Le Labyrinthe 2

Chapitre 16

Un hurlement traverse la nuit noire à travers le vacarme du champ de bataille alors que la balle laisse sur son sillage une plaie béante dans le corps de la demoiselle. Mais ce cri ne vient pas d'elle, mais provient des cordes vocales d'un homme. Le regard de la jeune femme se dirige alors vers son frère et le voit allongé sur le sol, face contre terre. Un vide se fait instantanément en elle alors quelle voit son corps inerte allongé sur le sable, colorant petit à petit celui-ci d'un rouge vif. Face à cette vision d'horreur, le vide semble s'emparer de l'être entier de la demoiselle, en commençant par son cœur. D'épaisses larmes brouillent sa vision pour dévaler ses joues salies alors que son regard s'assombrit, ne laissant plus de place à la blancheur dans son globe oculaire. Son regard, aussi noir que le néant, se braque alors sur Janson, debout face à elle, tenant sa cuisse blessée pour atténuer la douleur ainsi que l'hémorragie. Et, dans un grognement semblable à ceux qu'émettent les monstres qui peuplent la terre brûlée, elle se jette sur lui à une vitesse qu'il n'aurait pu soupçonner. Alors que leurs deux corps basculent en arrière sous le poids des deux et par la vitesse du geste de la blonde, la jeune femme emprisonne les membres de l'homme avec les siens et lui grogne dessus.

- Tu es comme ces monstres ! Hurle Janson alors qu'il essaye vainement de récupérer son arme qui lui a échappé sous le geste de la jeune femme.

Dans un rapide mouvement, la jeune fille se rapproche à seulement quelques centimètres de l'homme et lui murmure en caressant la morsure présente sur son épaule :

- Tout comme toi désormais !

D'une force que l'homme ne pouvait imaginer, la jeune fille fait pression sur le bras du plus âgé, l'empêchant alors tout mouvement pour tenter de récupérer son arme. Et, dans un sourire bestial, comme si elle se délectait de la situation, la jeune fille fait un peu plus pression sur le bras de l'homme, le faisant alors craquer sous sa ferme emprise. Un terrible hurlement s'échappe de la gorge de l'homme de main alors que ses larmes dévalent ses joues alors que la douleur se diffuse dans l'entièreté de son corps. La blonde se redresse alors, libérant l'homme de son emprise avant de lui cracher avec haine :

-Mais n'oublie pas que tu as aidé à créer ce monstre !

Janson lui répond par un simple regard noir quelque peu estompé par ses larmes de douleur et alors qu'il tente de se redresse, la jeune femme le pousse au sol à l'aide de son pied, le faisant s'écraser lourdement sur le sable alors qu'il tient son bras blessé sous la douleur que celui-ci génère. D'un geste félin mais menaçant, la jeune fille vient placer son pied sur le torse de l'homme, le clouant au sol avant de planter ses yeux infectés de sang dans ceux du plus âgé et de dire dune voix bestiale :

- Maintenant il est temps d'en finir salaud !

Pour accompagner ses dires, la jeune fille lui inflige un ultime coup au visage qui le fait s'évanouir sous la violence de celui-ci. Semblant être satisfaite du sort de l'homme, Iris se détourne de son corps inerte pour faire face à celui de son frère, toujours présent aux pieds de la doctoresse et de la brune. Sans même faire attention au reste de la foule en furie qui se bat autour d'elle, Iris s'avance vers le corps du blond d'un pas hésitant et lourd, comme si toute la force et la confiance quelle avait en elle jusqu'à maintenant s'estompaient, ne laissant plus qu'une jeune fille blessée et vide d'émotions face à la vue du corps de son frère. Tout semble s'effacer autour d'elle, comme si rien ne pouvait la toucher, comme si elle n'était plus capable de voir autre chose que ce corps étendu au milieu des grains dorés et rougeâtres. Alors qu'elle parvient enfin à arriver au niveau de son frère, après une longue et pénible marche qui semble lui avoir fait reprendre son humanité, la jeune fille se laisse tomber à genoux, tout près du corps de son frère. D'une main tremblante, elle attrape le haut imbibé de sang de Newt pour l'attirer vers elle, le faisant alors rouler pour l'allonger sur le dos alors qu'elle dépose délicatement sa tête sur ses cuisses. Un sanglot lui échappe alors qu'un hoquet de tristesse se perd dans sa gorge, semblant resserrer celle-ci face à la triste émotion qui la submerge. Face aux yeux clos et à l'expression de douleur de son frère, toute la force que la jeune fille possédait s'échappe, la ramenant à la dure réalité qu'est la vie humaine. Douleur, tristesse, haine. Voilà les seules choses qui parviennent à décrire l'humanité et la situation de la jeune femme accroupie près du corps de son frère. Et alors que la douleur de la perte de celui-ci s'empare du corps de la blonde, se mélangeant à la douleur de ses blessures physiques qu'elle parvient tout juste à sentir, sa tristesse se mélange à sa haine, lui faisant alors embrasser le front de son frère une dernière fois, parsemant au passage celui-ci de quelques perles salées, avant de se redresser pour regarder l'horizon sans la moindre émotion. D'un mouvement presque mécanique, elle se retourne d'une lenteur effrayante vers les deux femmes de science qui n'ont pas perdu un fragment de ce triste spectacle. Alors que le regard d'Iris dévie d'une femme à l'autre, toujours sans la moindre émotion, Teresa braque son arme sur la blonde, prête à l'abattre au moindre geste de la part de cette dernière. Face à cette vue, la jeune blonde cesse de faire vaquer son regard sur l'une et l'autre et le braque simplement dans le regard de la brune, semblant la mettre au défi de l'abattre au travers de ses yeux vides. Sans que Teresa ne sache pourquoi, ses mains se mettent à trembler, comme si le regard de la blonde avait le pouvoir de la déboussoler au point que celle-ci ne soit même plus dans la capacité de bien maintenir son arme. Observant ce spectacle avec attention, la plus âgée des trois dépose sa main sur le canon de l'arme de Teresa et émet une légère pression dessus, incitant Teresa à la baisser. La jeune brune la regarde avec un visage rempli d'incompréhension mais exécute tout de même le silencieux ordre. La doctoresse s'avance alors vers la blonde d'un pas lent mais assuré, s'arrêtant à un petit mètre d'elle pour lui dire de son habituel ton platonique :