ne cessa de se réveiller en sursaut, ne sachant plus où il était, ou persuadé qu'Audra attendait qu'il se réveille pour le frapper de nouveau. Il se leva avec le jour, son sommeil perturbé et ses habitudes militaires le poussant hors de ses draps. Il fut agréablement surpris de voir que les chambres de cette maison n'avaient rien à voir avec celles de son espace mental. Zaeer avait dormi dans une chambre individuelle au second étage de la maison, avec deux grandes fenêtres qui donnaient sur la cour. Il s'autorisa à prendre un instant pour admirer la vue. Le soleil recouvrait d'un voile d'or la nature environnante, transformant les textures. L'herbe semblait coton, le gravier blanc se transformait en pépite d'or, l'eau des fontaines devenait cristal et le ciel était léché par des nuages de feu. Zaeer enregistra cette image et se promit d'en faire une photo dans son espace mental. Il fut surpris de ne pas voir de sas et se demanda comment il allait se changer, pour ça il devrait sortir. Il lui semblait que Paul disait la vérité : personne ne le surveillait, il n'avait pas revu Audra et son assistant vocal était toujours désactivé. De toute évidence il n'était pas enfermé ici, il avait certainement le droit de sortir de sa chambre et de visiter. Pourtant une fois devant la porte, il eut le souffle coupé. Aussi claire que celle qu'il avait en face de lui, il vit la porte de la cave de son espace mental. Certes, la chambre était différente, mais lorsqu'il avait créé son espace la cave était là quoi qu'il arrive. Il devait en avoir le cœur net. Il saisit la poignée et sortit dans le couloir. Il marqua un temps d'arrêt, presque par instinct. « Pas d'alarme, pas de gardienne, pas d'Audra » pensa-t-il. Il fut rassuré de voir que rien n'était semblable à la maison qu'il connaissait. Il prit l'escalier et descendit au rez-de-chaussée. A sa gauche la porte d'entrée et à sa droite, sueur froide et tambour artériel. La porte de sa cave, en tout point identique, la même impression qu'il n'arriverait pas à descendre. Pourtant n'étant ni en transe, ni endormi, il ne pourrait pas se réveiller, alors qu'est ce qui l'empêcherait de réussir cette fois ? Il s'approcha doucement sans prêter la moindre attention à la pièce à gauche de la porte qu'il avait en ligne de mire.

– T'es qui toi ? Demanda un homme buvant un café.

Zaeer se tourna vers lui, il se trouvait dans un salon avec bar. L'homme était assis dans un fauteuil et buvait un café fumant dont l'odeur embaumait la pièce. L'homme n'ayant pas allumé la lumière, Zaeer ne parvenait pas à savoir qui il était, mais ce n'était pas la voix de Paul. Ne sachant pas à qui il avait à faire et se rappelant de la mise en garde de Paul la veille, Zaeer arrêta de réfléchir, fit un salut militaire avant de répondre .

– Je suis Léviathan Monsieur, major de ma promotion et nouvel arrivant au ministère.

– Toi Léviathan ? Haha, approche.

Zaeer avança presque immédiatement, comme si l'ordre avait eu l'effet sur lui de l'assistant vocal. Il fit face à l'homme et malgré la pénombre, il le reconnut immédiatement, le chef du parti. Celui que Paul avait appelé Léviathan, le représentant de Nation. Comment réagir ? Il devait savoir que l'assistant vocal était désactivé et qu'il était un libre d'esprit, mais à quel point allait-il le tolérer? Dans le doute, il ne fallait pas réfléchir.

– Chef suprême, c'est un honneur. Zaeer se mit au garde à vous.

– Tu me files la gerbe. L'homme se releva. Tu crois que tu mérites de t'appeler comme moi ? Tu penses qu'être un simple major de promotion te donne le droit d'être le Léviathan ?!

– Non, chef suprême. L'homme frappa Zaeer au visage.

– Arrête avec tes « chef suprême ». Moi c'est Léviathan, va falloir te le rentrer dans le crâne.

– Léviathan laisse le nouveau tranquille s'il te plaît. Intervint Paul. Tu fais trop de bruit, tu vas réveiller tout le monde.

– M'en fous ! Qu'est ce qu'il fiche ici ce petit con ?

L'univers d'IurneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant